Ici, la Culture est synonyme d’industries culturelles et créatives : le cinéma, le théâtre, les jeux vidéo, etc.
Nul ne peut prétexter de ne pas savoir la crise que connaît Haïti, depuis quelques mois voire quelques années. En effet, depuis ce 7 février, certains citoyens, membres de l’opposition politique, des partis politiques et des institutions de toutes sortes, ont constaté la fin du mandat présidentiel de Jovenel Moïse, comme ce fût le cas, le 13 janvier 2020, lorsque ce dernier avait constaté la fin du mandat de tous les députés et 1/3 du Sénat.
Dans cette situation de crise, aucun secteur n’est épargné, bien que l’un s’avère plus fragile que d’autres. Le cas de fragilité du secteur culturel en est un exemple. D’abord, en Haïti, il n’existe pas une industrie culturelle proprement dite où, entre autres, la musique, la danse, l’édition ou le livre, sont vus dans une approche marchande ou économique. En cela, ce secteur n’est pas appelé à attirer d’investissements et à créer une autonomie économique et financière. En vrai, le secteur culturel est géré de manière factuelle. Ensuite, on ne comprend pas qu’il y a des biens culturels, et que, de fait, il faut les consommer. C’est ce qu’on appelle la consommation culturelle. Parce que la Culture, et surtout ses équipements sont très coûteux, si on n’en consomme pas, cela va baisser la production. Du coup, il y aura peu de place pour des contenus de qualité. Dans cette approche, l’appel au financement culturel ou à l’aide à la culture est un rempart de sauvegarde de certains acteurs dans le milieu et de certaines initiatives. Enfin, puisque la Culture fonctionne essentiellement dans ses activités et actions, surtout les manifestations culturelles, aux critères du lieu et du temps, et que le public est très sollicité, ainsi, toute crise aura une répercussion sur la Culture.
En ce qui concerne le cas d’Haïti, et au vu de tout ce qui précède, on pourrait conclure à une mort de la Culture, si l’on veut se faire passer pour un passionné de la Culture. Pourrait-on dire que c’est exagéré ? Mais avec un État ayant deux présidents, des arrestations illégales et arbitraires, des cas répétitifs de kidnapping, le sabotage des institutions étatiques de prestige, et sans compter les cas de COVID-19 qui ne cessent d’augmenter, un constat est clair : la Culture part en vacances.
Ainsi, un éventuel retour des activités culturelles en Haïti serait conditionné par une amélioration de la situation, dans son ensemble. Sans vouloir être sceptique et fataliste, dans cette crise multidimensionnelle dans laquelle se trouve Haïti, en cet instant, il n’y a pas lieu de parler de Culture. Tous les discours parlent de politique, de la pauvreté, de COVID-19, du carnaval, du coup d’État, etc. À cet effet, les passionnés et les acteurs du secteur culturel sont obligés de constater les vacances de la Culture, d’une part, et de la suivre ou de mener carrière ailleurs, pour ceux qui en ont la possibilité.
En somme, affectée par la crise que vit Haïti, la Culture en profite pour nous dire au revoir et qu’elle part en vacances.
À bientôt la Culture, j’espère !!!
Job Pierre Louis