À un moment où le pouvoir pousse pour une nouvelle constitution, le président a d’ailleurs affirmé, dans sa dernière adresse à la nation, qu’une nouvelle charte nationale était la priorité, le vent d’un nouveau Premier ministre souffle fort dans la région politique haïtienne, particulièrement à Port-au-Prince, mettant en doute l’avenir de Joseph Jouthe. Le nom d’un ancien président du sénat vient de se glisser en plein dans cette incertitude politique pour le malheur ou le bonheur du pays.
Depuis la dislocation de l’opposition, conjuguée avec les rumeurs de négociation avec le pouvoir ou ses proches depuis un certain temps, l’avenir du Premier ministre Joseph Jouthe, nommé par arrêté présidentiel en l’absence du Parlement, semble s’écrire en pointillé à la Primature, car son siège est, semble-t-il, négociable pour la signature d’un quelconque accord politique. Toutefois, une bonne partie de l’opposition continue de nier tout pourparlers avec le pouvoir, arguant qu’il n’y aura pas de cohabitation, ni d’accord avec le pouvoir, sans les procès dans les dossiers : PetroCaribe, Dermalog, et des massacres des quartiers populaires. Mais le pouvoir, notamment le président, lors de son adresse à la nation, a admis être en négociation depuis plusieurs mois avec l’aile dure de l’opposition. Mais quelle opposition, se demandent plus d’un?
Malgré tout, un remaniement ministériel est possible, selon plus d’un, dans le cadre des négociations engagées par une frange de l’opposition et le pouvoir en place, pour faciliter l’organisation des élections. Certains noms ont même été cités pour remplacer l’actuel chef du gouvernement, Joseph Jouthe, qui ne compte déjà que seulement sept (7) mois aux commandes. À cet effet, le nom d’un ancien sénateur et Président de l’Assemblée nationale, sans vraie position politique, depuis un certain temps, est fortement cité. Sans doute, un autre mercenaire politique qui veut se refaire une santé au détriment de la population.
Au beau milieu de ce flou politique total, une question légitime vient s’imposer. Y aurait-il un accord tacite entre l’exécutif et l’opposition?
Si on s’en tient au message du président Jovenel Moïse, le vendredi 23 octobre 2020, qui n’a pas abordé ouvertement les questions relatives à la crise politique, l’incertitude reste entière. Mais, dans ses propos, le chef de l’État laisse entrevoir des initiatives en cours qui pourraient déboucher sur une alternative. À en croire le chef de l’État, malgré ses multiples déblatérations dans son adresse à la Nation, des acteurs-clés de la crise, notamment les plus endurcis, sont en train de discuter pour trouver une issue à la crise. Quelle crise pourrait-on tout de même se demander, celle qu’a créée le pouvoir lui-même par sa gestion apocalyptique des choses?
Le président, le pouvoir se montre confiant, voire même sûr, de la possibilité de trouver une issue à la crise qu’il a lui-même créée avec les mercenaires politiques d’une frange de l’opposition, qui en ont ras-le-bol d’attendre la transition qui n’arrive pas ou qui a peur des pressions de la Communauté Internationale, sachant qu’ils ont des dossiers pendants par-devant la justice de certains de ces pays dits amis d’Haïti. D’ailleurs, le président dit rechercher un pacte de confiance, incluant toutes les forces vives de la nation. Le président veut mettre fin à ce qu’il appelle «la machine infernale de l’instabilité et de la violence aveugle qui ronge le pays». Qui pilote cette machine, Monsieur le président? Ne seraient-ils pas vos amis du secteur privé et de ce que vous appelez la Communauté Internationale?
Parallèlement, le président Jovenel Moïse semble déjà avoir son agenda en main car, dans son discours, il s’est montré radical et non flexible sur le fait qu’il nous faut une nouvelle constitution, adaptée à notre nouvelle réalité. Celle de 1987 amendée ne tient plus, croit-il. Mais a-t-on un problème de constitution adaptée ou d’application? Ne pas réaliser des élections est-ce un problème découlant de la constitution mal adaptée ou d’une violation de cette constitution?
Malgré tout, Jovenel Moïse veut faire croire qu’il est armé de bonne volonté. D’ailleurs, sa première garantie pour arriver à cette entente visant à changer la Constitution, c’est qu’il n’aura aucun intérêt personnel ni électoral dans la nouvelle Constitution. D’où vient cette bonne volonté et pourquoi cette acharnement alors? Existe-il vraiment des gens de l’opposition assez stupides pour s’embarquer avec le président dans un quelconque «deal» politique, conduisant vers un changement de constitution, tout en sachant qu’il n’y a jamais rien eu de bon, venant de cette équipe.
À tort ou à raison, il est évident aujourd’hui que le pouvoir retisse ses liens et, qu’entre temps, l’opposition se déchire pour le malheur de la population qui ne demande pas plus qu’un mieux-être. Car dans un accord ou un désaccord entre le pouvoir et l’opposition, le peuple haïtien n’en a jamais fait partie. Alors, il faut juste se demander: c’est quoi le plan, messieurs et dames?
Altidor Jean Hervé