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Vers d’autres formes de tourisme en Haïti

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En raison de cette situation sanitaire mondiale, la pandémie de COVID-19, presque tous les secteurs sont touchés et encaissent des pertes économiques et financières énormes. Avec une circulation internationale au ralenti, et parfois quasi inexistante dans certains États, il est bien clair que les secteurs d’activités qui en dépendent, subissent les conséquences. C’est ainsi, qu’en particulier, les professionnels du tourisme se plaignent de l’interdiction des vols aériens internationaux, ce, pour des mesures sanitaires. En effet, le secteur du tourisme est fortement touché par les décisions de lutte contre la propagation de COVID-19, car il dépend en grande partie de l’international. Aussi, ce qu’on appelle le tourisme international mérite une autre approche, s’il faut sauver ce secteur. En ce sens, il est nécessaire de prioriser les formes de tourisme local et rural.

Le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel, pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans le lieu visité (INSEE, 28/06/2019). Ainsi, pour qu’il y ait tourisme, le déplacement est une condition sine qua non. S’y ajoutent, tous les services liés à cette activité, notamment l’hébergement, la restauration et les transports. Et pour le tourisme, s’il est vrai que l’international semble rapporter plus en termes d’économie, n’est toutefois pas la seule forme qui en existe. En effet, les formes de tourisme local et rural, peuvent beaucoup rapporter et aussi peuvent pallier les problèmes de voyage international et renforcer les liens de cohésion sociale et d’identité nationale. En Haïti, les types de tourisme local et rural peuvent bien être exploités.

Par opposition au tourisme international, le tourisme local est tout ce qui comprend le voyage, surtout des nationaux, à l’intérieur du pays. Ceci veut dire que le déplacement effectué, entre autres, d’une ville à une autre et d’une région à l’autre, pour un court ou long séjour, à des fins de loisirs, de religion, de visite de famille, etc. devient un critère important. Comme le tourisme international, il exige un ensemble de services. Ainsi, le développement d’un tourisme local en Haïti nécessite des infrastructures pouvant aider ce secteur. Le tourisme rural est tout ce qui touche aux visites et aux mesures prises pour inciter l’attractivité dans les milieux ruraux. Il faut y inclure les services qu’offrent les habitant-es des milieux ruraux, notamment la restauration et l’hébergement, l’accompagnement ou guidage de visites touristiques, en plus des visites proprement dites.

Ainsi, en Haïti, avec nos richesses en patrimoine culturel matériel et immatériel, tant en milieu rural qu’en milieu urbain, il y a la nécessité de miser sur les formes de tourisme local et rural. En effet, s’il faut redéfinir le tourisme, et surtout à l’occasion de l’expérience de cette pandémie, l’urgence est de se tourner vers les formes de tourisme local et rural. En fait, par le tourisme local, et en créant des conditions favorables, donc ce que j’appelle un environnement touristique, notamment le logement, la restauration et des conditions de sécurité, l’État peut inciter des voyages interurbains, inter-ruraux, des villes vers les campagnes, des campagnes vers des villes, etc. À cet effet, vu son importance sur le plan économique, le renforcement des liens sociaux et de la cohésion sociale, d’importants moyens financiers doivent être engagés pour son développement. Une politique touristique est donc nécessaire pour définir l’orientation de ce secteur. Ainsi, l’État définirait ses visions et priorités, et pourrait aussi développer de partenariats avec le secteur privé, autour du développement touristique.

Quant au tourisme rural, reconnaissant que les milieux ruraux sont réputés plus pauvres que ceux urbains, un plan de développement rural est une priorité pour sortir enfin ces gens de la pauvreté et pour créer un bien-être social à leur égard. Avec la solidarité qui existe dans les milieux ruraux, des contes, des mythes, des blagues, des sources et des rivières, des traditions, des habitats exceptionnels, des sites et monuments, des jeux, etc., le développement d’un tourisme rural est possible. D’abord, il faut avoir la capacité d’inciter une attractivité, et qu’on soit capable d’offrir de meilleurs services entourant le secteur touristique. Pour rendre fort utile le tourisme rural en Haïti, il y a beaucoup de lacunes à corriger et même des travers à éradiquer. En effet, la marginalisation qui assimile des gens de ces milieux comme imbéciles, sans éducation et tout autre stéréotype, doit être banni. Ainsi les milieux ruraux ne seront plus considérés comme «un pays en dehors», pour reprendre le titre d’un ouvrage de Gérard Barthélémy. Puis, il faut résoudre les problèmes de communication et de transports. Enfin, il faut répondre aux besoins sociaux de base tels que les loisirs, les soins de santé, etc.

Les conséquences du développement touristique, aussi les formes locales et rurales, peuvent être désastreuses, tant sur l’humain, par la perte de leur culture, que sur l’environnement, par la dégradation et la mauvaise gestion de l’environnement. Pour éviter cela, tout développement touristique devrait être encadré, donc s’inscrit dans un plan où tous les acteurs concernés participent à son exécution. L’essentiel, c’est de les rendre utiles au bien-être de la communauté, de réduire ou d’éliminer ses conséquences néfastes. En somme, le tourisme local et le tourisme rural ont une réelle importance pour l’économie en particulier. Néanmoins, s’ils ne sont pas bien gérés, ils peuvent devenir des agents destructeurs de ce qui nous reste de valeurs et creuser davantage le déficit budgétaire.

Job Pierre Louis

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