Plus les jours passent plus les environs de la troisième circonscription deviennent dangereux. Conscientes de cette situation insoutenable, les autorités judiciaires et policières ont décidé d’abord de barrer les entrées et sorties du quartier Village-de-Dieu, de mettre en permanence des policiers pour surveiller la zone, afin, selon eux, de réduire les marges de manœuvre des bandits de cette zone. Mais cette stratégie peine à donner le résultat escompté. Les affrontements entre les différents groupes armés de la troisième circonscription de Port-au-Prince continuent et les dommages collatéraux sont énormes. Les gangs de Village-de-Dieu ont lynché un membre du gang «baz Pilate» au début du weekend. Toutefois, en milieu de semaine, les bandits de Village-de-Dieu ont perpétré une attaque à Portail Léogâne, tuant au moins deux personnes, dont un marchand, et blessant plusieurs autres. Visiblement, les soldats de Ti Lapli, Izo, Bougòy et alliés n’ont pas peur des menaces du ministre de la Justice et de la Sécurité publique qui avait donné 72 heures à la population civile pour quitter la zone, puisque l’État allait agir avec la dernière rigueur contre ces hommes armés. Selon certains résidents, les chefs de gangs se sont même dit prêts à affronter la police, lors d’une intervention, menaçant même de perpétrer des tueries dans les environs. Malgré les résultats catastrophiques de ses menaces d’intervention musclée dans trois jours, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Me Lucmane Delille, a réitéré la volonté des autorités de chasser les bandits. Ainsi, dans un communiqué rendu public, le titulaire du MJSP dit avoir pris acte de l’expiration du délai accordé aux résidents de Village-de-Dieu de quitter les lieux, sous peine d’être victimes. Le ministre Delille dit que l’État s’est néanmoins réservé le droit d’intervenir, à n’importe quel moment, dans la zone, afin de chasser une bonne fois pour toutes, ces bandits qui terrorisent la population haïtienne. Cette nouvelle menace a l’effet d’une bombe à retardement qui peut à tout moment éclater et faire plein de victimes innocentes. Depuis l’octroi du délai de 72 heures par les autorités du CSPN, plusieurs voix de la société se sont élevées pour dénoncer ou appuyer une intervention musclée au Village. Si, pour certains, l’État ne peut demander aux habitants de quitter les lieux, considérant qu’ils sont pris en otage par les hommes armés, et qu’ils ont, pour la plupart, nulle part d’autre où aller, pour d’autres, partisans d’une intervention musclée au Village, les autorités du Conseil Supérieur de la Police Nationale ont bien agi, car il faut traiter ces hommes avec la dernière rigueur. Au vu de ce qui se dessine, il est certain que dans les jours à venir, l’État va intervenir dans la troisième circonscription, afin de déloger les bandits qui terrorisent la population, et cette intervention ne sera certainement pas sans conséquences.
Altidor Jean Hervé