Nombreux sont ceux qui s’enfoncent dans l’erreur, en pensant que Jovenel Moïse est maintenu au Palais national par la communauté internationale, communément appelé les «Blancs», chez nous. En réalité, Jovenel Moïse tient encore les rênes du pays en raison de l’inconsistance des dirigeants de l’opposition. La division au sein du secteur de l’opposition dite plurielle constitue la fortification qui maintient Jovenel Moïse au pouvoir, plus d’un an après la grande mobilisation populaire. Chacun des dirigeants de l’opposition veut s’accaparer de la paternité du mouvement.
En effet, la journée de mobilisation annoncée pour le 14 août dans tout le pays a été un échec. Le mardi 14 août 2019, seulement quelques centaines de manifestants ont pris part à la manifestation. En plus de souligner le 228e anniversaire de la cérémonie du Bois-Caïman (14 août 1791 – 14 août 2019), cette mobilisation avait également pour but d’exiger des Américains de lâcher Jovenel Moïse. Largué par de nombreuses branches de l’opposition, le parti Pitit Dessalines avait pris la décision d’organiser la manifestation à Port-au-Prince. Plusieurs dizaines de personnes ont pris part à ce mouvement de protestation qui visait également à continuer de contraindre le président de la République, Jovenel Moïse, à la démission. Dans la foulée, les protestataires se révoltent contre l’ingérence de la communauté internationale dans les affaires internes du pays. La manifestation a démarré devant l’ambassade de France, au Champ-de-Mars. Les manifestants, qui projetaient de se rendre devant les locaux de l’ambassade américaine à Tabarre, n’ont pas pu y parvenir, des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) ayant installé un cordon de sécurité au niveau du Parc historique de la canne-à-sucre. Seuls quelques leaders politiques et syndicaux dont Jean-Charles Moïse et Josué Mérilien ont été autorisés à s’y rendre, ce qui a soulevé la colère des protestataires qui ont lancé des pierres en direction des forces de l’ordre. Le leader de Pitit Dessalines, Jean-Charles Moïse, a critiqué le support des États-Unis d’Amérique à Jovenel Moïse, mis en cause dans le rapport final de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA) sur la gestion des fonds PetroCaribe. Il les appelle à lâcher le chef de l’État et à laisser le peuple haïtien mener sa destinée. « Jovenel Moïse ne dirige rien depuis quelques mois », a dit Jean-Charles Moïse qui exhorte le gouvernement américain à tourner les yeux sur le pays pour voir la misère intenable qui y règne. L’ex-parlementaire appelle la population à se mobiliser contre l’immixtion du pays de Donald Trump dans les affaires du pays. Dans la même lignée, le Coordonnateur de l’Union Nationale des Normaliens Haïtiens (UNNOH) Josué Mérilien a plaidé en faveur d’une rupture avec le système qui, selon lui, est destructeur. Il appelle au départ de Jovenel Moïse et à l’installation d’une transition qui priorise les intérêts du pays.
Pour leur part, les « Petrochallengers », regroupés au sein des structures dénommées « Nou Pa p Dòmi » et « Nou Pa p Konplis », ont organisé, le mardi 14 août, un rassemblement sur la Place Toussaint Louverture, en face du Palais national, pour marquer le premier anniversaire du lancement de ce mouvement contre la corruption et l’impunité. Le groupe des « Petrochallengers », Nou Pa p Dòmi, exhorte la population à renouveler son engagement en faveur de la justice sociale et de la lutte contre la corruption. Nou Pa p Dòmi a dénoncé l’impunité et tous les massacres qui ont été perpétrés dans les quartiers populaires, notamment à La Saline. En marge du bilan, les membres de « Nou Pa p Dòmi » et de « Nou Pa p Konplis » s’attribuent un satisfecit, dans le cadre du mouvement PetroCaribe Challenge qui, selon eux, a des impacts non-négligeables sur la société. Toutefois, ils jugent que beaucoup reste à faire, pour arriver à l’instauration d’un véritable état de droit dans le pays. En ce qui a trait au dossier de la mise en accusation du président de la République, ces Petrochallengers avouent qu’ils n’attendent rien de la Chambre des députés. « C’est une législature composée de corrompus, acquis à la cause du Palais national », ont-ils fait savoir. Toutefois, ils continuent d’encourager les mandants à accentuer la pression sur les députés de leur circonscription respective, afin qu’ils votent en faveur de la mise en accusation du chef de l’État.
Par ailleurs, le 14 août, le président a pris part à la cérémonie de graduation d’un bataillon de 250 soldats, de 50 aspirants sous-officiers et de 19 officiers des Forces Armées d’Haïti (FAD’H), à Léogâne. « La remobilisation des Forces Armées d’Haïti est plus qu’une promesse de campagne, c’est une exigence constitutionnelle et une nécessité historique », a déclaré Jovenel Moïse sur son compte Twitter où il a publié quelques photos de l’événement.
Emmanuel Saintus