C´est dans la localité de Grand-Bassin, dans le nord-est d’Haïti, que le chef de l’État a choisi de commémorer le jour de l’Agriculture et du Travail en Haïti. À cette occasion, Jovenel Moïse a remis un lot de matériels dans le cadre de la construction en cours d’un barrage sur la rivière Marion qui traverse la localité. Ces travaux permettront également l’arrosage de 40 mille hectares de terres pour dynamiser la production agricole de la région. Parallèlement de leur côté, les ouvriers ont occupé le béton pour réclamer de meilleures conditions de travail et un meilleur salaire. En conférence de presse le lundi 30 avril, la veille du 1er mai, le président Jovenel Moïse avait marqué le 1er anniversaire du lancement officiel (1er mai 2017) de sa «Caravane du Changement » et s’est décerné un satisfecit pour tous les progrès réalisés, a-t-il dit, dans plusieurs régions du pays, notamment en matière de construction de routes et d’électrification. Les dirigeants des syndicats envisagent de relancer la mobilisation pour l’ajustement du salaire minimum. En marge des activités marquant la fête de l’Agriculture et du Travail, des responsables de plusieurs syndicats et des ouvriers de la sous-traitance ont réalisé une manifestation pacifique pour réclamer de meilleures conditions de travail et un salaire minimum de 1 000 gourdes par jour. La marche a été lancée devant les locaux de la Société Nationale du Parc Industriel (SONAPI) et a abouti au Champ-de-Mars. L’ajustement du salaire minimum à 1 000 gourdes est indispensable pour que les ouvriers puissent subvenir aux besoins élémentaires, a fait valoir un dirigeant de syndicat, rappelant la cherté de la vie. Il soutient qu’un ouvrier ne saurait avoir accès au minimum avec 350 gourdes. Ce salaire est insignifiant, lance un autre ouvrier qui dénonce le laxisme du gouvernement. Les syndicats condamnent les membres du Conseil Supérieur des Salaires (CSS) qui refusent de prendre en compte les revendications des ouvriers. Les conseillers du CSS n’ont jamais pris en compte les indicateurs macro-économiques dans la fixation du salaire minimum, explique-t-il. De plus, ces ouvriers critiquent le chef de l’État haïtien, Jovenel Moïse, qu’ils accusent d’être les défenseurs des patrons. La mobilisation des ouvriers pourrait être relancée dans les prochains jours, si aucune disposition n’est adoptée pour un ajustement du salaire minimum, préviennent des dirigeants de syndicats. Pour sa part, l’organisation Haïti Thomas a fait savoir que c’est à tort qu’on parle de la fête des travailleurs en Haïti à l’occasion de la journée du 1er mai, alors que les ouvriers vivent dans une extrême précarité. Le salaire minimum est actuellement de 350 gourdes pour les ouvriers de la sous-traitance qui en réclament 1 000 pour subsister, alors que le chef de l’État, a prévenu qu’il n’y aurait pas de doublement de salaire, ce que les syndicats considèrent comme un alignement net et clair sur la position des patrons. «Comment parler de fête du Travail et de Caravane du Changement, alors que les ouvriers reçoivent un salaire indécent, alors que de employés des places publiques n’ont pas touché depuis plus de 26 mois», s’est demandé le porte-parole de Haïti Thomas, Dickson Oreste, insistant sur le fait que les places publiques sont des lieux pour réfléchir, se distraire et s’amuser. Il s’est demandé, du coup, de quelle Caravane du Changement il s’agit, alors que, c’est la puanteur absolue à quelques mètres du Palais National, et partout dans la capitale avec des piles d’immondices. Dickson Oreste qui était entouré de dizaines d’employés des places publiques, a donné “0 sur toute la ligne” à la Caravane dite du Changement. Pour lui, la Caravane du Changement est un véritable fiasco et une vaste opération de gaspillage d’argent qui permet à un petit groupe de s’enrichir. Il a fait savoir que le président se fourvoie, s’il croit pouvoir tromper la population à coups de propagande et de promesses fallacieuses.
Jean Hervé Altidor