Violences dans l’Est de la RDC : l’ONG Médecins du Monde lance l’alerte
L’intensification des violences dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, causées par les affrontements entre le groupe armé M23/AFC et l’armée congolaise, plonge la population civile de cette partie de la RDC dans une crise humanitaire sans précédent. L’ONG Médecins du Monde a alerté sur les besoins importants et urgents des populations affectées par ces violences.
Depuis le 19 janvier 2025, les combats se sont intensifiés dans les villes de Minova et de Goma, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers. Le groupe M23, accompagné d’autres groupes rebelles, a élargi son contrôle et menace désormais la ville de Bukavu, dans le Sud-Kivu. Face à ce nouveau bouleversement, l’ONG Médecins du Monde a alerté sur les énormes besoins des populations affectées par ces violences. Les déplacements massifs de personnes et l’isolement des zones touchées compliquent grandement les efforts humanitaires.
Des milliers de déplacés et une situation désastreuse
La région fait face à un défaut de capacités d’accueil et d’assistance des populations déplacées. Selon les Nations unies, plus de 500 000 personnes ont été forcées de fuir leurs foyers depuis le début de l’année 2025 en raison de l’escalade des violences dans les provinces du Kivu. Ces deux régions, déjà lourdement touchées par les déplacements internes, comptaient plus de 4,6 millions de déplacés avant cette nouvelle crise. Cette situation a particulièrement affecté les populations résidant autour de Goma, où le M23 a récemment pris le contrôle de la ville, forçant à nouveau des centaines de milliers de personnes à fuir.
Helena Ranchal, directrice des opérations internationales de Médecins du Monde, a décrit la situation comme étant « des plus alarmantes ». Elle précise que dans le Nord-Kivu, de nombreuses personnes déplacées, vivant déjà dans des camps, ont dû fuir une nouvelle fois vers des zones plus sûres. Le bilan des victimes à Goma fait état de plus de 800 morts et de 2 800 blessés. Au Sud-Kivu, des milliers de personnes ont également été contraintes de fuir vers l’intérieur de la province, notamment dans les zones de Mianda, Kusisa, Matitura et Tushunguti, où 14 538 personnes ont été enregistrées entre le 4 et le 15 janvier 2025.
Incapacité à fournir des équipements médicaux
Un des plus grands défis auxquels font face les organisations humanitaires, dont Médecins du Monde, est l’accès aux zones touchées. Les routes sont devenues trop dangereuses en raison de l’insécurité croissante et des risques d’attaques. Helena Ranchal souligne l’incapacité actuelle des organisations à fournir des équipements médicaux essentiels et des médicaments dans les hôpitaux et centres de santé de la région.
« Les populations sont privées d’accès à la nourriture, à l’eau, à l’électricité, et aux soins de santé. Les routes étant impraticables, nous ne pouvons acheminer ni matériel médical, ni médicaments dans les structures sanitaires », explique-t-elle. Cette situation a un impact direct sur les soins de santé, notamment en ce qui concerne les accouchements, qui ne peuvent être pris en charge de manière optimale, et les cas de malnutrition aiguë, qui sont en forte augmentation. Ce sont une fois de plus les civils qui payent le prix de ce conflit prolongé.
La réponse d’urgence de Médecins du Monde
Face à cette crise humanitaire, Médecins du Monde a décidé de lancer une réponse d’urgence. L’une des premières mesures prises consiste en l’installation de cliniques mobiles à Goma et dans ses environs. Ces cliniques offriront des soins de santé primaire, des soins en santé sexuelle et des premiers secours psychologiques aux personnes les plus vulnérables. Cette initiative vise à fournir un soutien immédiat aux populations qui ne peuvent accéder aux structures de santé en raison de l’insécurité.
Dans un second temps, l’ONG prévoit de renforcer les structures sanitaires existantes afin d’assurer une prise en charge continue et durable de la population. Cependant, pour que cette réponse soit effective, Médecins du Monde appelle à un accès humanitaire sans entrave, et demande aux parties au conflit de garantir la sécurité des organisations humanitaires et des infrastructures médicales. L’ONG insiste sur le fait que, conformément au droit international humanitaire, les infrastructures et le personnel humanitaire doivent être protégés.
Un appel à l’engagement international
Médecins du Monde appelle également la communauté internationale à soutenir les efforts humanitaires en cours. Un engagement fort et coordonné est nécessaire pour permettre aux organisations humanitaires d’acheminer l’aide vitale aux populations dans le besoin. L’ONG rappelle que la situation actuelle nécessite une action rapide et efficace afin de sauver des vies et de limiter l’impact de la violence sur les civils.
En RDC, a situation dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu continue de se détériorer. Les violences du M23 et des autres groupes armés dans la région ont causé des souffrances énormes et exacerbé la crise humanitaire qui touche déjà des millions de Congolais.
Conflit dans l’Est de la RDC : un sommet conjoint EAC-SADC pour tenter une issue diplomatique
Les chefs d’État de l’EAC et de la SADC se réuniront, en Tanzanie, pour tenter de résoudre le conflit dans l’Est de la RDC, exacerbé par l’offensive du M23 soutenu par le Rwanda. Bien que des divergences existent entre les deux organisations régionales, l’objectif est de renouer avec la diplomatie pour éviter une escalade régionale.
Face à l’escalade du conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), les chefs d’État de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) se réuniront lors d’un sommet conjoint les 7 et 8 février à Dar es Salaam, en Tanzanie. Cette initiative vise à harmoniser les positions des deux organisations régionales et à tenter de mettre un terme aux affrontements qui secouent la région.
L’annonce du sommet de Dar es Salaam fait suite à l’offensive majeure du groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, qui a récemment pris le contrôle de plusieurs zones stratégiques, dont la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu. Des combats ont également été signalés dans le Sud-Kivu, aggravant la crise humanitaire et sécuritaire dans la région. Le Président kényan, William Ruto, en sa qualité de Président en exercice de l’EAC, a souligné l’importance de ce sommet qui rassemblera plusieurs dirigeants africains, dont les Présidents congolais, Félix Tshisekedi, et rwandais, Paul Kagame. L’objectif est de renouer avec la diplomatie et d’éviter un embrasement régional du conflit.
Divergences de vue entre l’EAC et la SADC
Les positions de l’EAC et de la SADC sur la gestion du conflit divergent. L’EAC prône des négociations directes entre le gouvernement congolais et le M23, une option que Kinshasa rejette catégoriquement. Cette opposition a conduit Félix Tshisekedi à remplacer la force d’interposition de l’EAC en RDC par celle de la SADC, qui a adopté une position plus ferme en demandant au Rwanda de retirer ses troupes du territoire congolais.
Selon Onesphore Sematumba, analyste pour la région des Grands Lacs au sein de l’ONG International Crisis Group, la tenue de ce sommet, avec tous les participants annoncés, serait déjà en soi un succès diplomatique, même s’il ne faut pas s’attendre à des avancées spectaculaires. Dans un geste inattendu, le M23 a annoncé, lundi soir, un cessez-le-feu unilatéral, invoquant des raisons humanitaires pour permettre l’acheminement de l’aide aux personnes déplacées.
Un cessez-le-feu unilatéral du M23
« L’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) informe le public qu’en réponse à la crise humanitaire provoquée par le régime de Kinshasa, elle décrète un cessez-le-feu qui prend effet à partir du 4 février 2025 pour des raisons humanitaires », déclare le communiqué publié ce lundi. Autant le M23 annonce qu’il n’a « aucune intention de prendre le contrôle de Bukavu ou d’autres localités » autant il insiste sur sa détermination à protéger « ses positions actuelles », notamment la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu tombée dans son escarcelle il y a quelques jours. Pour l’instant, Kinshasa n’a pas réagi à la suite de la sortie du communiqué.
Afrique du Sud – RDC : Ramaphosa défend ses troupes face aux critiques
Le déploiement des soldats sud-africains dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) continue de susciter des réactions controversées en Afrique du Sud. Depuis le début des affrontements contre le groupe armé M23, quatre soldats sud-africains ont perdu la vie.
Ce lourd bilan alimente les débats sur la pertinence de la présence de Pretoria en RDC, réalisés dans le cadre des missions de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de la Monusco. Face à ces critiques, le président Cyril Ramaphosa a pris la parole dans sa lettre hebdomadaire à la nation pour justifier cette intervention.
Ramaphosa : « La violence en Afrique concerne tous les Africains »
Pour le chef de l’État sud-africain, les conflits en Afrique ont nécessité une solidarité continentale. « La violence et les conflits en Afrique sont l’affaire de tous les Africains », a t-il déclaré. Affirmant son soutien inconditionnel au peuple congolais, Ramaphosa a insisté sur la nécessité de restaurer la paix et la sécurité dans cette région tourmentée. Ses propositions interviennent alors que la situation sécuritaire se dégrade et que les tensions diplomatiques s’intensifient entre l’Afrique du Sud et le Rwanda, accusé de soutenir le M23.
Une mission en attente d’un cessez-le-feu
Le président sud-africain a également rappelé l’importance d’une solution politique. En réponse à l’appel du Conseil de sécurité des Nations unies, Ramaphosa a exhorté le M23 à se retirer des territoires occupés. Il a promis de renforcer l’équipement et le soutien aux soldats de la SADC. Il a également indiqué que la mission pourrait se terminer une fois qu’un cessez-le-feu serait atteint. Cette déclaration vise à rassurer une opinion publique de plus en plus sceptique quant à l’implication militaire sud-africaine à l’étranger.
Diplomatie tendue avec le Rwanda
Les relations entre Pretoria et Kigali se sont détériorées, suite aux accusations de Ramaphosa contre le Rwanda, qu’il tient pour responsable de la mort de soldats sud-africains. Le président rwandais, Paul Kagame, a riposté en qualifiant les forces sud-africaines de « belligérantes » et en les accusant de soutenir les opérations militaires du gouvernement congolais. Cette escalade verbale reflète des relations historiques compliquées entre les deux nations, exacerbées par des incidents diplomatiques passés et des soupçons mutuels.
Le soutien de Kinshasa à Pretoria
Malgré les tensions, la présence militaire sud-africaine a été saluée par les autorités congolaises. Judith Suminwa, cheffe du gouvernement congolais, a exprimé sa gratitude à l’égard de Pretoria pour son engagement en RDC, lors de l’ouverture de la conférence annuelle Mining Indaba au Cap. Toutefois, elle a également énoncé le pillage des ressources minières de l’est du Congo et pointé du doigt les acteurs qui alimentent le conflit.
RDC : Kinshasa somme le PSG, Arsenal et le Bayern de rompre avec « Visit Rwanda »
La tension entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda atteint un nouveau seuil. Alors que les forces armées rwandaises sont accusées de soutenir le M23 dans l’est de la RDC, Kinshasa exhorte plusieurs clubs de football européens – le Paris Saint-Germain, Arsenal et le Bayern Munich – à mettre fin à leurs accords de sponsoring avec « Visit Rwanda ».
Une pression qui s’accompagne d’une mobilisation grandissante de la société civile congolaise et de ses sympathisants à travers le monde.
Une guerre qui se répercute sur le football européen
La récente offensive du M23 contre la ville de Goma a ravivé la colère de Kinshasa contre Kigali, accusé de financer et d’armer le groupe rebelle. Dans ce contexte, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a adressé une lettre officielle aux dirigeants du PSG, d’Arsenal et du Bayern Munich. Son message est sans équivoque. Elle souligne que la « culpabilité du Rwanda » dans ce conflit est « incontestable » . Elle invite donc les clubs à revoir la « moralité » de leurs accords de sponsoring avec un pays impliqué dans une guerre meurtrière.
Depuis 2018, Arsenal arbore sur ses maillots le logo « Visit Rwanda », en vertu d’un accord estimé à plus de 12 millions d’euros par an. Le Bayern Munich, quant à lui, a signé un partenariat de cinq ans avec Kigali en 2023. Le PSG perçoit environ 15 millions d’euros annuels depuis le début de son contrat en 2019. Autant de revenus qui, pour Kinshasa, contribuent indirectement à financer une « agression » contre la RDC.
Une mobilisation croissante contre « Visit Rwanda »
Au-delà des pressions diplomatiques, une fronde populaire prend de l’ampleur. En France, un supporter du PSG a lancé une pétition. Il a appelé le président du club, Nasser Al-Khelaïfi, à ne pas renouveler l’accord avec « Visit Rwanda » à la fin de cette saison.
La RDC insiste sur l’impact humain désastreux de cette guerre. Dans sa lettre adressée aux clubs, Thérèse Wagner alerte sur la situation critique à Goma, où des milliers de personnes se retrouvent bloquées avec un accès restreint à l’alimentation, à l’eau et à la sécurité.
Les atrocités commises dans la région – meurtres, viols, pillages – rendent ces contrats de sponsoring « tachés de sang » , selon la cheffe de la diplomatie congolaise.
Les clubs vont-ils céder à la pression ?
Pour l’instant, ni le PSG, ni Arsenal, ni le Bayern n’ont officiellement réagi aux demandes congolaises. Toutefois, la question risque de s’imposer dans le débat public, notamment sous la pression des ONG et des militants des droits humains.
Si ces clubs venaient à rompre leurs liens avec « Visit Rwanda » , cela représenterait un camouflet majeur pour Kigali, qui mise sur ces partenariats pour redorer son image et booster son tourisme.