Selon le rapport, publié par le Government Accountability Office 73 % des armes à feu saisies dans les Caraïbes, entre 2018 et 2023, proviennent des États-Unis. Mettant en évidence les lacunes dans la coopération internationale, et les faiblesses des efforts des autorités américaines pour mettre fin au trafic d’armes à feu.
Un rapport récemment publié par le Government Accountability Office (GAO), l’organisme d’audit du gouvernement américain, confirme ce que les dirigeants des Caraïbes dénoncent depuis longtemps : une majorité écrasante des armes utilisées dans les crimes violents de la région provient des États-Unis.
Commandé par des élus démocrates de la Chambre des représentants et du Sénat, ce rapport met en lumière les causes profondes du problème, les lacunes dans la coopération internationale, et les faiblesses des efforts des autorités américaines pour enrayer ce fléau.
Des chiffres alarmants
Selon le rapport, cité par le Miami Herald, entre 2018 et 2023, 73 % des armes à feu retrouvées dans les Caraïbes ont été tracées jusqu’aux États-Unis. Ce chiffre souligne l’ampleur du trafic transnational qui, dans la région, contribue à environ 90 % des homicides. La violence armée déstabilise des nations déjà confrontées à la pauvreté, à l’instabilité politique, et à l’expansion des gangs.
Les armes proviennent principalement d’États américains comme la Floride, la Géorgie, et le Texas, identifiés comme points de départ majeurs des envois illégaux. Ces armes transitent souvent par des ports mal surveillés ou par des trafics dissimulés dans des cargaisons commerciales.
Une coopération internationale inégale
La collaboration entre les États-Unis et les pays des Caraïbes est essentielle pour combattre ce trafic, mais le rapport pointe des divergences dans les approches nationales. Certains pays de la région montrent une réelle volonté de retracer et de saisir les armes, alors que d’autres hésitent à utiliser des méthodes telles que les livraisons contrôlées internationales. Ces opérations, qui consistent à envoyer des armes traçables pour infiltrer des réseaux de trafic, sont parfois rejetées par les autorités locales, compliquant les efforts de lutte.
Haïti, l’exemple d’une crise exacerbée
La situation en Haïti illustre les conséquences dramatiques du trafic d’armes. Les gangs armés contrôlent de larges portions de Port-au-Prince, plongeant le pays dans une crise sécuritaire sans précédent. Le représentant démocrate Joaquin Castro, membre de la sous-commission des affaires étrangères, a déclaré que ce trafic en provenance des États-Unis alimente directement la violence en Haïti et dans d’autres pays des Caraïbes, aggravant l’instabilité sociale et les pertes humaines.
“Le moyen le plus efficace de lutter contre la violence et l’instabilité dans les Caraïbes est d’empêcher que les armes américaines ne tombent entre les mains des criminels”, a affirmé Castro.
Un appel à des politiques renforcées
Les élus américains Gregory Meeks et Dick Durbin ont également insisté sur l’urgence d’une action coordonnée. Ils soulignent que le trafic d’armes représente une menace non seulement pour la région, mais aussi pour la sécurité nationale des États-Unis.
“Ces armes déstabilisent les communautés et alimentent des crimes qui menacent la sécurité des États-Unis et de tout l’hémisphère occidental”, a déclaré Gregory Meeks. “Nous devons investir dans des efforts pour endiguer le flux d’armes illicites de nos côtes vers les Caraïbes. Cela protégera nos voisins et nos propres communautés.”
Une responsabilité partagée
Ce rapport met en lumière la responsabilité des États-Unis dans la circulation des armes dans les Caraïbes, mais aussi l’urgence d’une coopération renforcée. Alors que la violence des gangs continue de ravager Haïti et d’autres nations vulnérables, une réponse internationale coordonnée devient indispensable pour endiguer ce trafic et stabiliser la région.
Emmanuel Saintus