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Burkina-Chine : vers le renforcement de la coopération dans l’aviation militaire et le contrôle de l’espace aérien

Le Premier ministre burkinabè a visité deux sociétés chinoises spécialisées dans l’aviation militaire et les technologies spatiales. Son but est de renforcer les liens entre son pays et la Chine dans ces secteurs stratégiques.

Le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tambèla, a profité de son séjour en Chine dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) pour explorer des domaines clés de la coopération bilatérale, mettant l’accent sur les secteurs de l’aviation militaire et des technologies spatiales. Il a notamment visité Aircas, une entreprise étatique chinoise spécialisée dans la fabrication d’avions de guerre. Cette visite a permis de découvrir les avancées chinoises en matière d’équipements militaires modernes et d’explorer les opportunités de coopération dans ce domaine stratégique pour le Burkina Faso.

Ensuite, la délégation burkinabè s’est rendue à la société China Electronics Technology Group Corporation (CETC), un leader chinois dans le domaine des technologies spatiales, du contrôle de l’espace aérien et de la navigation aérienne. La société CETC est également impliquée dans les innovations en matière de communication numérique, offrant ainsi des perspectives intéressantes pour le développement technologique du Burkina Faso dans le domaine spatial.

À Beijing, le Premier ministre a également rencontré les dirigeants de Huawei, une entreprise qui est déjà active au Burkina Faso à travers divers projets d’infrastructures de communications électroniques. Lors de cette rencontre, Kyélem de Tambèla a exprimé sa satisfaction quant aux contributions de Huawei au développement du Burkina Faso, et a discuté de la manière dont ces projets peuvent encore renforcer les infrastructures numériques du pays.

La Chine, un partenaire privilégié du Burkina Faso

Dans sa déclaration, le Premier ministre a insisté sur la valeur ajoutée de la coopération chinoise, réfutant les critiques antérieures concernant les relations avec la Chine. Selon lui, la Chine offre à l’Afrique des opportunités substantielles qui surpassent celles proposées par les partenaires occidentaux. « Pendant longtemps, il y a eu un battage médiatique tendant à faire croire qu’il n’y a rien à tirer des Chinois. Mais au constat, la Chine offre à l’Afrique beaucoup plus d’opportunités que les Occidentaux », a-t-il affirmé.

L’intérêt du Burkina Faso pour le 9e FOCAC se comprend alors aisément. Apollinaire Kyélem de Tambèla a d’ailleurs conduit la délégation de son pays à cette importante rencontre triennale qui s’est tenue cette fois-ci, du 4 au 6 septembre, à Beijing. Ce forum, placé sous le thème « S’associer pour promouvoir la modernisation et construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau », a permis de renforcer les engagements mutuels et de tracer les grandes lignes d’une coopération future entre les deux régions.

Au-delà de la Chine, le Burkina Faso s’est résolument tourné, ces derniers mois, vers la Russie pour le renforcement de la coopération sur plusieurs plans, notamment au point de vue militaire.

Été 2024 : Le climat en feu, l’Afrique en première ligne face à la crise climatique

L’été 2024 a été le plus chaud jamais enregistré, plaçant l’Afrique au cœur de la crise climatique avec des conséquences catastrophiques.

L’été 2024 marque un tournant historique dans la lutte contre le réchauffement climatique. Avec des températures battant tous les records, cette saison s’impose comme la plus chaude jamais enregistrée à l’échelle mondiale. Si le phénomène touche tous les continents, l’Afrique en paie un prix particulièrement lourd. Sécheresses, pénurie d’eau, et risques accrus de famines sont autant de conséquences que subit durement le continent africain, rendant l’urgence climatique plus palpable que jamais.

Des températures records : un signal d’alarme mondial

L’été 2024 a vu la température moyenne mondiale grimper à des niveaux sans précédent. De juin à août, le thermomètre a battu les records précédents établis en 2023, selon le service européen Copernicus. Dans le monde entier, des régions comme la Laponie, l’Australie, le Canada ou encore les États-Unis ont été frappées par des canicules dévastatrices, des sécheresses et des incendies. Toutefois, c’est l’Afrique qui se trouve en première ligne face à ces bouleversements climatiques, avec des températures dépassant les 40 °C dans certaines régions, mettant en péril des millions de vies.

L’Afrique est particulièrement vulnérable aux vagues de chaleur de plus en plus intenses. Avec des précipitations réduites et des périodes de sécheresse prolongées, plusieurs pays africains sont confrontés à une pénurie d’eau sans précédent. Les zones agricoles, vitales pour la subsistance de millions de personnes, sont touchées de plein fouet, provoquant des perturbations majeures dans la production alimentaire. Selon Carlo Buontempo, directeur du service Copernicus, cette situation alarmante n’est pas uniquement due à des phénomènes naturels comme El Niño, mais résulte également des actions humaines qui amplifient le réchauffement global.

Le spectre de la famine se renforce

Avec la combinaison de la sécheresse et de la pénurie d’eau, les experts craignent une augmentation des risques de famine en Afrique. Déjà fragilisée par des crises économiques et sociales, une grande partie de la population africaine voit ses ressources alimentaires s’amenuiser, tandis que les systèmes de distribution d’eau et d’énergie sont mis à rude épreuve. Si des mesures drastiques ne sont pas prises rapidement, les projections pour les prochaines années sont inquiétantes, avec des impacts humanitaires dévastateurs.

Les conséquences directes de cette vague de chaleur se traduisent par une hausse marquée des décès liés aux températures extrêmes. La chaleur intense pousse les systèmes de santé à leurs limites, notamment dans les régions rurales d’Afrique où l’accès aux soins est limité. La vulnérabilité des populations, notamment des enfants et des personnes âgées, se fait cruellement ressentir, amplifiant les inégalités et les injustices climatiques.

Des perspectives inquiétantes pour 2025

Alors que 2024 s’annonce comme l’année la plus chaude jamais enregistrée, les scientifiques craignent que ce n’est qu’un début. Les prévisions pour 2025 ne laissent entrevoir aucune amélioration si des mesures ambitieuses ne sont pas mises en œuvre rapidement. La communauté internationale est appelée à prendre des décisions courageuses pour limiter l’impact des activités humaines sur le climat, faute de quoi les crises humanitaires, économiques et sociales risquent de se multiplier.

Tchad, Niger, Maroc, Mali, Nigeria… Les inondations dévastent l’Afrique

Les pluies diluviennes qui s’abattent sur le continent africain ont causé des inondations meurtrières dans beaucoup de pays. Des centaines de vies ont été emportées au Tchad, Niger, Nigeria, Soudan du Sud et autre Maroc.

Au Tchad, « 23 provinces du pays sont actuellement touchées par la crise des inondations, qui est devenue de plus en plus récurrente ces dernières années ». C’est ce qu’a indiqué le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) au Tchad. Un total de 341 morts et 1,5 million de sinistrés a été dénombré. « 164 000 maisons détruites, 259 000 hectares de champs détruits et 66 700 têtes de bétail emportées », poursuit le bilan onusien.

Un réchauffement climatique sans précédent

On se rappelle, il y a quelques jours, quatorze élèves et leur professeur ont perdu la vie dans l’effondrement d’une école. Ce, suite à des pluies torrentielles qui se sont abattues dans Ouaddai, une province de l’Est du Tchad. Quelques jours avant ce drame, l’ONU avait mis en garde contre d’éventuelles pluies torrentielles et des inondations sévères qui allaient s’abattre dans la région.

L’été 2024 a été le plus chaud jamais enregistré sur la planète avec des records de température. Des canicules qui s’enchaînent, depuis plus d’un an, avec à la clé des phases de sécheresses ou d’inondations meurtrières. Cette situation a été favorisée par un réchauffement climatique sans précédent. D’ailleurs, l’ONU n’a de cesse appelé à « une action immédiate et à assez de financement pour faire face à ce phénomène.

Le Maroc face à des inondations meurtrières

A côté du Tchad, le Niger aussi souffre des pluies torrentielles qui ont fait au moins 273 morts et 700 000 sinistrés. Même scénario au Niger, au Nigeria et au Mali où des « centaines de milliers d’enfants » ont été contraints au déplacement en raison des pluies torrentielles et des inondations, selon Save the Children. L’ONG détaille que 649 184 personnes ont été déplacées au Niger, 225 000 au Nigeria et 73 778 au Mali.

Le Soudan du Sud n’est pas épargné par ces intempéries avec plus de 700 000 personnes affectées par les inondations. Au nord du continent africain, au moins 11 morts et 9 disparus ont été dénombrés au sud du Maroc, à la suite de pluies torrentielles. Au royaume, le volume de pluies tombées en 48 heures équivaut à celui enregistré, en temps normal, durant toute une saison. Ce qui complique davantage la situation pour les autorités royales qui font face à cette crise climatique.

La CEMAC s’inquiète des dettes record de ses États membres

La CEMAC a salué la capacité des États à emprunter sur le marché, mais elle exprime des inquiétudes concernant les niveaux élevés de dettes accumulées. Dans un contexte où les besoins de financement des pays d’Afrique centrale sont en augmentation, la CEMAC est obligée de mobiliser des fonds sur le marché régional des titres publics. Situation qui justifie la réunion des responsables financiers de la région, à Brazzaville, la semaine passée, pour discuter de ces questions importantes.

Lors de cette réunion, il a été révélé que les États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ont effectivement levé plus de 7 000 milliards de francs CFA sur le marché régional. Ce qui constitue un nouveau record équivalant à environ 11 milliards d’euros de dettes en cours. Cette quantité importante de fonds levés souligne à la fois la capacité des États à accéder au marché financier et les préoccupations croissantes liées aux niveaux record de dette accumulée dans la région.

Niveaux élevés de dettes actuelles

« Une capacité d’emprunt considérée comme une performance, comparée aux premières levées de fonds réalisées à la création du marché en 2011 », estiment les autorités congolaises. Le ministère congolais de l’Économie et des Finances souligne l’importance de cette réalisation. Brazzaville magnifie les succès des États de la CEMAC dans l’accès au marché financier et les défis posés par les niveaux élevés de dettes actuelles.

Cette déclaration met dès lors en évidence la nécessité pour les pays de la région de gérer de manière prudente et efficace leurs finances publiques pour assurer une stabilité économique à long terme. Car, les derniers mois ont vu un montant considérable d’un million d’euros emprunté sur le marché. Ce qui illustre à juste titre la forte demande des États. Ces fonds ont été utilisés, principalement, pour répondre à leurs besoins de trésorerie.

Des objectifs d’emprunts qui tardent à être atteints

Cependant, il est noté que les banques commerciales, principales créancières de la CEMAC, atteignent actuellement leurs limites de prêt, ce qui peut expliquer pourquoi les objectifs d’emprunts tardent à être atteints. La marge de manœuvre des banques se retrouve restreinte en raison des règles de prudence en place. Pour pallier cette situation, les États de la CEMAC se voient obligés de désormais se tourner vers l’investissement des acteurs privés, bien que ceux-ci soient actuellement hésitants à prêter.

Une autre préoccupation concerne la capacité des États à rembourser leurs dettes. Pour aborder ces problèmes, une charte de bonne conduite devrait être mise en place par les États lors de la prochaine réunion prévue en décembre 2024. Cette charte pourrait jouer un rôle important dans la gestion des finances publiques et dans le maintien de la confiance des investisseurs sur le marché régional des titres publics.

Sénégal : le cauchemar de la migration clandestine se poursuit, un capitaine arrêté

Le Sénégal est une nouvelle fois frappé de plein fouet par la tragédie de l’émigration clandestine. Le naufrage d’une pirogue au large de Mbour a coûté la vie à au moins 26 personnes. Le capitaine, principal organisateur de ce voyage de la mort, a été interpellé, mais les questions demeurent sur les raisons qui poussent tant de jeunes à risquer leur vie en mer.

Mbour, un petit port de pêche paisible au Sénégal, est aujourd’hui en deuil. Les habitants sont sous le choc. « Je connais beaucoup de ceux qui sont partis », confie un pêcheur. « Ils rêvaient tous d’une vie meilleure, mais ils ont trouvé la mort ». Ce sentiment de désespoir est partagé par de nombreuses familles qui attendent toujours des nouvelles de leurs proches.

26 personnes mortes dans le chavirement de

Les familles endeuillées pleurent leurs disparus. Chaque visage, chaque histoire, rappelle l’immense souffrance engendrée par ces traversées clandestines. Au moins 26 personnes sont mortes dans le chavirement de cette pirogue en partance pour les Îles Canaries. Le naufrage a eu lieu dimanche après-midi, au large de la ville de Mbour (80 kilomètres au sud de Dakar).

Selon certaines informations, la pirogue transportait plus de 150 passagers. Seules 24 personnes ont pu être sauvées, les recherches des naufragés se poursuivent. Cheikh Sall, propriétaire et capitaine de la pirogue, qui n’est autres que l’organisateur du voyage clandestin a été arrêté. L’homme se serait même rendu de lui-même à la police, ce 9 septembre, confient les autorités locales.

Les Iles Canaries moyennant 300 à 400 mille francs

Le quinquagénaire, pêcheur de profession, a été interrogé par la division nationale de lutte contre le trafic des migrants à Saly. Il ressort qu’il se trouvait à bord de la pirogue au moment du naufrage. Mais a réussi à regagner la rive à la nage. Il a avoué avoir embarqué 88 passagers moyennant des sommes comprises entre 300 et 400 000 francs.

Selon certaines indiscrétions, l’homme est un habitué de la route menant aux Iles Canaries où il aura déjà convoyé nombre de migrants. Ce naufrage est loin d’être un cas isolé. Le Sénégal, comme de nombreux pays d’Afrique, est confronté à un véritable exode de jeunes en quête d’une vie meilleure. Pauvreté, chômage, insécurité… Les raisons qui poussent les jeunes à prendre la mer sont multiples.

Promesse d’une vie meilleure en Europe

La promesse d’une vie meilleure en Europe est un mirage qui attire de plus en plus de personnes. Les passeurs, comme le capitaine arrêté, exploitent la détresse de ces jeunes pour faire fortune. Ils sont les véritables responsables de ces drames. Ce naufrage interpelle à tous les niveaux : en Afrique, pour créer des emplois et des perspectives d’avenir, et en Europe, pour mettre en place des politiques migratoires plus solidaires.

En effet, regagner l’Europe, ne serait-ce pour des études, relève du parcours du combattant. C’est le témoignage fait par cette mère, qui ne sait pas à quel saint se vouer, après avoir effectué toutes les formalités pour que son fils poursuive son enseignement en France. « Mon fils est pourtant passé par Campus France où il a été bien orienté. Après avoir effectué toutes les formalités requises et dépensé assez d’argent, voilà que le vis lui est refusé », relève-t-elle. « On n’y comprend plus rien. Et dire que l’Europe encourage la migration légale », déplore-t-elle.

Maxime Mokom : après sa libération, l’ex-chef milicien réclame des millions à la CPI

Libéré en octobre 2023 après 19 mois de détention par la Cour pénale internationale (CPI), Maxime Mokom, ancien chef des milices anti-balaka, n’en a pas encore terminé avec la justice. Désormais libre, il réclame des compensations financières à hauteur de 3 millions d’euros pour détention injustifiée, une demande qui soulève de nombreuses questions quant aux responsabilités de la CPI dans la réhabilitation des ex-accusés.

La libération inattendue de Maxime Mokom

En octobre 2023, après près de deux ans de détention, Maxime Mokom a été libéré par la CPI. Incarcéré pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre présumés liés à la crise en République centrafricaine en 2013-2014, Mokom n’a jamais été jugé. Le procureur de la CPI avait retiré les charges, invoquant un manque de preuves et l’indisponibilité des témoins clés. Cette décision a marqué la fin d’une longue attente pour Mokom, qui espérait tourner la page après son incarcération.

Après sa libération, Mokom ne s’est pas contenté de recouvrer sa liberté. Lors d’une audience en vidéoconférence, il a exprimé son indignation quant à ses 19 mois de détention sans procès, soulignant que la CPI l’avait « jeté dans la rue ». Il a ainsi réclamé une compensation de 3 millions d’euros pour sa détention, ainsi que 500 000 euros supplémentaires pour sa famille. Cette requête fait écho à d’autres demandes similaires, bien que jusqu’à présent, aucune n’ait été acceptée par la Cour.

L’incertitude sur son avenir et la quête d’asile

Loin de pouvoir retourner en République centrafricaine, où il a été condamné à perpétuité par contumace, Mokom se trouve dans une situation précaire. Il a engagé une procédure d’asile en Europe, expliquant qu’il ne pouvait ni retourner en Centrafrique, ni au Tchad, où il avait été arrêté en 2022. Mokom reproche également à la CPI de ne pas avoir facilité son rétablissement dans un pays d’accueil sécurisé après sa libération, ce qui ajoute à son sentiment d’injustice.

Maxime Mokom n’est pas le premier ex-accusé à demander des compensations après un acquittement ou une libération par la CPI. Cependant, cette affaire met en lumière un dilemme récurrent : les droits des ex-accusés une fois blanchis des charges. Alors que la CPI a souligné qu’elle n’a pas d’obligation de négocier un asile, la demande de Mokom pourrait pousser la Cour à revoir ses pratiques pour éviter de futurs litiges similaires.

La Belgique face à son passé colonial : cinq femmes métisses réclament justice dans un procès historique

À Bruxelles, un procès en appel historique voit cinq femmes métisses, victimes des politiques coloniales belges, réclamer justice pour crimes contre l’humanité.

Le procès en appel d’un groupe de cinq femmes métisses, nées sous la colonisation belge au Congo, s’ouvre ce lundi à Bruxelles. Ces femmes, âgées aujourd’hui de plus de 70 ans, accusent l’État belge de crimes contre l’humanité pour avoir orchestré une politique de ségrégation et d’enlèvement forcé des enfants métis entre 1948 et 1961. Alors que l’État avait présenté des excuses en 2019, la justice se penche à nouveau sur cette douloureuse page de l’histoire coloniale.

Un système raciste institutionnalisé

Entre 1908 et 1960, le Congo belge était le théâtre d’une politique raciale brutale. Les enfants métis, nés de l’union d’un père belge et d’une mère congolaise, étaient arrachés à leur famille, souvent sans consentement, et placés dans des orphelinats. Cette politique avait pour but de les soustraire à leurs origines africaines et de les élever selon des normes européennes, dans un système qui les marginalisait à la fois de la société africaine et coloniale.

Cinq femmes, Léa Tavares Mujinga et ses consœurs, nées entre 1946 et 1950, racontent avoir été victimes de cette politique. Arrachées à leurs mères, elles ont grandi dans des missions catholiques où elles ont été séparées de leur identité, privées de leurs racines et écartées de toute possibilité de réunification familiale. Aujourd’hui, elles demandent réparation pour ces années de souffrance, ainsi que la reconnaissance du crime contre l’humanité que représente ce système.

L’État belge face à ses responsabilités

En première instance, en 2021, la justice belge avait rejeté la plainte, arguant qu’à l’époque des faits, le crime contre l’humanité tel que défini aujourd’hui n’existait pas encore. Pourtant, les avocats des plaignantes estiment que la jurisprudence de Nuremberg, postérieure à la Seconde Guerre mondiale, reconnaissait déjà le déplacement forcé d’enfants comme un crime contre l’humanité, à l’image des enlèvements germano-polonais perpétrés par le régime nazi.

Les plaignantes ne demandent pas seulement des indemnisations, mais aussi l’accès aux archives concernant leurs origines. L’État belge avait, dans le cadre de sa colonisation, mené une politique active pour dissimuler ces enfants métis et les rendre « invisibles », afin de protéger l’idéologie de supériorité raciale qui soutenait le régime colonial. Aujourd’hui, elles veulent retrouver leur histoire et rétablir leur identité.

Le poids des excuses sans réparation

En 2019, Charles Michel, alors Premier ministre belge, avait publiquement présenté des excuses pour les violences subies par les enfants métis sous la colonisation. Cependant, ces excuses n’ont été suivies d’aucune loi de réparation. La justice belge se retrouve aujourd’hui face à un dilemme : faut-il reconnaître ce crime historique et offrir des réparations, ou suivre la voie du tribunal de première instance, qui avait jugé ces faits inapplicables à l’époque ?

Le procès en appel, qui se tient ce lundi à Bruxelles, est crucial pour les plaignantes, mais aussi pour l’histoire des relations belgo-congolaises. Il interroge non seulement la responsabilité de l’État belge dans ses anciennes colonies, mais aussi le traitement réservé aux enfants issus de ces unions mixtes, victimes d’un système raciste. Ce procès pourrait marquer un tournant dans la reconnaissance des crimes coloniaux et ouvrir la voie à une justice longtemps attendue.

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