Les éminentes personnalités de la Caricom sont dites tourmenter par les retards de la transition en Haïti. Lors de leur visite la semaine écoulée, les trois anciens Premiers Ministres caribéens ont pu prendre connaissance de la situation sur le terrain.
Les émissaires de la Caricom sont interpellés par plusieurs dossiers notamment le scandale de corruption concernant trois conseillers présidents. Ils insistent sur la nécessité de former en toute urgence une commission d’enquête pour éviter que ce dossier n’impacte négativement la transition. Ces accusations, si elles devraient s’avérer, pourraient fortement fragiliser un processus de transition déjà précaire, précise un communiqué.
La Caricom presse les conseillers présidents et les acteurs politiques à revenir à l’esprit de l’accord du 11 mars ayant permis la formation du Conseil Présidentiel de transition (CPT). L’inclusion, le consensus et la responsabilité étaient les fondements de cet accord rappelle la Caricom.
En outre la Caricom est préoccupée par le retard dans la mise en place des institutions essentielles au bon déroulement de la transition politique. L’organe de contrôle de l’action gouvernementales, le conseil national de sécurité et le conseil électoral provisoire ne sont pas encore en place. De l’avis de la Caricom ces entités sont cruciales pour la stabilité politique et institutionnelle.
Au cours des dernières semaines des dirigeants politiques, parties prenantes de l’accord, ont exprimé leur réserve.
De l’avis de nombre d’acteurs politiques, le CPT s’est écarté de l’accord du 3 avril qui n’a pas été publié dans le journal officiel.
En début de semaine l’un des conseillers présidents a fait valoir que le délai pour la mise en place du conseil électoral sera respecté en dépit des retards liés aux dissensions au sein des secteurs concernés.
Les sanctions, outil privilégié de la communauté internationale
Les principaux partenaires d’Haïti entendent utiliser l’arme des sanctions dans le cadre des efforts pour combattre la violence des gangs.
L’ambassadeur des États Unis à Port-au-Prince, M. Denis Hankins, a indiqué en début de semaine, à radio Métropole, que son pays entendait poursuivre sur cette lancée après les sanctions à l’encontre de l’ex président Michel Martelly.
Pour le moment il s’agit de sanctions économiques contre M. Martelly, accusé d’implication dans le trafic de la drogue et le financement des gangs, avait précisé le diplomate. Les gouvernements américain et Haïtien continuent de scruter les listes, et le diplomate annonce que d’autres personnalités seront bientôt sanctionnées.
Pour sa part, l’ambassadeur de France, M. Fabrice Mouriez, estime que ces sanctions sont utiles et efficaces. Il émets que ces sanctions sont d’autant plus importantes que les outils pour lutter contre l’impunité en Haïti sont en panne. De plus les diplomates font valoir que l’objectif est de provoquer un changement de comportement.
La France a déjà sanctionné une quinzaine de personnalités haïtiennes accusées d’être impliquées dans le financement des gangs. Ces gens sont interdites d’entrée sur le territoire français et leurs comptes ont été gelés.
Par ailleurs le Canada s’est enjoué des sanctions à l’encontre de M. Martelly, déjà sanctionné par le gouvernement de Justin Trudeau. Le Canada était le premier à recourir à cet outil.
Toutefois les Nations Unies n’ont jamais pu mettre en branle ce processus. Annoncées depuis octobre 2022, les sanctions de l’ONU ont été bloquées par la Russie et la Chine au conseil de sécurité.
Emmanuel Saintus