À regarder défiler tant de médecins à la Primature, est-ce que leur passage ne pourrait pas inspirer une, parmi les séries médicales comme : Grey’s Anatomy, Dr House, Hippocrate, Urgences, Scrub ? On ne sait pas si c’est pour plaire à la Daronne, selon les indiscrétions d’un ex-PM (Evans Paul pour ne pas le nommer) qui disait que la médecine ne lui était pas indifférente. Mais bref ! Le titre est un pastiche, et ce n’est pas top. Voyons pour le synopsis de la série.
Ce serait tendancieux de dire que de grands médecins ont échoué dans la conquête de la Magistrature suprême, en pensant au patriote que fut le docteur Rosalvo Bobo, ou à l’immense écrivain que fut le docteur Jacques Stephen Alexis, auteur de « La belle amour humaine ». On est au second rang à la Primature. La corrélation entre Premier Ministre et l’affiliation professionnelle, jusqu’à présent, parait négative. Le pays a connu une série d’agronomes à la Primature, et l’agriculture ne s’est pas améliorée pour autant. Dans la série des médecins qui est en cours, on constate que l’hôpital de l’Université d’État, après 14 ans, n’est toujours pas remis en service, et pis encore…
Il ne faut pas se faire d’illusion, ce sont des politiques qui arrivent à ce poste. Dans la série des agronomes, on a pu se défaire du cliché que les agros affectionnaient les chapeaux de paille, les bottes en caoutchouc, les parkas et les chemises « karabela », du genre Tisaksuk. René Préval a montré le contraire. Même s’il n’attachait pas les derniers boutons de sa chemise, on voyait les griffes de grandes marques. Et que dire de Rosny Smarth et de Jacques Edouard Alexis qui étaient presque des dandys ?
Revenons aux docteurs PM Rose. Que voit-on dans leurs besaces ? Le docteur Jack G. Lafontant, bien connu dans le milieu pour avoir fait tant de colonoscopies, avait médusé beaucoup de gens, en le voyant accéder à ce poste. Au lieu d’être surpris, il fallait plutôt voir un mérite. Ceux qui ont vu le film “the advocate of evil” ou lu certains bréviaires, lui reconnaitront cette compétence de ne pas se laisser voir venir. Ainsi, l’effet surprise lui a permis d’éviter des obstacles et une compétition plus ardue. On n’avait pas fait attention à lui, alors qu’il était le vice-président d’un des plus anciens partis politiques haïtiens, le MODEHL-PRDH de feu Louis Eugène Atis. Dans certains bidonvilles de Pétion-Ville, il était actif dans le social. Devenir Premier Ministre était le résultat d’un parcours couronné de succès. Avec le temps, on se demande ce qu’il aurait pu faire avec un Président caractérisé par le fait que : « Quand on rentre dans son bureau avec des idées personnelles, on en ressort avec les idées du Président », majorées peut-être de celles des Cavaliers de l’Apocalypse, dans un environnement sécuritaire, constitué d’une armée de Judas Iscariote. On peut voir, dans une des poches de sa besace, la stratégie de la “Caravane du Changement”, idée géniale dont la concrétisation a tourné en eau de boudin. On retiendra qu’il n’avait pas entendu les déclarations de Donald Trump sur Haïti, qu’il n’est pas chanceux dans les paris sportifs et qu’il doit beaucoup en vouloir à Neymar Junior. On a aussi apprécié sa sincérité : « le pouvoir : plus on en a, plus on en veut. » Le réflexe de satiété est inhibé. Gare à la suffocation ! On pourra capturer le pouvoir pour 20 ans, 35 ans et même plus, comme c’est approuvé par Il maestro Michele Matela. Sak pa konn Miki, men Miki… Il doit être heureux d’exécuter des allers-retours entre sa clinique, à faire des colonoscopies, et Jojo’s resto, à boire deux grògs, en compagnie d’un confrère que le pouvoir a rendu XXXL.
Le PM Ariel Henry, cette Excellence, a battu le record de longévité à ce poste, détrônant Laurent Lamothe qui était si fier d’avoir été le tenant du titre. Désormais : exit ! Ariel Henri est une illustration du vieil adage : « la force est calme ». Il a neutralisé tous ceux qui pouvaient faire ombrage à son pouvoir, allant de « l’ex-vice-président Libérus », le ministre de la Justice, Rockfeller Vincent, Simon Dieuseul Déras, Martine, l’héritière du trône, et autres menus fretins. Il laissait croire qu’il était résolument engagé à faire plaisir à tout le monde et à son père. À bien regarder, sa devise était : “aime Dieu et fais ce qui te plait”. Pa anmède-l ! D’ailleurs, jusqu’à ce qu’il découche, “dòmi deyò” serait plus approprié. Dans sa besace, un “Samba de Dame-Marie” a composé un hymne à sa gloire qui est une bonne illustration de sa gestion. Sacré raborday… Ariel pase, li kraze peyi-a, m pa gen yon pye bwa pou mwen repoze…
Garry Conille était déjà un PM Rose. Dans la série, « Au gré de la mémoire », le docteur Rony Gilot a raconté son passage. Vous pouvez faire une relecture, si le cœur vous en dit. Il sait que les PM sont des corbeaux. Les hommages qu’ils reçoivent, sont proportionnels à la circonférence du fromage qu’ils détiennent. Entre temps, le docteur Conille s’est fait une carrière dans le système des Nations Unies. Ce n’est pas rien, de tirer son épingle du jeu dans le système des Nations Unies, la fonction publique internationale, selon certains. On ne sort pas du système des Nations Unies sans être féru dans l’élaboration des guides de bonnes pratiques, des TOC (Theory Of Change, honni soit qui mal y pense, tocard) et autres utopies onusiennes. On a aussi des émules : Edmond Mulet, Helen La Lime, Juan Gabriel Valdès… On peut jurer par tous les saints que le choléra est survenu par génération spontanée, et s’en excuser après. On veut croire qu’il nous revient avec les bonnes pratiques, pour les adapter au bien-être du pays, et les mauvaises émulations, comme des garde-fous pour ne pas tomber dans les travers d’autrui. Il y a trop de traumatismes pour ce pays qui est asphyxié. Ne pas apporter assistance à une personne en danger est une faute déontologique grave. Toutefois, inévitablement, on aura à se demander est-ce qu’on est en face du Dr Jekyll ou de Mister Hyde.
Dr Guy Craan