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La reddition de compte, ultimement, est personnelle : avis en est donné aux concernés

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Je sais que la politique est une lutte idéologique qui s’exprime de toute sorte de façon, sur les plans économique et social, et qui peut se manifester parfois en des résultats indésirables, un peu comme des furoncles, ou même comme des abcès ouverts et purulents, comme c’est le cas maintenant sur le plan sécuritaire, avec des violences diverses et outrancières sur les secteurs les plus vulnérables de notre société.  Je sais bien que l’arène politique est généralement un espace réservé aux « adultes politiques » et que les « enfants d’école » et les « enfants de chœur » devraient s’en tenir le plus loin possible, s’ils veulent s’épargner des horions, car souvent il en pleut dans cet environnement.   Toutefois, même dans ces hauts lieux de coups fourrés, de traîtrise, il y a quand même des règles à respecter.  On peut y transgresser bien des normes, tordre le cou à bien de consensus et manquer quelques fois à la parole donnée,  cependant, il arrive un moment ou une mistoufle de trop, une indigence morale et intellectuelle, une transgression de trop nous amène de l’autre côté de la ligne rouge ultime à ne pas dépasser.  Et alors, tout et n’importe quoi peuvent survenir.  Un déferlement outrancier, une aberration momentanée de l’histoire, un hoquet spasmodique de la société qui l’aveugle pour un temps, et l’on se réveille un peu plus tard dans un autre univers, comme celui laissé après la dévastation d’un cyclone et d’une tornade passagère, avec en plus l’indifférence bien méritée de ceux et de celles qui vous avaient fait confiance et qui avait compté sur la parole donnée, pour le respect des ententes négociées de peine et de misère.

Même dans les cas de chaos social, dans les guerres les plus brutales et les plus débridées, il existe des règles.  Par exemple, on ne s’attaque pas aux hôpitaux ni aux ambulances, comme certains se le permettent chez nous, et aussi ailleurs, par ces temps d’outrance meurtrière non sanctionnée, ou si peu, par la Communauté Internationale.  Cela ne peut se faire que pendant un temps mais les séquelles et les chocs en retour ne sont pas toujours à jamais estompés.  On ne s’attaque pas délibérément aux enfants et à leurs écoles car, ce faisant, l’on scie, inconsidérément, les branches qui porteront un jour notre société et sur lesquelles est fondé, invariablement, notre avenir de peuple.  Ces attaques sur nos futures élites et sur les institutions appelées à les former ne peuvent être utiles qu’à une seule fin : maintenir le chaos!  Et à qui profite cette situation ?  Je vous le donne en mille.  Eh oui!  À ce gouvernement encore en place et qui ne veut pas tirer sa révérence, même quand il se dit prêt à cela et désireux de le faire.  C’est du moins une estimation de plus en plus partagée et à laquelle j’adhère, personnellement.  

Lorsque tout tangue sur notre rafiot de pays et que la mer agitée menace de tout balancer par-dessus bord, il faut espérer qu’il en reste encore le mât et le bastingage pour  s’agripper, comme ultimes garde-corps, pour ne pas être emportés par la déferlante et voir le pays tout entier sombrer corps et biens dans la tourmente.  Il faut garder encore l’espoir que ceux et celles qui détiennent le timon et opèrent la vigie, sauront faire pour le mieux, chacun dans son domaine.  Et, lorsqu’ils n’auront ni la force morale ni les moyens d’exercer adéquatement leurs fonctions, qu’ils auront la prudence et la sagesse de le reconnaître et de passer la main, promptement, sans rechigner, à une relève qui, espérons-le, pourra faire mieux et aussi la différence.  Mais au lieu de cela, que constatons-nous, aujourd’hui?  Voilà déjà plus d’un mois que ce gouvernement, réputé démissionnaire, multiplie les embûches et les coups fourrés pour prolonger indûment une passation de pouvoir qui, de toute façon, finira par se faire.  Tôt ou tard, de bon gré ou … de mauvais gré… pour ne pas dire… de force, car ce risque aussi demeure entier et parfaitement envisageable, ce gouvernement partira et un autre lui succédera. On se négocierait, paraît-il, quelques parachutes dorés dans quelques sinécures : un poste d’ambassadeur ici, de consul là, de représentant dans un pays étranger, une des grandes capitales de préférence, à l’OEA, aux Nations Unies, à l’UNESCO…  Ils oublient, ce faisant, que n’est pas persona grata qui veut, ni n’importe où.  Ils oublient, en cela, la rebuffade essuyée par l’un d’entre eux, dont la lettre de créance ne fut pas acceptée par le gouvernement de la Belgique, il y a quelques années déjà, ni les camouflets plus récents, essuyés par nos ambassadeurs à Washington et à l’OEA, déguisés en démissions en catastrophe par leur titulaire respectif.

La population n’a plus rien à espérer de ce gouvernement démissionnaire, et celui-ci n’a plus rien à faire que de vider les lieux, tout simplement et le plus rapidement possible.  Les tentatives de corrections et de réécritures de l’Arrêté de nomination du Conseil Présidentiel de Transition ne passeront pas la rampe, ni chez nous, ni ailleurs.  Différer outrancièrement et délibérément sa publication dans Le Moniteur, contrairement à ce qui était convenu, ne fera que démontrer sa mauvaise foi évidente et  offrira au monde entier la possibilité de voir à clair le vrai visage de ces mauvais perdants et de ces tricheurs impénitents.  Cela aussi permettra de mettre à jour les liens à peine voilés entre certains membres de ce gouvernement et les bandes armées qui entretiennent le chaos et la terreur au pays.  Et, pour le compte, ces gouvernements supporteurs qui, jusque-là, professaient l’ignorance de cette situation pour lui renouveler leur soutien inébranlable, n’auront plus cette excuse.  Dès lors, il ne faudrait pas s’étonner que bon nombre de ceux-ci basculent brusquement et radicalement dans l’autre sens, pour couvrir leurs arrières un tant soit peu.  La surenchère pourrait alors être des sanctions à l’encontre de ces perdants récalcitrants, de leurs proches et de leurs alliés, au pays comme à l’étranger.  Viendra alors le temps pour la fuite éperdue de tous ces détenteurs de visas étrangers ou de multiples citoyennetés, candidats galonnés, non pas au Programme Biden ou au renouvellement du TPS américain mais au confort californien ou aux aménités européennes.

Je dis ceci maintenant, comme une mise en garde à mes compatriotes qui se pensent encore bien à l’abri de ces soubresauts cataclysmiques d’un peuple que l’on croit n’être composé que de moutons bêlants et apeurés.  Je le rappelle, à ceux et à celles qui auraient oublié certains pans de notre histoire de peuple ou à qui on ne les aura pas appris, que les évènements de juillet 1915 ne se sont pas soldés seulement par le massacre des prisonniers politiques au Pénitencier National d’alors, ni par la fuite éperdue des membres les plus vulnérables de la population, comme d’habitude.   Certes, ceux-ci en avaient plus que bavé, comme c’est presque toujours le cas.  Toutefois, le gouvernement, malgré les forces armées organisées qui le soutenaient dans ses exactions, dans ses crimes et dans ses prébendes, ne fut pas épargné.  Vilbrun Guillaume Sam, le président tout-puissant d’alors, lui-même en a subi le courroux, le châtiment ultime.  Et ce ne fut pas la Légation Française, ni ses murs réputés inviolables qui l’en avaient épargné.    

Il est encore temps, aujourd’hui, pour celles et ceux qui font encore partie de ce gouvernement et qui avaient, en leur âme et conscience, espéré mettre leur expérience et leur compétence à la disposition du pays pour l’extraire de ce mauvais pas, de se désolidariser de ce Conseil des Ministres qui semble vouloir tout faire pour torpiller une sortie de crise dont le pays a trop besoin.  Au nom des plus de 300 000 personnes déplacées, relocalisées dans les lieux publics, à la merci des bandits et des assassins dont on soupçonne de plus en plus les liens avec certains hauts placés de ce gouvernement, au nom de ce pays qui se meurt et qui s’enfonce dans la quasi-indifférence du reste du monde, quand ce n’est pas dans la pitié des uns et des autres, faites le bon choix, celui de sortir de l’anonymat de la meute du Conseil des Ministres et de prendre position personnellement, clairement et publiquement, pour le bon déroulement de la passation de pouvoir au Conseil Présidentiel de la Transition, tel que prévu dans les Accords signés à cette fin, avec l’accompagnement diligent et patient de la CARICOM.  Vous avez encore la chance de profiter d’un ultime bénéfice de doute raisonnable, quant à votre attachement sincère au pays et à son épanouissement, et que votre participation à ce gouvernement, même quand elle n’aura pas permis d’atteindre ces objectifs, le fut dans cette perspective honorable.

Je le réitère.  Je sais que la politique est un jeu rude et un âpre combat.  Cela ne vous dispense pas, néanmoins, du respect de certaines règles de civilité dans les échanges, du respect de vos signatures personnelles et de vos engagements publics, en tant que personnes d’État et en tant que personnalités publiques honorables et dignes du respect que vous devriez exiger des autres à votre égard.  Pour certains d’entre vous qui en vaillent encore la peine, ne condescendez pas à flirter avec des pratiques de bas étages de fourberie, dignes de la racaille politique qui entoure ce gouvernement, et qui n’a rien à perdre, ni nom, ni prestige ni valeur humaine, et qui prospère, telle une vermine, sur les ruines que crée le chaos que nous vivons aujourd’hui.  Faites le bon choix, aujourd’hui.  N’écoutez plus celui qui, à distance, vous commande peut-être de prendre les risques dont il n’aura pas à écoper des conséquences immédiates, bien lové qu’il est dans sa confortable sécurité étatsunienne.  Devant l’Histoire, devant la population, devant les vôtres et, ultimement, devant votre conscience, seul, un jour vous devrez vous expliquer et peut-être rendre des comptes.

Pierre-Michel Augustin

le 16 avril 2024 

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