C’est loin d’être une perte de temps que de remonter le temps, de temps en temps. Dans la présente réflexion, nous allons remonter le temps. Ce retour en arrière a pour unique objectif de revenir en classe primaire, en vue de faire un peu de grammaire, mais surtout, un peu de figure de styles. Nous savons bien qu’en français, elles sont presque innombrables. Mais, rassurez-vous, je vous en ferai grâce, pour ne vous parler que d’une : la paronymie. Elle consiste, peut-on lire dans le Robert en ligne, « à substituer un élément par un autre qui lui est proche phonétiquement… La paronymie est un rapport lexical entre deux mots dont le sens diffère, mais dont la graphie ou la prononciation sont très proches, de sorte qu’ils peuvent être confondus à la lecture ou à l’audition. » C’est, à juste titre, où je voulais en venir. Donc, on s’arrête là, avec le rappel de cette notion si délicate de grammaire.
Ainsi, l’intelligence langagière qui, le plus souvent, revêt diverses formes, est le fil conducteur devant nous conduire au cœur du débat que nous nous proposons de faire. Déjà, pour apprendre à mieux établir le distinguo entre certains vocables qui tendent à prêter à équivoque, tâchons d’emprunter ces mots de Paul Valéry : « entre deux mots, il faut choisir le moindre », tiré du poème « Tel quel », lequel incarne la maturité artistique et reflète l’engagement intellectuel et philosophique de l’auteur. Moi, j’y ajouterais que les mots n’ont de sens que par nous-mêmes, si bien, qu’a priori, ils sont neutres, pour ne pas dire innocents. Par voie de conséquence, la différence réside dans l’usage qu’on en fait, entre sens générique, lexical, métaphorique, propre ou figuré, partout ailleurs, et notamment en Ayiti. En effet, dans l’Ayiti de l’heure, depuis un certain temps, des guêpes enragées, de véritables résolu-cons ruminent le « révolu-son », sous prétexte qu’elles ont pris la Résolution de faire à nouveau la Révolution. Il s’agit en effet de guêpes dont les bourdonnements n’inspirent aucunement confiance, mais qui, au contraire, font peur. Quel mal à propos, que des mercenaires, dealers de drogues et apatrides pensent qu’ils peuvent continuer à insulter l’intelligence de toute une nation, tout en se gaussant de l’innocence et de la naïveté du peuple ! Quelle incohérence, que de résolu-cons fredonnent les mêmes révolu-sons sur d’étonnantes vieilles notes, pour une ambiance délirante où la cacophonie est la maîtresse d’une cérémonie décousue et médiocre ! On dirait, qu’après deux siècles de l’une des plus grandes prouesses historiques de l’histoire universelle moderne, ce n’est seulement que maintenant, Ayiti fait ses premiers pas vers le romanticisme. Cependant, bizarrement, elle le cherche, non pas dans la production littéraire, mais par le biais de l’ironie et du cynisme politique. Le degré de déraisonnement qui a caractérisé le romanticisme d’Alfred de Musset dans quelques-unes de ses plus célèbres phrases : « Le jour où l’Hélicon m’entendra sermonner, mon premier point sera qu’il faut déraisonner. (…) Que celui-là rature et barbouille à son aise, Grand homme, si l’on veut ; mais poète, » est plus que présente dans la démarche de guérilla de droite de ces éternels mercenaires à la solde de l’internationale. Ils font partie de ce plan pour maintenir Ayiti dans les affres, non pas seulement du sous-développement et de la misère abjecte d’autrefois, mais aujourd’hui, plus que jamais, dans l’anarchie et le chaos, tout en la convertissant en un théâtre macabre d’instabilité politique, de banditisme d’État et d’insécurité généralisée. Les instigateurs de cette machination sont tellement puissants que ces privilégiés, qui sont dans le secret des dieux, sont si bien payés et protégés, qu’ils n’osent pas les dénoncer. Ce qui a constitué, en quelque sorte, le manifeste du mouvement romantique au début du 19e siècle, ne pourrait mieux faire le portrait fidèle des tenants de la politicaillerie ayitienne des trois dernières décennies.
Cela fait très exactement sept ans, depuis la publication, sur le groupe Chronique de la Renaissance d’Ayiti que j’ai l’insigne honneur d’administrer, d’une réflexion similaire, autour de l’ingérence de l’ex-première dame et ex-épouse du défunt dictateur Jean-Claude Duvalier. Celle-ci intervient à l’occasion dans les affaires internes d’Ayiti, tel qu’il est d’ailleurs dans les habitudes des agents transnationaux et internationaux à la solde des patrons internationaux, pour faire croupir davantage le pays dans le marasme économique, la misère abjecte, la pauvreté, l’instabilité politique. Et, depuis ces trois dernières années, ils le précipitent davantage dans l’insécurité chronique, sombrant ainsi le pays dans l’anarchie la plus totale. Il me plait donc aujourd’hui de répliquer la même réflexion, tout en la recontextualisant par rapport au phénomène de l’heure, bourré de leurres, du corsaire Guy Philippe. En effet, je me propose volontiers de reprendre ce texte, pour le diffuser le plus largement, pour la mémoire des sans-mémoires. En tant que fils de cette terre de liberté, de fierté, de grandeur et de bravoure, il m’est un devoir civique et patriotique de dénoncer cette farce qui s’inscrit dans un agenda des seigneurs du pays, dont nous ne savons pas encore la finalité. Il est plus que clair que le mercenaire Guy Philippe est en mission. Il ne fait que répondre positivement au complot international avec les consorts transnationaux, contre le peuple ayitien. Plus qu’un rebelle ou un insurgé ou encore moins un révolutionnaire, Guy Philippe est un réactionnaire, un tortionnaire, un fauteur de trouble, utilisé au besoin et à volonté par les forces anti-changement nationales et internationales, en Ayiti. Il ne cherche qu’à être propulsé sur l’avant-scène, dans le but de maintenir le statu quo en faveur des bandits légaux du PHTK, pour s’assurer de la reproduction du système, dans l’éventualité du prochain scrutin général, peu importe quand il aura lieu. Bien malheureusement, la validité du texte reste intacte, comme si le temps était resté figé, à la croisée de notre histoire de peuples. Entre nihilisme et cynisme, sur fond d’un piètre romanticisme, porte-étendard d’un déraisonnement épique et sadique, mercenaire patenté, récemment libéré de prison des États-Unis, pour trafic de drogue et blanchiment d’argent, ce n’est plus un secret pour personne. Guy Philippe, chef des soi-disant rebelles contre le pouvoir Lavalas, version Jean Bertrand Aristide, en 2004, une fois de plus, se faufile dans le houage des nantis transnationaux ayitiens, avec la bénédiction de ses patrons internationaux qui lui avaient tapé sur la main, en raison de son inclinaison à l’insoumission. Ironiquement, il veut s’ériger en héros et en révolutionnaire appelé à libérer le pays des griffes de ceux-là mêmes pour qui il travaille. Paradoxalement, il a des sympathisants prêts à le placer à la plus haute magistrature du pays, pour infliger une énième souillure à la mémoire de nos ancêtres.
Les différentes « prouesses » de Guy Philippe, en termes de violences armées contre des populations sans défense, sont de réputations notoires. Pour ses représailles contre des paysans de Terrier-Rouge, celui qui pourtant s’improvise et se vante d’être un révolutionnaire, est accusé de destruction, d’incendie, de voies de fait et d’association de malfaiteurs dans le Nord-Est du pays. L’ex-commissaire à maintes reprises et ex-sénateur élu de la Grand’Anse n’est pas en odeur de sainteté. Lors de son emprisonnement pour les motifs que nous savons tous, il avait même avoué toutes les vérités liées à son pseudo mouvement révolutionnaire qui nous a valu la piètre célébration du Bicentenaire de notre Indépendance, soit la fête de la liberté, de l’abolition véritable de l’esclavage et de l’émancipation des Noirs esclavagés pendant autour de quatre siècles par les colonialistes, et maintenus aujourd’hui dans un état de stagnation par les puissances néocolonialistes et impérialistes actuelles. Les vagues de sympathie qui déferlent sur les réseaux sociaux autour du pseudo leadership politique, et de surcroît révolutionnaire, en faveur de l’homme en question, et dans certaines localités du pays, n’est qu’une plaisanterie de mauvais goût. Elles ne relèvent que de la pure indécence et de la pire incohérence, pour un Ayitien à qui il reste encore un peu d’orgueil, d’honneur, de fierté, de dignité nationale et, plus encore, de bon sens. La soi-disant posture révolutionnaire de l’homme fort de la Grand’Anse, pourrait bien faire l’objet d’appréciation de la part des citoyens authentiques du pays, dans d’autres circonstances. Cependant, provenant de lui, on n’en a que faire ! En rétrospection sur les événements historiques de 2004, il faudrait seulement être amnésique ou privé de bon sens pour donner à ce clown politique, ne serait-ce que le minimum de crédit d’une velléité réelle de chambardement du système en place dont il est un fils légitime. À mon humble avis, les intempestifs « résolu-sons » du « révolu-commissionnaires » sont d’une impudence ahurissante et d’un cynisme burlesque. Il devrait savoir que son obsession pour sa propulsion dans l’arène politique ayitienne est une insulte à la nation, du moins, aux vrais révolutionnaires du pays. Car, je demeure convaincu, qu’il y en a encore. Le sort qui devait lui être réservé, c’est d’être jugé pour crime de haute trahison, et contre la sureté de l’État. Depuis son retour, après avoir purgé sa peine pour les crimes internationaux que nous connaissons tous, comment peut-il prétendre se propulser au-devant de la scène politique du pays ? Je serais le premier à lui prêter une certaine attestation, s’il n’était pas qu’un traître et qu’un mercenaire. C’est tout simplement indécent et amoral de continuer à se gausser de la bravoure du peuple ayitien. Cet acharnement à nous tourner en dérision, de manière si flagrante, ne relève que du cynisme chronique et pathétique. Dans l’intervalle, il est inconcevable que nous continuions à faire l’apologie de criminels par un plaidoyer inconscient de l’impunité houleuse et honteuse dans laquelle les bouffons sadiques du système veulent nous faire patauger. Il est plus que clair que l’audace et l’arrogance dont Guy Philippe fait preuve, en se leurrant lui-même des éloges d’une fausse révolution, ne sont rien qu’un artifice pour créer des diversions, en vue de servir l’agenda du Blanc. Comment aujourd’hui oser s’ériger en ces magiciens qui résoudront tous nos problèmes et guériront tous les maux du pays, quand on y a contribué ? Bien qu’à l’échelle presque globale de l’Amérique latine, la tendance honore le retour de la droite prédatrice et impérialiste au pouvoir, sous aucun prétexte, ici en Ayiti, nous n’allons laisser la barque nationale faire naufrage dans les eaux bourbeuses de cette droite conservatrice, réactionnaire, extrémiste et génocidaire, et ce, même si cela leur vaudrait, comme ils en ont l’habitude d’ailleurs, de passer sur nos cadavres. Il est inacceptable, que ceux qui ont causé préjudice à la nation, hypothéqué nos intérêts et porté atteinte à la vie de la population, en leur temps, rien que pour perpétuer leur règne, de les voir revenir après, sans la moindre vergogne, pour se déguiser en sages conseillers et analystes de la situation politique et sociale du pays, pour se faire bonne conscience. Il nous faut véritablement combattre, dans ce pays, cette tendance à l’amnésie collective et cesser de confondre indulgence et impunité.
Les appréhensions de révolution sans pondération de Guy Philippe auraient été d’un salut exemplaire pour le pays, s’il n’était pas un vendu au départ. Fort de toutes ces considérations, je pense très sincèrement qu’il se pose là un sérieux problème d’éthique et de morale, que ce corsaire veuille s’ériger en révolutionnaire, appelé à mener le pays vers la voie du salut tant recherché. Son temps est bel et bien révolu. Certes, la renaissance d’Ayiti doit se faire dans un front d’inclusion. Mais, sous aucun prétexte, elle ne peut entrer dans cette dynamique indécente de l’apologie de l’impunité, de la corruption et de l’apatridie. À un moment donné de la durée, les criminels de tout plumage doivent rendre compte et purger leur peine pour les crimes de haute trahison perpétrés contre les plus hauts intérêts de la nation. Il est un impératif, pour tous ceux-là qui veulent servir le pays et non pas s’enrichir, de savoir que leur mission première est la défense du territoire national, la garantie des biens et l’intégrité physique et morale des concitoyens, par la quête incessante d’un mieux-être et d’un lendemain meilleur pour la population, dans son entièreté. Cependant, cela ne peut se faire que par la mise sur les rails du développement endogène et durable du pays, sur la base de la justice, de la cohésion, de l’inclusion et de la soutenabilité sociale, politique et économique.
05/02/2024
Jean Camille ETIENNE,
Arch. Msc. en Politique et Gestion de l’Environnement