L’ancien chef rebelle et ancien sénateur élu de la Grand’Anse, Guy Philippe, est désormais
libre. Guy Philippe a été libéré, le samedi 2 décembre, après trois jours en garde à vue, à la
Direction Centrale de la Police Judiciaire.
L’ancien sénateur élu de la Grand’Anse avait été appréhendé par la Direction Centrale
de la Police Judiciaire, le jeudi 30 novembre 2023, à son atterrissage à l’aéroport Toussaint
Louverture. L’ancien commissaire de police, déporté par les États-Unis d’Amérique après
avoir purgé sa peine « pour blanchiment d’argent et trafic de drogue », avait été sous le
contrôle de la police judiciaire puisqu’il était frappé d’un mandat d’amener pour son
implication présumée dans l’attaque perpétrée contre le commissariat des Cayes, la prison
civile et l’UDMO en 2016.
Cette attaque avait été menée, selon le rapport de la Direction Centrale de la Police
Judiciaire, transmis au Commissaire du Gouvernement des Cayes le 23 juin 2016, dans la nuit
du dimanche 15 au lundi 16 mai 2016, coûtant la vie au policier Tison Jean-Louis et faisant
des blessés, dont les policiers Wendy Dorléan et Dubé Jean-Baptiste.
Selon le rapport de la DCPJ, cette attaque a été planifiée au cours d’une rencontre
tenue par un groupe de présumés bandits se faisant passer pour des membres des forces
armées d’Haïti, sous l’égide du nommé Guy Philippe, assisté de ses chefs de troupes tels que
les nommés Yves Jeudy, Michel Alophène, Joseph Willy, Lafalaise, Athanaël Joseph,
Kòmandan Cédras, Kòmandan Renard, tous ainsi connus et consorts. La mission, dit le
rapport, était simple: attaquer le Commissariat des Cayes, déposséder les policiers de leurs
armes à feu, et s’approprier des armes stockées au dépôt de l’UDMO/Sud.
« Il est rapporté que c’était dans ce sens que, dans la nuit du 15 au 16 mai 2016, plus
d’une cinquantaine d’assaillants, après avoir dépossédé de paisibles citoyens de leurs
véhicules, se sont dirigés vers le commissariat des Cayes pour exécuter ce plan d’attentats en
série », note la DCPJ qui précise que des policiers ont été maîtrisés, malmenés, battus et
désarmés.
L’ex-chef de la rébellion armée contre l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, Guy
Philippe, devait comparaître devant la justice des Cayes. Inculpé dans le cadre de l’enquête
ouverte sur l’attaque contre le Commissariat des Cayes ayant coûté la vie au policier Tison
Jean-Louis en 2016, l’ancien Sénateur élu devait être transféré aux Cayes pour être auditionné,
ce qui n’a pas été le cas.
En 2017, Guy Philippe a été condamné à neuf ans de prison par un juge fédéral de
Miami, après avoir plaidé coupable à une accusation de complot de blanchiment d’argent,
impliquant des allégations selon lesquelles il avait empoché plus d’un million de dollars
auprès de trafiquants de cocaïne colombiens. Bien qu’il ait conclu un accord de plaidoyer avec
les procureurs fédéraux pour éviter de passer le reste de sa vie en prison, il a continué à
clamer son innocence et a accusé les autorités américaines de l’avoir «kidnappé».
Le jeudi 30 novembre, Guy Philippe, ex-sénateur de la Grand’Anse, élu en 2016, a été
rapatrié à bord d’un avion de l’ICE qui est arrivé à Port-au-Prince à 9h49 avec une dizaine
d’autres Haïtiens, également déportés par les autorités américaines.
Guy Philippe (55 ans) ex-sénateur la Grand’Anse, élu en 2016, ancien commandant de
la police haïtienne qui a conduit la rébellion en 2004 qui a renversé le Président Jean-Bertrand
Aristide, a été rapatrié à Port-au-Prince à bord d’un avion de Immigration and Customs
Enforcement (ICE) qui a décollé d’Alexandria, en Louisiane, à 5h57 du matin et est arrivé à
Port-au-Prince à 9h49, avec une dizaine d’autres Haïtiens également déportés par les autorités
américaines.
Libéré le 7 septembre dernier aux États-Unis, Philippe était détenu dans un centre de
rétention de Immigration and Customs Enforcement (ICE) en Géorgie, en attendant d’être
rapatrié en Haïti, après avoir purgé 7 ans de prison pour complot de blanchiment d’argent lié
au trafic de drogue avec des Colombiens. Son rapatriement aurait été retardé par le
gouvernement haïtien qui n’avait pas répondu favorablement à la demande américaine de le
renvoyer en Haïti.
À son arrivée, Guy Philippe a été mis en garde à vue et a subi un interrogatoire à la
Direction Centrale de la Police Judiciaire.
Rappelons que Guy Philippe, sous mandat d’arrêt international, décerné contre lui par
l’agence des États-Unis de lutte contre la drogue (DEA), depuis plusieurs années, pour son
implication présumée dans le trafic de stupéfiant, avait été arrêté en Haïti (avant sa prestation
de serment au Sénat) par des agents de la Brigade de Lutte contre le Trafic de Stupéfiants
(BLTS), le 5 janvier 2017, puis transféré aux USA, le jour même, où il a été condamné à 9 ans
de prison. Après avoir plaidé coupable pour éviter la prison à vie (suite à un accord avec la
justice), il a continué à clamer son innocence, accusant les États-Unis de l’avoir enlevé.
Son retour soulève beaucoup de questions, car on ne sait pas exactement quel rôle, le
cas échéant, Philippe pourrait jouer en Haïti, alors qu’il ne s’est jamais caché, qu’à son retour,
il s’impliquerait de nouveau dans la politique… On ne sait pas non plus qu’elle relation il
pourrait y avoir entre lui et l’ex-policier Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », chef de la
Coalition du G 9.
Emmanuel Saintus