C’est en terre étrangère, en Arabie Saoudite, que le premier ministre Ariel Henry a
commémoré les 220 ans de la bataille de Vertières. Aucune activité commémorative
gouvernementale n’a été organisée en Haïti, le samedi 18 novembre 2023, à Vertières, pour
rappeler la prouesse de nos ancêtres. Dans un message pré-enregistré, le chef du
gouvernement a appelé à «soigner Haïti», dans la perspective d’œuvrer pour la restauration
des institutions démocratiques et de l’état de droit.
220 ans depuis que l’armée indigène a défié l’armée française. 220 ans depuis que la
bataille épique de Vertières s’est réalisée, conduisant, quelques mois après, à l’indépendance
de la République d’Haïti, le 1 er janvier 1804.
«Nous commémorons Vertières parce que c’est une fierté, c’est notre devoir», déclare-
t-il, d’entrée de jeu dans son allocution.
Dans son discours, le premier ministre Ariel Henry évoque la situation catastrophique
dans laquelle se trouve le pays. Néanmoins, il croit que les citoyens doivent prendre des
dispositions pour se relever et redresser la barque du pays. Ariel Henry estime que «cette
commémoration est l’occasion de nous rappeler, en Haïti, que l’indépendance n’a été possible
uniquement parce que nous avons su réaliser l’union, en vue de changer le destin».
«Nous avons fait la Bataille de Vertières, le 18 novembre 1803, proclamé notre
indépendance en 1804, nous pouvons encore gagner des guerres pour le présent et le futur.
Nous devons retrouver l’union qui a conduit à ces victoires. La même formule nous conduira
encore à la victoire», estime Ariel Henry.
Compte tenu de la situation, Ariel Henry appelle à «soigner Haïti», pour enfin hisser le
pays sur le chemin de la stabilité et du développement.
«Soigner notre pays, c’est prendre sur nous-mêmes, comprendre que nous avons un
rôle à jouer, que le pays c’est nous tous et chacun de nous ; Soigner Haïti, c’est la projeter
différemment de ce que les clichés, l’indifférence et la violence veulent nous faire croire tous
les jours; Soigner Haïti, c’est comprendre les défis environnementaux qui s’imposent à nous,
parce que nous avons manqué à nos devoirs; Soigner Haïti, c’est œuvrer pour la restauration
des institutions démocratiques et de l’état de droit, parce que c’est notre choix, en tant
qu’Haïtiens, et parce qu’il est plus que temps de redonner la parole au peuple souverain et de
laisser parler les urnes», explique le titulaire de la Primature.
Ariel Henry, dans sa demande de soigner Haïti, croit qu’il faut que l’on arrive à
comprendre qu’il y a un combat à mener pour que les Haïtiens aient envie de demeurer chez
eux, parce qu’ils peuvent y vivre, y travailler et se construire un avenir pour eux-mêmes et
pour leur famille.
«Soigner Haïti, c’est avoir la conviction que le meilleur est devant nous, que la
Bataille de Vertières, le 18 novembre 1803, la proclamation de l’indépendance, le 1 er janvier
1804, ont créé entre chaque femme, chaque homme, nés ou à naître sur cette terre, des liens
qui font qu’ils peuvent se parler, se comprendre et être, pour le monde, des exemples
d’humanité, de bienveillance et de dépassement de soi», conclut-il.
Ariel Henry rappelle que son gouvernement est en train de reconstruire une force de
défense nationale, car, selon lui, «l’armée haïtienne a besoin de se renouveler et de se donner
de nouvelles missions, adaptées à l’époque actuelle et aux enjeux modernes de défense du
territoire et particulièrement contre les menaces naturelles, accrues qui ont tendance à
augmenter considérablement, avec les changements climatiques.»
«C’est notre devoir d’accompagner les efforts du commandement de notre nouvelle
armée, pour que des femmes et des hommes, bien formés et bien équipés, se mettent, comme
la population le souhaite, au service de la sécurité et de la dignité de la nation haïtienne»,
indique-t-il.
Emmanuel Saintus