La ville de Port-au-Prince fête son petit carnaval dans un climat d’insécurité et des difficultés
économiques. Kidnapping à répétition, rationnement du courant électrique, instabilité politique,
chômage, assassinat de policiers, sans oublier l’inflation, les Port-au-Princiens ont décidé malgré tout
de célébrer leur carnaval au Champ-de-Mars. Des personnes venues de partout ont décidé de braver
les dangers pour répondre à l’appel de la mairie de Port-au-Prince qui avait lancé officiellement cette
grande fête populaire qui peine à retrouver son visage d’antan depuis des années, en raison de la crise
sociopolitique et économique qui frappe de plein fouet le pays. En raison de l’insécurité et du black-
out, les responsables de la Mairie de Port-au-Prince avaient annoncé la semaine dernière que le
carnaval de cette année se déroulerait dans la matinée, de 10 heures du matin jusqu’à 6 heures de
l’après-midi. Dimanche 20 février, c’était vraiment le cas pour la première journée. Sous un soleil de
plomb, le coup d’envoi du carnaval a été donné avec des défilés artistiques et peu de bandes à pied
qui créent l’animation sur un parcours raccourci.
Au début, le parcours était quasiment vide. On pouvait remarquer les travailleurs de la presse,
des marchands, des policiers mais la grande foule n’était pas au rendez-vous. Toutefois, le nombre de
participants allait augmenter considérablement dans l’après-midi, lorsque les chars musicaux
commençaient à créer l’animation sur le parcours. Les carnavaliers ont profité de cette occasion pour
danser malgré la misère, l’insécurité, le chômage et l’inflation. Grâce à l’animation du groupe
Rockfam, de l’artiste Izolan et de DJ Constant, accompagné de l’animateur Chawa, la foule a dansé
son petit carnaval qui s’est déroulé sans aucun incident majeur. Dans ce cas, on peut parler d’une
journée réussie pour la Mairie de Port-au-Prince.
L’artiste Izolan, accompagné de DJ Wayne, a fait vibrer le Champ-de-Mars. Le natif de la
commune de l’Arcahaie a créé l’animation avec un playlist bien chargé, composé des meringues
carnavalesques de son groupe Barikad Crew. Un public en liesse a profité de chanter et de danser
avec le rappeur, notamment dans les parages du Rex Théâtre, tout près du stand de la mairie.
La Police Nationale d’Haïti était présente sur le parcours pour sécuriser les carnavaliers.
Plusieurs patrouilles ont été remarquées à proximité du Champ-de-Mars. Les agents de l’ordre
étaient aussi sur le parcours pour garantir un climat de paix et de tranquillité à tous ceux qui avaient
fait le déplacement pour danser le carnaval, dans un contexte difficile.
Le déroulement du carnaval est très critiqué par une grande partie de la population, estimant
que le pays n’est pas encore prêt à la bamboche populaire. Pour ces observateurs, l’État doit
privilégier la sécurité de la population, le travail, la santé, l’éducation et surtout résoudre le problème
de l’inflation, avant d’organiser les festivités carnavalesques.
Notons que plusieurs autres villes du pays ont organisé, le dimanche 19 février 2023, leur
carnaval. Il s’agit de la ville des Cayes, de Miragoâne, du Cap-Haïtien, de Ouanaminthe, des
Gonaïves, de Dame-Marie, de Fort-Liberté, entre autres. Entre-temps, le carnaval national finit par
disparaître avec ses couleurs et images d’antan.
Autour du thème : «Rekonsilyasyon pou lapè», La mairie de Port-au-Prince , lors d’une
conférence de presse, avait lancé, le lundi 13 février 2023, son carnaval qui a lieu comme d’habitude
au Champ-de-Mars, du 19 au 21 février.
La grande nouveauté pour cette année concerne l’heure du déroulement des festivités. Selon
l’agent intérimaire Luckson Janvier, l’événement culturel se déroule dans la matinée, de 10 heures du
matin jusqu’à 6 heures de l’après-midi, en raison des troubles sociopolitiques que connaît le pays,
notamment l’insécurité et le black-out.
«L’année dernière nous avions un carnaval qui avait été organisé dans la soirée, pour cette
année nous aurons un carnaval dans la matinée», avait déclaré Luckson Janvier.
Emmanuel Saintus