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Le Sénat est contre l’intervention d’une force armée étrangère en Haïti

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D’heure en heure ou presque, la situation devient terrible pour les amateurs de champagne et de coke, encore en liesse en Haïti. Les politiciens corrompus, les oligarques pourris, les mercenaires politiques vont devoir très vite ramasser leurs gains et se retirer de la table. Ariel Henry et son équipe devraient se tenir loin des balcons.

En effet, à la suite de la résolution du Conseil des Ministres du 7 octobre, autorisant le Premier Ministre a. i., Ariel Henry, à «solliciter et obtenir, des partenaires internationaux d’Haïti, un support effectif par le déploiement immédiat d’une force spécialisée armée, en quantité suffisante pour stopper, sur toute l’étendue du territoire, la crise humanitaire causée, entre autres, par l’insécurité résultant des actions criminelles des gangs armés et de leurs commanditaires», le Sénat, en date du 9 octobre, a voté une résolution demandant au Premier Ministre de reporter l’exécution de cette décision. Cette résolution a été approuvée par les sénateurs suivants : le Sénateur de l ‘Artibonite, Gracia Delva; le Sénateur des Nippes, Denis Cadeau; le Sénateur de l’Ouest, Paul Patrice Dumont; le Sénateur de la Grand’Anse, Jean Rigaud Bélizaire; le Sénateur du Centre, Rony Célestin; le Sénateur du Nord-Est, Wanique Pierre; le Sénateur du Nord, Jean-Marie Ralph Fethière; le Sénateur du Sud, Pierre François Sildor. En voici un extrait.

« Considérant […]

L’Assemblée des Sénateurs a proposé et voté la résolution suivante:

Article 1. – L’Assemblée des Sénateurs demande au Premier Ministre de fait, Ariel HENRY, de surseoir immédiatement à l’exécution de la résolution du 7 octobre 2022.

 Article 2. – L’Assemblée des Sénateurs demande aux forces politiques, économiques et sociales, d’accorder le bénéfice de l’urgence aux discussions en cours, afin de dégager un consensus suffisant pour une sortie durable de crise.

Article 3. – L’Assemblée des Sénateurs demande au Protecteur du Citoyen de requérir l’expertise des principales organisations qui travaillent dans le secteur des droits humains, en vue d’obtenir, dès maintenant, des couloirs humanitaires qui garantissent la sortie du carburant des terminaux.

Article 4. – L’Assemblée des Sénateurs demande au Premier Ministre de fait, Ariel HENRY, d’accorder un sursis à la mise en œuvre des nouveaux prix du carburant à la pompe pour soulager les petites bourses et les plus démunis;

Article 5. – La présente résolution sera soumise à l’Exécutif aux fins de promulgation et de publication au Journal Officiel de la République Le Moniteur.

[…] »

Flot de réactions à la décision d’une intervention armés internationale en Haïti

La demande officielle du Premier Ministre de facto, Ariel Henry, autorisée par le Gouvernement haïtien, à ses partenaires internationaux de déployer immédiatement une force armée spécialisée visant à «stopper, sur toute l’étendue du territoire, la crise humanitaire causée, entre autres, par l’insécurité résultant des actions criminelles des gangs armés et de leurs commanditaires»a suscité de nombreuses réactions.

«J’ai signé cette résolution pour éviter la catastrophe humanitaire qui menace Haïti», soutient le ministre de la Planification, Ricard Pierre. Le ministre de la Planification et de la Coopération externe, Ricard Pierre, a justifié, lors d’une entrevue accordée, le dimanche 9 octobre, à une média sœur de la capitale, sa décision de signer la résolution autorisant le Premier ministre Ariel Henry à solliciter l’intervention d’une «force spécialisée armée», pour aider à surmonter la crise humanitaire en Haïti.

Camille Chalmers, économiste, professeur d’université et directeur de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) en Haïti, a affirmé, le samedi 7 octobre 2022, sur les ondes d’une radio de la capitale, que la demande du Gouvernement est le résultat d’un «chaos fabriqué pour justifier l’occupation […]. Tout est une stratégie de préparation. Il y a moyen d’organiser le chaos pour pousser la population à bout et demander une occupation militaire. Il a par ailleurs exprimé son «indignation», face à la demande d’intervention militaire, soulignant qu’Ariel Henry «n’a aucune compétence ni qualité» pour faire une telle demande.

Pour l’historien et écrivain Georges Eddy Lucien, cette décision n’a rien d’étonnant car le régime en place «continue d’être soumis aux diktats de la communauté internationale» qui assure son maintien au pouvoir, qualifiant de «sans scrupules», les membres du Conseil des ministres qui ont donné leur accord à la demande d’assistance militaire.

Pour sa part, Fritz Alphonse Jean, le Président élu de l’Accord de Montana, a qualifié de honteux qu’en 2022, des gens demandent l’intervention militaire internationale en Haïti. Steven Benoit, Premier Ministre élu de l’Accord de Montana, a déclaré: «Messieurs et dames les Ministres du régime PHTK #3, vous venez de commettre un crime de haute trahison. Préparez-vous à payer les conséquences de ce crime horrible. La violation du droit est “toujours “ temporaire». Il ajoute: «notre chère Constitution (1987), la vraie, non amendée) vient d’être piétinée à nouveau. Les criminels paieront très cher leurs forfaits».

Pierre Espérance, Coordonnateur général du Réseau National de la Défense des Droits Humains (RNDDH), voit dans cette décision une «trahison» envers la Nation. Pour lui, l’objectif du Premier Ministre Henry et du PHTK n’est que «la consolidation de leur pouvoir, l’impunité et la corruption». Pierre Espérance affirme que Ariel Henry et le PHTK ont eux-mêmes créé cette situation dans le pays, afin de demander cette intervention militaire.

Selon le Dr. Guibert Barthélemy, intervenant samedi à l’émission «Ranmase», la coalition au pouvoir, en autorisant le débarquement de troupes étrangères sur le territoire national, en flagrante violation de l’article 263-1 de la Constitution, a placé Haïti «dans la phase opérationnelle d’un génocide programmé.»

L’ex-sénateur Moïse Jean-Charles, leader du Parti Politique «Pitit Desalin», a suggéré que le tiers du Sénat déclare «Ariel Henry, apatride», soulignant que l’OEA ne peut en aucun cas demander à Ariel Henry, un dirigeant de facto, d’engager la Nation sans un consensus haïtien.

Le Secteur Haïtien des Transports Terrestres (STIH) et les autres syndicats des transports, tels que (APCH), Propriétaires des Véhicules du Bas Artibonite (SCPVBA), la Fédération Nationale de Transports et des Travailleurs Haïtiens (FENATRATH) «condamnent la décision du gouvernement du Premier Ministre Ariel Henry de demander aux soldats étrangers de marcher sur le sol de Papa Dessalines, ce que nous qualifions de trahison». «Nous condamnons le comportement du Gouvernement qui ne fait pas appel à la sagesse pour entendre la voix du peuple haïtien dans la rue, mais demande plutôt l’aide internationale pour que des soldats étrangers viennent l’aider.»

De son côté, l’OEA espère que l’ONU pourra donner une réponse rapide à la demande d’Haïti. Le vendredi 7 octobre, Luis Almagro, le Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), à l’issue de la 52e Assemblée Générale de l’organisation, à Lima, a exprimé l’espoir que l’ONU «puisse donner une réponse rapide» à la demande du Gouvernement d’Haïti pour un «déploiement immédiat d’une force armée spécialisée». «Nous espérons que le système des Nations Unies, qui dispose de meilleures capacités en termes de ressources humaines, financières et matérielles […] pourra apporter une réponse rapide, cela va être notre objectif. Nous espérons que les pays du système interaméricain au Conseil de sécurité travailleront sur cette question pour faire avancer d’urgence la demande faite par Haïti.»

Almagro estime qu’en Haïti, la population vit sans carburant, sans conditions sanitaires, sans eau potable, sans accès aux soins de santé, peu de nourriture et les enfants sont privés d’écoles… Il souligne, en conclusion: «Nous sommes dans une situation d’implosion dans ce pays, qui nécessite une action urgente à cet égard». Il rappelle que lors de la première session plénière de la 52e Assemblée générale de l’OEA, les 19 pays membres ont approuvé une résolution exprimant leur inquiétude face à l’insécurité que connaît Haïti et considèrent la nécessité de renforcer le système judiciaire et la société civile en Haïti, de lutter contre l’impunité et la corruption, et de clarifier les différents crimes commis dans ce pays et de réaffirmer les principes inscrits dans la Charte de l’Organisation des États américains, notamment ceux liés à la démocratie et à la sécurité sociale.

Emmanuel Saintus

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