Le cambriolage du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince n’est plus un événement, il est devenu normal. Cette situation, selon le juge Jean Wilner Morin, président de l’ANAMAH, est affligeante. Suite à cet énième cambriolage, Jean Wilner Morin, le président de l’ANAMAH, juge indispensable que les autorités judiciaires fassent l’inventaire des documents perdus dans les dossiers, afin d’avoir une première impression, tout en plaidant pour la poursuite de l’enquête sur les cambriolages de 2019. «Nous devons trouver les auteurs et les appréhender», dit-il. M. Morin a rappelé que la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) avait rédigé un rapport, suite à l’enquête sur le cambriolage en 2019. Par ailleurs, le juge Morin déplore l’inaction des autorités judiciaires et policières pour faire la lumière sur les vols et rétablir un climat sécuritaire au tribunal.
À noter toutefois que le doyen du tribunal, M. Bernard Saint-Vil, avait récemment indiqué que des dossiers importants, dont celui sur l’assassinat de Jovenel Moïse, avaient été transférés en lieu sûr.
Par ailleurs, aux Gonaïves et à Jacmel, des manifestants sont descendus dans la rue pour exiger une amélioration des conditions de vie de la population. Pris sous l’emprise de gangs sur des autoroutes stratégiques, les citoyens haïtiens réclament à grands cris une intervention énergique pour rétablir l’ordre.
L’ancien président du Sénat, M. Youri Latortue, retourne dans la rue, dans le cadre de la reprise des manifestations anti-gouvernementales.
Aux Cayes et à Miragoâne, des milliers de personnes ont exprimé leur soutien aux leaders de Parquet, réputés pour leur ténacité dans la lutte contre les gangs. Le commissaire du gouvernement des Cayes, M. Ronald Richmond, a été porté à bout de bras par une foule en liesse. Les citoyens critiquent les avocats du barreau qui ont réclamé la destitution du magistrat. De nombreux avocats sont considérés comme corrompus par l’opinion publique. À Miragoâne, le commissaire Jean Ernest Muscadin est tenu en haute estime par les citoyens. Il est considéré comme un justicier. Les dirigeants de Parquet sont perçus comme des protecteurs par les citoyens qui se considèrent comme la proie des gangs. Pire encore, aujourd’hui, les dirigeants de Parquet sont perçus comme des personnalités indépendantes de l’appareil d’État.
À rappeler que, après l’enlèvement de tous les passagers de 2 minibus, les hommes du gang «5 Secondes», de Village-de-Dieu, ont pris d’assaut (vendredi 10 juin) le Tribunal de Première Instance (TPI) de Port-au-Prince au Bicentenaire. Des tirs intenses d’armes automatiques avaient été entendus pendant plus d’une heure entre les bandits et les forces de police, semant la panique… Tout le monde courait dans toutes les directions à perdre haleine, certains abandonnant leur véhicule trop exposé, pour sauver leur vie. Des greffiers, des avocats, des juges et du personnel qui se trouvaient encore dans le TPI, étaient dans l’impossibilité de quitter les lieux, sans risquer de tomber sous les balles…
Grâce à l’intervention des forces de l’ordre, appuyées par deux blindés de la police, toutes les personnes ont pu finalement être évacuées du Palais de justice. Un parquetier aurait été blessé par balle à la jambe, mais on ne rapporte aucun mort.
Altidor Jean Hervé