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Guerre en Ukraine: la diplomatie haïtienne patine sur la glace

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Entre le 8 décembre et le 12 décembre 1941, cette portion de l’île, avec ses 27750 kilomètres carrés, avait déclaré la guerre aux Allemands, aux Italiens et aux Japonais. Les Haïtiens, champions de la liberté, qui prétendaient combattre les nazis qui créaient les camps de concentrations pour le contrôle et l’extermination des Juifs, allaient emprisonner des ressortissants Italiens et Japonais, illégalement, sur notre sol. Un coup fort de la diplomatie haïtienne, démagogue, qui exposait, à la destruction, tout un peuple, tout en salissant en même temps notre réputation de pays souverain, juste pour faire plaisir à des anciens colons. Le régime du président Élie Lescot n’allait pas durer longtemps car le peuple haïtien n’avait pas voulu lui pardonner les bassesses et les multiples collaborations, dignes de trahison, avec les étrangers, contre les intérêts nationaux.

De facto ou pas, le premier ministre-président, docteur Ariel Henri, avait martelé qu’il a le droit de déclarer la guerre. Après une telle déclaration en plein air, dans une station de radio locale, en guise d’exiger une rectification ou une explication légale, les journalistes présents avaient répondu par le ridicule. En effet, le chef de la diplomatie haïtienne d’alors, avec ses multiples tweets et déclarations à la tête de l’État haïtien démontra clairement qu’il pouvait tout décider de tout, sans consultation avec les autres organes étatiques, comme ce qui reste du Parlement (ces 10 sénateurs qui siègent encore) et les acteurs de la classe politique haïtienne. Agissant en bon «après-Dieu», son prédécesseur, le feu président Jovenel Moïse, il dirige le pays comme un gouverneur général d’Haïti à vie, avec la complicité de la Communauté Internationale.

Comme première action dans cette crise ukrainienne, Haïti, sous l’ordre du premier ministre-président haïtien, a voté pour condamner l’agression russe contre l’Ukraine. On comprend bien que les États-Unis peuvent faire pression sur certains pays pour les rallier à leurs causes. Mais, dans le cas d’Haïti, il semble qu’on offre gratuitement notre allégeance aux intérêts des États-Unis et des pays de l’OTAN, sans aucune exigence en contrepartie.

Dans une entrevue avec le président Vladimir Poutine, un journaliste lui avait demandé s’il se croit ami ou ennemi des Américains (de l’OTAN)? Sa réponse fut sans équivoque, il a dit qu’il est le président de la fédération russe, il n’est pas ami de quiconque. Donc, il défend les intérêts de ses 146 millions de citoyens. Une leçon de diplomatie s’avère urgente à nos dirigeants. Pourquoi continuer à parler des pays amis d’Haïti et non pas de pays qui soient nos alliés? On nous fait croire que les pays qui nous font la charité sont nos amis. Bizarrement, tous ces pays du CORE GROUP et ceux du G7 ont un passé colonial et esclavagiste qui devrait nous porter à reconsidérer nos positions et à négocier mieux nos votes.

En fait, les Espagnols, les Français, les Anglais, les Américains et, récemment, les Chiliens et Brésiliens, avaient tous occupé (par la force des armes) Haïti, à un moment donné de notre histoire. Le premier pays d’Europe à reconnaître l’indépendance d’Haïti sans condition c’était l’empereur Russe, Alexandre 1er, en 1821. Certes, nos décisions ne peuvent pas être prises uniquement sur des faits historiques. Il faut voir, dans toutes les crises internationales, quels sont les enjeux pour Haïti. Si nous allons voter contre la plus grande puissance nucléaire actuelle, il est important d’exiger des Américains et Européens une certaine garantie de protection, au cas où les Russes décideraient de réagir, en s’attaquant militairement aux proies faciles comme Haïti. Il nous faut de vrais alliés, capables de nous aider à lutter contre les adversaires internes et externes, pas de faux amis traditionnels qui ne respectent pas notre souveraineté et notre droit à l’autodétermination.

Le deuxième vote favorable d’Haïti pour expulser les Russes du Conseil des droits humains n’est pas du tout compréhensible. Le gouvernement du premier ministre-président, Dr Ariel Henry, semble n’avoir voté que par loyauté et soumission aux Américains contre les Russes. Entre-temps, des petites Antilles de la taille de la Gonâve comme St-Vincent et les Grenadines, avaient décidé de s’abstenir. Quelle est la logique ou le raisonnement derrière nos votes dans les affaires diplomatiques? Avons-nous déjà oublié qu’Haïti avait voté contre le nazisme que les Russes en ce moment prétendent combattre en Ukraine? Face à une telle complexité dans cette crise européenne, à des dizaines de milliers de kilomètres de notre territoire, la sagesse devrait nous obliger à ne pas nous mêler d’un conflit qui ne nous regarde pas. Tout comme nos frères africains, laissons les néo-impérialistes et néocolonialistes résoudre leurs différends.

Sans respect pour les réfugiés haïtiens à l’étranger dont les droits d’asile et de réfugiés sont souvent mis en question, sans respect pour ces milliers de réfugiés et déplacés des zones de guerre, contrôlées par les milices meurtrières, le gouvernement haïtien montre son hypocrisie et son incohérence dans ces dossiers qui ne nous regardent pas. Des millions de réfugiés ukrainiens sont acceptés en Europe, des centaines de milliers seront bienvenus aux États-Unis. Pourquoi montrer l’indifférence contre son propre peuple, face aux problèmes internes auxquels les Haïtiens font face, depuis des années, tout en prétendant ne s’intéresser qu’à la cause ukrainienne?

Ces technocrates, corrompus et incompétents au pays, cherchent une certaine visibilité et reconnaissance de la Communauté Internationale, complice de nos malheurs et de notre misère. C’est pourquoi, quand les Blancs lèvent la main pour voter, comme des macaques, on lève la main aussi pour voter comme ils votent. Voilà à quoi se résume notre diplomatie dans les enceintes des Nations Unies. La diplomatie haïtienne patine sur la glace en Ukraine, pendant que notre pays brûle dans l’enfer des gangs.

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Journal Haïti-Progrès

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