À l’heure d’écrire ces lignes, la faculté d’ethnologie semble être aux abois. Plus de trois semaines que les portes de l’administration sont fermées, les murs sont truffés de revendications, malgré certaines tentatives de les repeindre. D’un bout à l’autre, partout ce sont des blocages. Avec la publication des résultats du concours d’admission, on a réveillé la crise électorale qui dure depuis un an et qu’on croyait morte dans l’œuf. En s’accrochant ainsi au décanat, les dirigeants prolongent la faculté dans un état d’anarchie.
En effet, à la tête de la faculté, on a comme l’impression qu’un réseau mafieux a pris la faculté en otage. Le 15 janvier 2021, ils nous ont donné l’illusion que les élections allaient sonner le glas de cette administration par intérim, mais ce n’était qu’une mascarade électorale. On comprend que derrière les manœuvres, les combines électorales, leurs véritables intentions étaient de garder le pouvoir. Les étudiants, qui ont refusé de se courber devant les galons de ces officiers et qui décident de ne pas demeurer dans une inertie, face à ces événements, se sont révoltés.
La situation est bien révoltante, en effet. La conscience estudiantine s’insurge chaque jour contre les scandales qui se produisent au sein de l’administration, au nom du droit du plus fort ou pour maintenir les quelques privilèges. La machine décanale, chargée de maintenir l’ordre existant, se bute et s’arrête, car ses rouages sont détraqués. Son fonctionnement devient de plus en plus difficile car les mécontentements vont toujours croissants.
Dans leur démagogie, ils ont voulu faire de l’université un lieu d’individus abêtis et clonés. Car au sein même de la faculté, Il mène une politique de prolétarisation des intelligences ou toute protestation doit être étouffée à la base, pour que les étudiants ne deviennent qu’un troupeau inculte et malléable, à la solde de quelques loups. En même temps, ils sont en train de dissiper toutes les formes de valeurs intellectuelles.
Avec ce système qu’ils mettent en œuvre, nous sommes en rupture complète avec ce que doit être réellement une université. Loin d’être un fantasme, loin d’être un mythe, elle est une triste réalité. Ils assassinent les fondements mêmes de l’université, en conservant la tache morale de l’autoritarisme. Il s’agit de changer la vision que notre société a de l’université et, partant, de changer un peu la société. C’est pourquoi ils sont des bandits, au même titre que ces bandes armées qui font la loi partout dans le pays.
Comble de cynisme, au lieu d’endosser la responsabilité d’être à la base de cette crise, ils pointent du doigt les étudiants qui essaient de changer l’ordre établi, en les accusant de fauteurs de troubles. Car les poings qui se lèvent, effraient toujours les bourreaux. Et celui qui se lève, on lui crache au visage. En fait, ils ne sont que le reflet de l’organisation de cette société où ceux qui détiennent le pouvoir se servent des mots droits, justice, liberté, pour assurer leur domination, pourtant détournés de leur signification.
Eh bien ! Comme tous tyrans acculés par les insurrections, ils ont inventé un bouc-émissaire et organisent une confusion intéressée sur les évènements en cours, en se focalisant seulement sur la question du nombre de postulants. Tout cela, rien que pour fabriquer un rideau de fumée, pour cacher l’essentiel de la crise électorale!
À cet égard, il faut comprendre qu’ils se préparent à tout faire avaler aux étudiants. C’est pourquoi ils n’hésitent pas à menacer les étudiants, en invoquant la question du casier judiciaire. Ce qu’ils veulent, c’est faire régner une discipline de fer, supprimer les quelques tolérances, rendre absolue l’autorité des chefs.
Mais, à l’horizon, ce qui se dessine, ce sont encore des explosions de protestations car rien n’a été fait pour mettre fin à cette crise. Et c’est cette crise électorale rampante qui engendre l’instabilité à la faculté d’ethnologie. Ce qui est sûr, c’est que les étudiants qui veulent le triomphe de la justice, qui veulent la réalisation de leurs idées généreuses et humanitaires, n’auront plus le choix. Ou ils se battent, pied à pied, pour défendre leurs droits, leurs conditions ou il faudra qu’ils se résignent à la déchéance, comme un troupeau qu’on amène à l’abattoir.
Jean Richard Étienne