La Banque de la République d’Haïti (BRH) autorise les institutions financières à accorder, aux débiteurs du système qui souhaitent en bénéficier, un moratoire allant du 1er août 2021 au 31 janvier 2022 sur tous les prêts sains, au 30 juin 2021.
Les Sociétés financières de développement et les Sociétés de crédit-bail sont autorisées par la Banque de la République d’Haïti (BRH) à accorder un moratoire de six mois aux clients qui le souhaitent.
«Il demeure entendu que les institutions financières concernées sont tenues de soumettre à la BRH un nouveau plan d’amortissement pour chaque prêt octroyé dans le cadre des programmes incitatifs de la BRH et bénéficiant dudit moratoire», informe la Banque de la République d’Haïti (BRH).
Le lundi 9 août, le Premier Ministre de facto, Ariel Henry, a eu une séance de travail avec Michel Patrick Boisvert, Ministre de l’Économie et des Finances qui était accompagné de ses proches collaborateurs. Il a été question principalement de l’urgente nécessité de réduire le train de vie de l’État, de l’élaboration d’un budget rectificatif, d’un programme d’assainissement de l’aire métropolitaine, de la création d’emploi à même d’agir efficacement sur l’insécurité alimentaire. Cette réunion s’inscrit dans la volonté du Chef de Gouvernement d’aboutir à un rigoureux assainissement des recettes publiques et des dépenses de l’État, dans un contexte socioéconomique très difficile. Le Premier Ministre, Henry, a plaidé en faveur d’un programme d’assainissement à haute intensité de main d’œuvre, d’une politique de création d’emploi à même d’agir sur l’insécurité alimentaire qui touche sévèrement les plus démunis.
Par ailleurs, dans un message posté sur son compte Twitter, la banque centrale a informé, le jeudi 5 août 2012, avoir injecté 15 millions de dollars américains sur le marché des changes, en vue de soutenir l’offre disponible. Ce montant devrait être réparti et vendu sur le marché, selon les conditions fixées par la banque centrale. Aujourd’hui, le taux de change s’approche officiellement de la barre de 100 gourdes pour un dollar américain. Le taux de référence communiqué par la banque centrale vacille autour des 95, et 96 gourdes pour un dollar.
Cette intervention de la BRH sur le marché des changes, qui devrait permettre, à ladite institution, de soutenir l’offre de devises mais aussi de stériliser une quantité de liquidités en gourdes, n’est pas bien vu par les économistes. Pour l’économiste haïtien, William Savary, les autorités monétaires haïtiennes sont en train d’appauvrir le pays, par leur politique d’injection de dollars sur le marché des changes. «Aujourd’hui, la réserve est en dessous de 700 millions de dollars américains, alors qu’elle était supérieure à 2 milliards récemment», a d’abord expliqué l’économiste, qui plaide pour une atténuation de la mission de la BRH. L’économiste Savary souhaite la création d’un bureau d’émission de la monnaie. Ce qui pourrait permettre à la BRH de se focaliser sur sa tâche de régularisation des banques commerciales.
Selon les informations disponibles, durant le 3e trimestre de cet exercice, la BRH a vendu 104,3 millions de dollars américains, tout en captant plus de 9 milliards de gourdes. Néanmoins, cela n’a pas pu empêcher le taux de change de progresser bien que très peu, passant de 79,87 gourdes à 91,06 gourdes pour un dollar américain, au cours de cette même période, soit une dépréciation de 12,9 % de la gourde. Selon M. Savary, les décisions de la BRH sont politisées parce qu’elles s’inscrivent dans le cadre de la politique de l’Exécutif, tout en insistant sur la nécessité de rétablir la confiance de la population dans la BRH.
Altidor Jean Hervé