Nous rions de ces soi-disant dirigeants politiques qui ne sont que des experts en marchands de propositions bidon, sans contenu, ni contenant. Certains d’entre eux sont mêmes incapables de lire ou d’expliquer ceux qu’ils ont eux-mêmes accouchés sur des bouts de papier. Ces illusionnistes, idéalistes pensent qu’il y a un pouvoir qu’on va leur donner, ils ne peuvent mêmes pas arriver à un consensus, voire à un accord politique…
Ils ont poussé, à l’échec, l’initiative de la société civile. En effet, la rencontre des organisations de la société civile, convoquée par la structure dénommée «Commission de la société civile haïtienne pour la recherche d’une solution haïtienne à la crise», s’est terminée, le dimanche 18 juillet, en queue de poisson. Aucun accord ou entente n’a été signé entre les organisations de la société civile et les partis politiques. Malgré les efforts déployés par les acteurs pour parvenir à un large consensus, l’après Jovenel Moïse reste et demeure incertain, plus d’une semaine après son assassinat à Pèlerin 5.
Selon le comptable Marc Ensy Pierre, Secrétaire Général de l’Operasyon Chavire Chodyè pou yon Nouvèl Ayiti (OCCNA), l’absence du sénateur Joseph Lambert à cette deuxième journée de négociations qui s’est déroulée à Le Villate, a été l’élément principal de la mésentente. Certaines organisations ont exigé à ce que l’agronome Lambert prenne part aux discussions et reçoive du même coup les revendications des organisations populaires, notamment, celles qui ont signé le Protocole d’Entente Nationale (PEN).
Le professeur Josué Mérilien met en garde contre ce qu’il appelle «un coup d’État dans un coup d’État». Il se montre très acide quant à l’implication des acteurs issus de la famille politique de PHTK, dans la recherche de solution à la crise. Dénonçant des pressions du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti, le syndicaliste plaide en faveur d’un gouvernement composé de personnalités honnêtes, pour diriger la transition de rupture. Aussi, encourage-t-il les acteurs à faire un dépassement de soi, afin de finaliser les différents articles mis au vote le samedi 17 juillet à l’hôtel Montana.
Entre temps, le Core Group (composé des Ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union Européenne, du Représentant spécial de l’Organisation des États Américains et de la Représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies) appelle à la formation d’un Gouvernement consensuel et inclusif. Dans cet objectif, il encourage fortement le Premier Ministre nommé, Ariel Henry, à poursuivre la mission qui lui a été confiée de former un tel Gouvernement.
Alors qu’Haïti affronte de graves périls, «les membres du Groupe expriment le souhait que l’ensemble des acteurs politiques, économiques et de la société civile du pays soutiennent pleinement les autorités dans leurs efforts de rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones actuellement en proie à la violence des gangs, d’organiser des scrutins législatifs et présidentiels libres, justes, transparents et crédibles, dans les délais les plus brefs, et de s’assurer que chaque citoyen bénéficie de services adéquats de l’État.»
C’est une volte-face du Core Group, pour le moins déroutante, après qu’Helen La Lime, la Représentante Spéciale du Secrétaire Général de l’ONU et Cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), ait déclaré au Conseil de sécurité des Nations Unies, le 8 juillet dernier, que le Premier Ministre a. i., Claude Joseph, était le dirigeant responsable, citant la Constitution amendée d’Haïti de 1987.
Un porte-parole de l’ONU a refusé de commenter la position du Core Group, sauf pour rappeler que l’ONU fait partie du Core Group qui a publié la déclaration. De son côté, l’OEA a déclaré: «pour le moment, il n’y a rien d’autre à dire que ce que dit la déclaration.»
Seconde volte-face, Ariel Henry vient d’être informé, dans une correspondance datée du 16 juillet, que les signataires du Protocole d’Entente Nationale (PEN) de l’opposition et de la Société Civile, lui retiraient leur soutien, dans une missive dont voici la teneur.
« Pétion-ville, le 16 juillet 2021
Monsieur le Premier Ministre nommé,
Suite à la rencontre de ce jour, les membres de l’Opposition Politique et de la Société Civile, signataires du Protocole d’Entente Nationale (PEN), s’empressent de vous informer qu’ils prennent acte de votre volonté de former un Gouvernement, sans tenir compte du caractère bicéphale de l’exécutif, avec nombre de figures déjà décriées dans l’opinion publique, avec leur projet politique rejeté depuis plus de trois ans par la population.
Cette rencontre n’a pas permis de déceler non plus, aucune velléité de satisfaire les revendications populaires, entre autres, l’annulation des arrêtés et décrets liberticides et antidémocratiques, la tenue de différents procès des affaires PetroCaribe, CIRH etc., portées dans les dix départements du pays et dans la diaspora, à travers des manifestations massives de contestation.
En effet, la montée exagérée de l’insécurité, les massacres perpétrés dans des quartiers populaires, les exécutions sommaires, la détention illégale de militants de l’opposition, les persécutions politiques répétées, la gestion catastrophique des affaires de l’État, le projet illégitime et illégal de doter le pays d’une nouvelle constitution sur mesure, par référendum, et l’organisation frauduleuse d’élections générales dans n’importe quelle condition: tel est le tableau accablant que portent, dans leur passif, les principaux choisis de votre nouveau gouvernement en gestation.
Aussi, constatant que vous avez délibérément choisi de vous écarter des termes dudit protocole, les signataires du PEN se voient-ils dans l’obligation de vous enlever leur soutien et de poursuivre un dialogue inclusif avec les forces vives de la Nation, en vue de conclure un accord politique pour une résolution haïtienne pacifique à la crise.
Salutations patriotiques.
Sénateur Francenet Denius: VERITE; Schultz Sirnpssie Cazir, Secrétaire général du MTV Ayiti; Gérald Gilles: Forces Nationales pour la Démocratie (FND); Rodon Bien-Aimé: FND; Kénol Mathieu, Coordonnateur National de «Veye Yo»; Emmanuel Ménard, Secrétaire Général du Bloc Démocratique; Youri Latortue, Coordonnateur National de AAA; Rosemond Pradel, Secrétaire Général du Parti Fusion des Sociaux-Démocrates Haïtiens (PFSDH)»
D’autre part, le premier ministre ad intérim / panzouiste, le Dr Claude Joseph, a dit opter pour une entente entre les acteurs politiques, en vue de combler le vide institutionnel dans lequel est plongé le pays. En conférence de presse, le vendredi 16 juillet 2021, il se dit conscient de son statut de premier ministre de facto et insiste sur un accord politique.
«Je suis un premier ministre de facto», a lâché Claude Joseph en conférence de presse, le vendredi 16 juillet. Celui qui est aux commandes depuis l’assassinat de Jovenel Moïse reconnaît que la Constitution n’a pas de provision dans le contexte actuel des choses. Ariel Henry est un premier ministre nommé, non encore investi. Joseph Lambert, président du Sénat, mais la Chambre basse n’existe pas. Donc il n’y a pas d’assemblée Nationale», a poussé le premier ministre ad intérim qui lui aussi est pour un accord politique entre les acteurs politiques. «Moi, je ne suis membre d’aucun parti politique, a-t-il ajouté. J’ai été chargé d’affaires, ministres des Affaires Étrangères et premier ministre ad intérim, grâce à Jovenel Moïse», a poursuivi Claude Joseph. Il a profité de cette conférence pour rejeter la thèse selon laquelle il serait l’auteur intellectuel de l’assassinat de Jovenel Moïse, comme le prétend le journal colombien, Noticias de Caracol. «Ma plus grande priorité est que la famille du président Jovenel Moïse et le peuple haïtien trouvent justice», a conclu le «panzouiste», Claude Joseph.
Emmanuel Saintus