Dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, le président Jovenel Moïse semble avoir rendu son dernier souffle dans sa résidence privée, à Pèlerin 5. Selon les premières informations, un commando, composé de mercenaires étrangers, aurait pénétré dans sa résidence pour enfin l’assassiner. Des informations sont peu claires, sauf que le président de facto est décédé, selon l’opposition politique.
Suspense au matin de sa mort. La police qui a brillé par son absence, se lance dans une chasse pour trouver des mercenaires. Comment savoir qu’ils étaient des mercenaires ? En effet, le premier ministre a. i., Claude Joseph, qui a été révoqué peu avant l’assassinat de Jovenel Moïse, et le directeur a. i. de la Police Nationale d’Haïti, Léon Charles, impuissants, face à la puissance des gangs, promettent justice et de traquer toutes les personnes ayant commis l’acte. Là encore, on se questionne sur l’enquête. À la présidence de Jovenel Moïse, il y avait un regain des gangs, des massacres et du kidnapping. Le président lui-même a été accusé de cautionner les massacres et d’apporter son soutien au Groupe G-9. En vrai, aucune volonté n’a été manifestée pour sortir certains quartiers des traumatismes et violences des gangs. La puissance des gangs avait atteint son apogée. Des habitants de certains quartiers fuient la guerre des gangs et se réfugient dans d’autres quartiers jugés plus sécuritaires. Mais un fait est certain, Haïti est dans une insécurité totale qui inquiète presque tout le monde.
À quoi peut-on s’attendre, après la mort de Jovenel Moïse ? De la justice ? En effet, cela suscite des réflexions et de sérieux doutes. En fait, des questions se posent et seront posées encore. Parmi les plus notoires, on retient celles-ci. Comment Claude Joseph a-t-il su le nombre de mercenaires ? Comment a-t-il pu évoquer leurs langues ? Qui a annoncé la mort de Jovenel et comment a-t-il pu le savoir ? Qui a emmené sa femme, Martine Moïse, à l’hôpital ? Où étaient les policiers qui garantissaient la sécurité du président ? Que faisaient ces mercenaires en Haïti, qui les avaient fait venir, et pour quelle mission ? Cette liste de questions, loin d’être exhaustive, démontre la complication de l’enquête.
Haïti est caractérisée par des institutions faibles et dépendantes des autorités politiques. D’ailleurs, Jovenel y a si bien contribué que toutes les institutions du pays sont rendues inefficaces. Les institutions policière et judiciaire sont aussi concernées par sa volonté de tout contrôler. En effet, la présidence avait fait une mainmise totale. Des décisions maladroites de diviser la Police aux intérêts de son clan, de saboter les fonctions symboliques de la Cour de Cassation. Son silence aux revendications et assassinats des policiers. Il avait la pleine volonté de diriger le pays comme bon lui semble, sans de réelles institutions, du moins des institutions qu’il contrôle. Le destin est tracé. Il n’y a plus d’institutions crédibles !
En effet, après son assassinat, on tente de communiquer à la population pour faire taire les rumeurs. Chaque jour, il y a un point de presse de la Primature de Claude Joseph. Les réseaux sociaux s’enflamment. Chaque jour, il y a une révélation, tantôt contradictoire et rejette les premières. Les médias internationaux et surtout colombiens poussent leurs griffes pour donner des nouvelles. Une note vocale de la voix de Martine Moïse, publiée d’un media pro-pouvoir, suscite le doute. Les combats pour le pouvoir politique se font, et c’est de bonne guerre. En fait, on est dans un vrai scénario où on ne peut espérer qu’une seule chose : comme toujours, l’enquête se poursuit…
En Haïti, il n’est pas de notre tradition de poursuivre les criminels, mais plutôt l’enquête. Sur l’assassinat de Jovenel Moïse, et malgré l’expertise internationale, vu les vides qui entourent cet assassinat, l’enquête va continuer de se poursuivre, si elle a été commencée.
Dans sa mort, il va continuer de payer pour sa mauvaise gouvernance.
James L.