Quand on s’occupe d’un patient pendant des années, sans amélioration, il faut reconnaître son incapacité et, après ce constat, tirer les conséquences: dégager… Ces rencontres ne changeront rien et repousseront la capacité de l’État de répondre à la crise. Les autorités politiques ne sont plus capables d’assurer le quotidien des Haïtiens. Alors, après ce constat navrant, qu’elles dégagent. Chaque groupuscule de parti de la région a fait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter que l’orage ne s’abatte sur son peuple. Au lieu de s’unir, face à l’ennemi commun, chacun tente de dévier la main du criminel sur ses voisins. Le cas le plus emblématique est celui de ces groupuscules de partis dits de l’opposition qui changent plusieurs fois leur fusil d’épaule, donnant l’impression brouillonne d’un chien fou.
Jovenel Moïse, le de facto chef d’État, a rencontré une 2e fois la mission de l’Organisation des États Américains, le jeudi 10 juin. Au cours de cette rencontre, il dit avoir passé en revue les positions affichées par les différents secteurs de la société. Sur son compte Tweeter, le chef de l’État affirme avoir rappelé aux membres de la délégation que les élections restent la voie incontournable pour la survie de la démocratie haïtienne. Le Président de la République a également profité de l’occasion pour solliciter le support de l’Organisation, dans le cadre de l’organisation des élections, notamment sur le plan sécuritaire. «L’implication de l’OEA dans le processus sera capitale», a tweeté Jovenel Moïse, en milieu de journée. Le président avait déjà eu une entrevue avec la délégation de l’Organisation des États Américains, peu après son arrivée dans le pays, mardi dernier. Les discussions avaient alors porté sur la situation sécuritaire et sanitaire du pays.
C’est un leader du parti UNIR, découragé et frustré, qui est intervenu mercredi, pendant le grand journal du soir de Radio Métropole, quelques heures à peine après sa rencontre avec la délégation de l’OEA. «Je ressors de la rencontre avec le sentiment que cela ne donnera pas grand-chose. D’ailleurs, les membres nous l’ont dit, il faut que les Haïtiens trouvent eux-mêmes la solution à leur crise», a révélé Clarens Renois. Toutefois, cette réunion avec les diplomates, en compagnie d’autres responsables de partis du Bloc Démocratique, n’est pas un échec total. Même si certains campent sur leur position, un travail d’écoute et d’information est réalisé, affirme l’ancien journaliste. «C’est une opportunité, pour ces diplomates de l’Organisation des États Américains d’entendre un autre son de cloche et de mieux comprendre la situation. Ce qui est positif. Il faut une solution durable à la crise haïtienne. Il revient à l’OEA de nous aider à la trouver.» Mais l’exercice prouve bien que les Haïtiens ne veulent pas se rencontrer, selon l’homme politique qui déplore que, dans l’absolu, les positions ne fléchissent pas. Certains persistent à ne pas vouloir se parler, regrette-t-il.
Par ailleurs, le mandat de 30 jours du Premier Ministre a. i, Claude Joseph, qui prenait fin le 14 juin 2021, a été renouvelé pour la deuxième fois (journal le Moniteur spécial #32 du 14 juin 2021) par le président de facto, Jovenel Moïse, pour la 2ème fois et pour la même durée, depuis la démission du Premier Ministre Joseph Jouthe, en avril dernier.
À la suite de ce renouvellement, le Premier Ministre de facto, Claude Joseph, a déclaré : «je remercie vivement le Président de la République, S. E. M Jovenel Moïse, d’avoir bien voulu replacer sa confiance en moi, pour diriger le Gouvernement ad intérim. Tout en reconnaissant l’énormité des défis du moment, je suis convaincu qu’avec l’engagement solidaire et la franche collaboration de tous les membres du Gouvernement, nous continuerons à nous montrer à la hauteur de la tâche. Nous invitons, une nouvelle fois, les amis de l’opposition à saisir la main tendue du Chef de l’État, pour se mettre à la table du dialogue, en vue de la conclusion d’un accord devant conduire à la mise en place d’un Gouvernement d’entente nationale ».
Réagissant à ce renouvellement de mandat, le Sénateur Joseph Lambert, Président de la Chambre Haute, a déclaré: «la reconduction du Premier Ministre a. i., Claude Joseph, pourrait être saisie comme une décision de sagesse. Le temps pour un accord politique qui amènera enfin le Gouvernement d’union nationale.» C’est une opinion que ne partage pas André Michel, un des leaders de l’opposition démocratique, pour qui: «la reconduction de Claude Joseph est une perte de temps, à un moment où l’État est incapable de sécuriser le pays. Aucun accord n’est possible avec Jovenel Moïse […] ni cohabitation, ni élections […]»
Emmanuel Saintus