Sans doute, dans la coopération bilatérale ou multilatérale, la Culture serait un terrain politique privilégié. Elle est un outil de négociation et de pression dans les tensions diplomatiques. En effet, la Culture est aujourd’hui au cœur des relations diplomatiques. Ainsi, les ministères de la Culture et celui des Affaires étrangères ont intérêt à travailler conjointement pour le rayonnement culturel à l’extérieur, et donc, de faire de la Culture, un pilier dans la politique internationale. Mais, dans la coopération pour le développement, dans son approche, la Culture est prise en otage de l’aide ou simplement de l’aide au développement.
Toute coopération pour le développement est corollaire de la notion d’aide. C’est pourquoi il est courant d’entendre parler de l’aide au développement. De cette approche, une ligne est infranchissable. Il s’agit en fait des dons que les pays riches ou développés apportent comme soutiens pour le développement des pays en voie de développement. En contrepartie, les pays riches obtiennent la facilité de négociation dans de nombreux secteurs, économique, culturel et diplomatique. Si, en effet, dans l’esprit de la coopération pour le développement, il s’agit d’un État donateur et l’autre: d’un État bénéficiaire, en y intégrant la notion de Culture, la négociation devient évidente.
Admettons tous que la Culture n’est jamais neutre. Elle est source d’influence, de discorde, etc. C’est ainsi que les États accordent une grande importance à la question de diffusion culturelle, sujet dans toutes les négociations, de coopération bilatérale surtout. En effet, dans la coopération pour le développement, la Culture est négociée. D’abord, sur le plan financier, les États se mettent d’accord sur l’enveloppe budgétaire qui y sera allouée, s’il s’agit d’un projet multisectoriel. En fait, le financement culturel ou la part du budget réservée à la Culture ne va jamais laisser aucune partie indifférente. Pourquoi une telle somme à allouer à la Culture? Il s’agit d’une des questions les plus faciles à poser. Ceci revient au fait de l’importance de la Culture, dans les relations de coopération.
Plus loin, parce que la Culture est retransmise par divers moyens, notamment au travers des spectacles qui nécessitent des équipements culturels très coûteux, aussi parce qu’aucun État qui se respecte ne souhaiterait jamais laisser sa Culture contrôlée par un État tiers, cette situation entraîne des analyses plus fines, notamment sur les enjeux culturels dans la coopération pour le développement. En vrai, l’État bénéficiaire cherche constamment à sortir de l’assistanat culturel ou à en tirer profit. Encore, que faut-il entendre par profits? Quelle est la nature de ces profits?
En somme, il est d’une évidence que la Culture est source de conflits diplomatiques. Chaque État, en ce sens, veut avoir un contrôle sur sa culture, sa diffusion pour les nationaux et les étrangers. Quoique la coopération pour le développement ou l’aide au développement soit, par essence, un support aux pays pauvres par les pays développés, cela n’échappe pas au fait que la Culture ne se voit pas que de cette manière. À cet effet, elle est l’objet de négociation, car les enjeux culturels se situent dans tous les débats de développement, qu’ils soient de coopération, de politiques publiques, etc.
Job Pierre Louis