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Dans son préambule, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme pose, à coup de «considérant», les bases qui motivent l’adoption de la charte fondamentale des droits humains. Une charte considérée, depuis 1948, comme un arsenal de «droits inaliénables que possède chaque individu (1) » et qui offre un corpus juridique universel protégeant «la dignité humaine contre l’arbitraire des États».
Parmi ces motivations, le peuple haïtien en retient 3 qu’il entend mettre à contribution pour sa défense, dans la lutte qu’il livre actuellement contre cette forme de tyrannie et d’oppression déconfinée, menaçant sa dignité et sa liberté. Dans les motivations qui soutiennent la Déclaration des Droits de l’Homme (2), il est reconnu:
- Que la dignité humaine constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde;
- Que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité;
- Qu’il est absolument nécessaire que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression.
Faut-il préciser que ces motivations ont pour seul objectif d’enlever toute ambiguïté relative à l’inaliénabilité de ces droits, dont, d’ailleurs, leur caractère indivisible, interdit toute possibilité d’interpréter ou de fixer leur contexte et leur limite d’application. En conséquence, toute tentative de diviser, subdiviser et voire «d’indivisibiliser» ces droits pour en faire un régime particulier qui serait applicable minimalement à certains états, comme Haïti, tandis qu’ils sont pleinement et intégralement réservés à d’autres États, comme les USA, la France, le Canada ou l’Allemagne, relève d’un acte de barbarie qui doit révolter la conscience humaine. Au nom des valeurs des droits humains que vous défendez si fort, si bien, vous ne pouvez pas vous soustraire de l’engagement d’accompagner Haïti dans cette lutte contre l’imposture et l’indignité de ceux qui représentent les Nations Unies en Haïti. Dans certains moments, certains silences, certaines indifférences, certaines nonchalances sont lourdes de complicités. Il sera difficile de revenir parler aux Haïtiens des vertus de droits humains, de la Démocratie et de l’État de droit, quand il n’y a pas eu de résistance véritable pour les protéger. On protège toujours, jusqu’au bout, même au péril de sa vie, ce qui a de la valeur pour soi. La dignité du peuple haïtien n’a-t-elle pas de valeur pour cette humanité démocratique qui s’indignait contre les assauts du capitole?
Partant des motivations précédentes, et préoccupé par la menace de cette barbarie sur son destin, combien déjà précarisé par la dilapidation des fonds de la reconstruction d’Haïti par les Clinton et des fonds de PetroCaribe par l’actuelle équipe au pouvoir, le peuple haïtien, à travers le courage et la dignité de ses réseaux de résistance, tient à dénoncer, comme attentatoires à sa dignité et à sa liberté, les faits suivants.
- L’appui non équivoque que le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) apporte à un régime dictatorial, qui concentre aux mains d’un seul individu tous les pouvoirs, au mépris de toutes les lois et de toutes les institutions haïtiennes.
- La volonté des missions diplomatiques, regroupées au sein du Core Group, d’imposer, par un referendum bidon une constitution liberticide, rédigée par un seul homme dans le but d’offrir un vernis légal par l’organisation d’élections illégitimes et truquées d’avance. Élections dont le président illégitime et inconstitutionnel d’Haïti avait déjà revendiqué publiquement la victoire à l‘avance.
- La persistance de la Communauté Internationale à proposer une application minimale des droits humains au peuple Haïtien, à travers une démocratie à rabais, témoignant d’un profond racisme envers le peuple haïtien. Lequel peuple a déjà tant souffert, par le passé, de l’aliénation de sa dignité et de ses droits par la barbarie de l’esclavage;
- Le zèle indécent que la Représentante du Secrétaire Général des Nations Unies en Haïti, Madame Helen Lalime, apporte aux réseaux de la corruption et de la criminalité en Haïti, pour sa satisfaction personnelle et dans le seul but de redorer sa carrière diplomatique déclinante.
Prenant acte du mépris que ces faits portent à ses droits fondamentaux, tenant compte que ce mépris est porté par ceux-là mêmes qui devaient l’aider à les protéger, et estimant qu’il ne bénéficie point du support que les Nations Unies devaient lui offrir pour garantir que «ses droits inaliénables soient protégés par un régime de droit», le peuple haïtien considère qu’il lui appartient désormais de «se révolter, en extrême recours, contre la tyrannie» montante en Haïti, selon les prescrits de la Déclaration des droits humains.
Tout en demandant aux organismes de défense des droits humains en Haïti et à l’étranger de donner un large écho à cet appel, lancé comme un cri pour la défense de la dignité d’un peuple depuis longtemps opprimé, le peuple haïtien, par le courage et la dignité de ses réseaux de résistance, tient à dire ouvertement à ces organismes que l’attitude des Nations Unies envers Haïti relève d’un acte de barbarie qui doit être documenté, diffusé mondialement, dénoncé et combattu par tous les moyens prévus par la Déclaration des droits humains. Les dizaines de milliers d’Haïtiens morts du choléra, apporté par les Nations Unies, ne suffisent-ils pas à l’appétit de la machine barbare qui précarise Haïti?
Le peuple haïtien tient à rappeler aux organismes de droits humains d’Haïti et de l’étranger cette vérité qu’il a appris de l’histoire : la barbarie progresse toujours implacablement quand elle est confortée par l’absence de résistance véritable contre les assauts qu’elle porte insidieusement à la dignité humaine. Le monde entier doit savoir que la barbarie n’a pas toujours le visage du terrorisme armé. Elle sait se dissimuler sous les attraits d’une assistance qui vit de la défaillance des peuples en détresse, en leur proposant des médiocrités qu’elle refuserait même aux animaux de ses ennemis.
Qu’il est douloureux pour un peuple de se sentir impuissant devant l’imposture arrogante de ceux qui contribuent à l’aliénation de sa dignité, alors même qu’ils continuent de porter les étendards de la liberté et les drapeaux de la démocratie! Quand les droits humains doivent être divisés en quota minimal applicable aux populations pauvres et noires du Sud et en quota intégral applicable aux peuples riches et blancs du Nord, ils perdent leur essence et n’ont plus aucun sens. Or, dans ce monde asservi par l’indigence, tout ce qui manque de sens porte atteinte à la dignité humaine. Sauf si, ouvertement, nous assumons la barbarie que certains épousent envers certains peuples dont le peuple d’Haïti qui n’appartiendrait pas alors à la famille humaine, titulaire de dignité.
Pour finir, le peuple haïtien, vous prend à témoin, en rappelant que Madame Helen Lalime et les agences des Nations Unies en Haïti seront tenues comme pleinement responsables de tout ce qu’il adviendra de la population haïtienne dans la résistance qu’elle livrera souverainement, selon les principes de la Déclaration des Droits de l’Homme, pour défendre sa dignité contre la tyrannie et l’oppression.
Porté et assumé librement, avec courage et dignité, au nom du peuple haïtien, par un citoyen sans référence académique, sans accointances diplomatiques, sans appartenance politique, sans redevance économique envers les réseaux financiers.
Erno Renoncourt,
Port-au-Prince, le 25 février 2021
1. https://www.amnesty.ch/fr/themes/droits-humains/droit-humain-background/introduction-aux-droits-humains
2. https://www.ohchr.org/EN/UDHR/Documents/UDHR_Translations/frn.pdf