(À la mémoire de ma grande sœur, Marie Lourdes Personna)
Pendant plus de treize ans, tu as beaucoup lutté ;
Le maudit ennemi a souvent fait de toi
Une fleur desséchée, mais ta grande beauté,
Tu l’as regagnée grâce à ton cran et à ta foi.
Oh ! tu étais encor redevenue si belle
Que, tous, nous t’avions cru gagner ton grand pari ;
D’aucuns parlaient d’un fameux miracle et, au Ciel,
Tous, nous rendions gloire de t’avoir guérie.
Comme un poison violent, l’intrigante damnée
A su pourtant notre vigilance tromper,
Rebondissant tout d’un coup après trois années
Et ne laissant plus le temps de rien essayer.
Nous t’avons trahie, ô mon adorable sœur,
Sans le savoir, toi qui nous faisais tant confiance
Et nous aimais du fond de ton chaleureux cœur
Comme nous t’aimions aussi depuis notre enfance.
Je te revois au seuil de ton départ à fleur
D’âge sur ton lit de mort ce vilain janvier,
Il y a dix ans, portant toujours en ton cœur
Le sort de tout le monde, sans personne envier.
Je te revois toujours forte, n’ayant pas peur
Du départ, montrant ton souci et ton amour
Pour les victimes du séisme, et le bonheur
De ton pays voulant, jusqu’à ton dernier jour.
Pour la patrie en danger, face à la défaite
Dans un match mi-gagné, ou pour ceux qui ont faim,
Je me rappelle ta voix, tirant la sonnette ;
Je te revois, qui tiens ta généreuse main !
La leucémie, malgré ta force et ton courage,
A eu, hélas, gain de cause et a épinglé,
Au mur de notre famille unie, une page
Sombre, un vide qui jamais ne sera comblé.
Sans toi, jamais plus la vraie joie ! Plus le bonheur !
Moi, suis comme un oiseau qui a perdu une aile,
Une abeille manquant suffisamment de fleurs
À butiner pour produire son flot de miel.
Nul ne savait ce que tu avais enduré,
Ô toi, à New-York, la première à t’abriter ;
Toutefois, j’étais témoin à mon arrivée
Des embûches que tu avais à surmonter.
Pourtant, tu m’as rendu plus facile la vie ;
De ma réussite, te dois une portion ;
Je regretterai toujours que tu es partie
Quand enfin arrivait le temps de la moisson.
Oh ! tu as enfin eu ta légalisation
Et quand tu allais pouvoir briller, toi aussi,
Ton astre, hélas, a disparu sous l’horizon
Dans ce monde de merveilles et d’utopies.
Egbert Personna le 7 décembre 2020)