La répression contre la presse est l’un des piliers de la dictature. Les menaces d’emprisonnements, les bastonnades, les tentatives d’assassinat en sont les méthodes employées par le gouvernement de facto de Jovenel Moïse, pour museler les journalistes et contrôler la presse. Ce contrôle systématique des médias constitue une arme puissante, permettant à un seul homme de contrôler tout le pays.
Il faut redire, comme une litanie, ces chiffres qui donnent la dimension de la répression qui s’est abattue sur la presse en Haïti, tout particulièrement depuis la mise en place du film d’Hollywood intitulé: «Tentative de coup d’État manqué du 7 février dernier», une mise en scène du pouvoir de facto pour pressurer et arrêter ses opposants.
Depuis, la liberté de la presse est bafouée et les menaces d’assassinat et d’emprisonnement politique de journalistes sont légion. À ce jour, plusieurs journalistes ont été touchés par des balles de la police politique et de l’Armée de Jovenel et consorts, parmi lesquels Romario Saintrilice qui a été battu à mort par les agents de Swat, Alvalès Destiné et Jeanril Méus, deux journalistes-blogueurs qui ont été blessés par balle, le lundi 8 février, au Champ-de-Mars. Ils ont été atteints alors que des agents de la PNH et des soldats des Forces armées d’Haïti, Armée de Jovenel Moïse, remobilisée, lançaient des grenades lacrymogènes et tiraient des balles réelles pour disperser des dizaines de manifestants. Plusieurs confrères, dont le photojournaliste haïtien, Dieunalio Chéry de l’Agence France Presse (AFP) est sorti blessé à une jambe et d’autres ont été la cible directe des policiers, en témoigne une grenade lacrymogène qui a été larguée à l’arrière d’une Pick-up de Radio/Télé Pacifique, alors que le véhicule était clairement identifié, le mercredi 10 février.
Les Nations Unies se disent inquiètes, face aux actes de violences de certains policiers, contre des travailleurs de la presse, en plein exercice de leur fonction. Dans un communiqué publié le dimanche 14 février 2021, les Nations-Unies ont exhorté les autorités policières et les acteurs politiques à respecter la liberté de la presse et l’information.Les Nations-Unies, à travers le Bureau intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH), condamnent les actes de répression des agents de police, lors des récents événements dans le pays.
En outre, à la suite des actes de brutalité dont étaient victimes plusieurs journalistes, lors de la manifestation d’étudiants, mercredi, à Port-au-Prince, l’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti (IG/PNH) a dit ouvrir une enquête. L’annonce a été faite, le jeudi 11 février 2021, par le porte-parole de la police, l’inspecteur Garry Desrosiers. La Direction générale de la Police nationale d’Haïti (PNH) entend donner suite à une plainte de plusieurs journalistes qui ont rencontré le responsable de la police de l’Ouest. Les travailleurs de la presse dénoncent des agents de l’Unité de maintien de l’ordre qui ont fait des journalistes, autant que des manifestants, leur principale cible, lors de la manifestation de mercredi. Environ 24 heures après, la Direction générale de la PNH instruit l’Inspection générale d’ouvrir une enquête autour des accusations de brutalité, reprochées aux policiers à l’endroit des journalistes, a annoncé le porte-parole de l’institution policière, l’inspecteur Garry Desrosiers. Il s‘agira pour l’IG/PNH de fixer les responsabilités et de recommander les mesures disciplinaires qui s’imposent, a laissé entendre l’inspecteur Desrosiers. «De tels comportements risquent d’atteindre la morale institutionnelle», reconnait le porte-parole. Garry Desrosiers donne la garantie que les coupables vont être punis. Et de poursuivre, qu’il en est de même pour les résultats de l’enquête qui ne devront pas tarder.
Pour disperser une manifestation d’étudiants de l’Université d’État d’Haïti (UEH) contre le pouvoir en place, mercredi, les policiers ont fait un usage abusif de gaz lacrymogène, dénoncent les journalistes qui couvraient l’évènement.
Il n’y a pas encore un mois, des centaines de journalistes avaient marché à travers les rues de Port-au-Prince, pour dénoncer la brutalité policière. Ce signal envoyé au haut commandement de la Police nationale d’Haïti (PNH) devait attirer l’attention des institutions nationales et internationales de droits humains, sur la violence des policiers contre les travailleurs de la presse.
Emmanuel Saintus