Après la déclaration incendiaire, le vendredi 5 février, de l’ex-président Jovenel Moïse à Fort-Liberté, l’équipe au pouvoir a cru reprendre du poil de la bête, surtout après la sortie du porte-parole du département d’État américain, en faveur des élections dans le pays. Mais, dans une correspondance officielle, adressée au secrétaire d’État américain de l’administration Biden, Anthony Blinken, le samedi 6 février, un groupe de parlementaires dont le président des Affaires étrangères du sénat américain, ont enjoint celui-ci à contraindre le Président Jovenel Moïse de quitter le pouvoir, à la date constitutionnelle du 7 février 2021.
Dans l’après-midi du vendredi 5 février, le pouvoir et ses propagandistes ont publié de manière exponentielle, les déclarations du porte-parole du département d’État, M. Price, en faveur des prochaines élections. Toutefois, au cours de la journée du samedi 6 février, plusieurs parlementaires américains ont adressé une lettre au nouveau secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, lui demandant de contraindre le président Jovenel Moïse à respecter les prescrits constitutionnels. «Nous pensons qu’il est essentiel que les États-Unis rejettent sans ambiguïté toute tentative du Président Jovenel Moïse de garder le pouvoir», ont écrit les parlementaires américains, pour se montrer totalement opposés aux velléités dictatoriales du président Jovenel Moïse. Ces parlementaires américains se sont montrés en faveur de la mise en place d’un gouvernement de transition, face aux échecs de l’administration de Jovenel Moïse qui n’a pas pu tenir ses promesses, créant même une pauvreté endémique. Selon les signataires de cette lettre, le temps d’une transition démocratique est arrivé en Haïti, puisque le mandat du président prend fin ce dimanche 7 février 2021, alors qu’il n’avait pas organisé les élections pour élire son successeur. Cette sortie, bien que tardive, des congressmen américains pour se ranger du côté de la voix de la majorité, a créé une panique au sein du pouvoir qui a toujours eu le support inconditionnel du gouvernement américain, sous l’administration de Donald Trump.
Dans cette correspondance, ces membres du Congrès ont aussi fait état de la situation des droits humains qui sont en péril en Haïti, mais surtout des droits civils qui sont sous le coup d’un état de siège. Ils n’ont pas manqué d’évoquer l’alliance tacite entre le pouvoir et les gangs armés du pays, pour créer une situation de peur et mater la mobilisation populaire. La situation de misère, qui prédomine, a aussi été évoquée par ces parlementaires qui se sont engagés en faveur du progrès de la démocratie. «Nous nous engageons à travailler avec vous pour faire progresser la démocratie, l’État de droit et les droits de l’homme à travers le monde», ont conclu les parlementaires.
Cette correspondance, co-signée par plusieurs parlementaires américains, est pour certains une aspersion d’eau froide sur l’envie, du président Jovenel Moïse et de son équipe, qui est de rester au pouvoir jusqu’au 7 février 2022, contrairement aux prescrits constitutionnels, dans son article 134-2, concernant la fin du mandat présidentiel.
Altidor Jean Hervé