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Jovenel est aux prises avec un désarroi infini

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L’animosité entre le peuple et le régime en place est une réalité indéniable, et il existe toujours un risque de confrontation entre les deux parties, d’autant plus que le pouvoir se sent fortement préoccupé sur plusieurs fronts. Or, les capacités de mobilisations dont dispose l’opposition font tellement peur à Jovenel Moïse qu’il renonce à toute option de force contre le peuple.

Par ailleurs, les échéances du mandat constitutionnel de Jovenel qui auront lieu le 7 février 2021 et les crises politiques qui pèsent sur l’équipe au pouvoir, empêchent Jovenel Moïse de penser même à se lancer dans une confrontation. L’ennemi jovenélien, qui tentait auparavant de bloquer l’opposition, se contente maintenant de ralentir la multiplication des mouvements de protestations, voire d’empêcher que les manifestations rassemblent des foules. 

D’autre part, les remarquables capacités de mobilisation du peuple, déçoivent largement les jovenéliens et alliés. À présent, la seule option qui reste à l’ennemi, est de ne pas provoquer le peuple, et c’est bien cette option qui empêche le pouvoir de penser à une agression directe contre celui-ci. Autrement dit, il est plus facile pour Jovenel de prévenir une confrontation, dans laquelle le peuple sortira sûrement vainqueur, que de subir des dommages et des dégâts de cette confrontation. En effet, un rapport conjoint du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), intitulé « Manifestations en Haïti : Leurs impacts sur les droits humains et l’obligation de l’État de protéger tous les citoyens », publié le lundi 18 janvier 2021, fait le bilan des violations et abus des droits de l’homme, perpétrés dans le cadre des manifestations qui se sont déroulées entre le 6 juillet 2018 et le 10 décembre 2019. Il examine les violations et abus aux droits à la vie et à la sécurité de la personne, attribués aux gangs, à des individus armés non-identifiés et aux membres des forces de l’ordre. Il relève un total de 131 violations et abus aux droits à la vie et à la sécurité de la personne, lors des manifestations de 2018, et 567 violations et abus pour celles de 2019. Il examine également les violations aux droits d’assemblée pacifique.

De plus, le rapport documente certaines des conséquences des évènements de 2018 et 2019 sur le quotidien de la population haïtienne. En particulier, les impacts sur leur liberté de circuler, leurs droits à la santé, à l’éducation, à l’alimentation, sur l’accès à la justice et son administration, ainsi que sur le droit des personnes privées de liberté, à être traitées avec humanité. Enfin, le rapport rappelle les obligations du gouvernement haïtien, en matière de respect des droits de l’homme, dans le cadre des manifestations, et formule des recommandations aux autorités haïtiennes, afin de prévenir la récurrence des violations et abus.

Emmanuel Saintus

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