Intervenant à la troisième Journée de l’économie, le président Jovenel Moïse dit souhaiter que les Haïtiens soient autosuffisants, lors de cette activité organisée le vendredi 6 novembre 2020, à l’Organisme de Développement de la Vallée de l’Artibonite (ODVA) qui a porté sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Haïti. Par ailleurs, lors d’un entretien exclusif avec Le Nouvelliste, le jeudi 12 novembre, au Palais national, le président Jovenel Moïse a fait savoir que l’exécutif était en passe de finaliser une solution gagnant-gagnant pour les ouvriers et les investisseurs du secteur textile qui ont brandi le spectre de licenciements massifs d’ouvriers, à cause de la brusque appréciation de la gourde par rapport au dollar, en l’espace de deux mois.
À l’occasion des Journées de l’économie, la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Haïti a été au cœur des débats. Pour rehausser l’éclat de cet événement dans la Vallée de l’Artibonite, le chef de l’État, le Premier ministre et plusieurs autres membres du gouvernement, d’anciens parlementaires et des directeurs de nombreuses institutions régaliennes ont fait acte de leur présence. C’était l’occasion pour le tandem Moïse-Jouthe de présenter sa vision de la question et comment il entend changer la donne par rapport à la faiblesse du pays.
Pour le président Jovenel Moïse, la Vallée de l’Artibonite, à elle seule, fournissait du riz à presque tout le pays. «Vers les années 1980, le pays n’importait qu’environ 20 à 30% de produits alimentaires. Le pays était presque autosuffisant», a souligné le chef de l’État pour qui, cette situation est imputable aux troubles sociopolitiques et à un système étatique défaillant qui avait pris des décisions à l’encontre des producteurs et qui n’avait pas su gérer les infrastructures agricoles. Sans citer de noms, Jovenel Moïse a critiqué ses prédécesseurs qui ont subventionné l’importation du riz au détriment des planteurs. «Dans la Vallée, dit-il, l’État a abandonné, pendant près de deux ans, plus de 18 000 personnes». Cette activité portant sur la sécurité alimentaire, pour lui, témoigne de la volonté de son administration de pallier la question de la production nationale et de garantir le droit à une bonne alimentation. Toutefois, il se rend à l’évidence que ces problèmes, concède-t-il, ne seront pas résolus du jour au lendemain. «Il faut que les Haïtiens produisent suffisamment de nourritures pour eux-mêmes, qu’ils soient autosuffisants en production d’aliments. C’est un acte de souveraineté nationale». D’ailleurs, de 2013 à 2018, les chiffres de l’insécurité alimentaire ont doublé dans la Caraïbe.
C’est dans cette logique d’autosuffisance alimentaire, fait remarquer Jovenel Moïse, que la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA), créée en 1988, a été remise sur pied. «Un groupe a toujours empêché l’émergence de cette banque. Elle représente l’avenir du secteur agricole. Elle sera une banque digitale et elle dispose de son local et de son conseil», se félicite le locataire du Palais national. Cette banque devra donc démocratiser le crédit agricole et investir dans des secteurs clés. La BNDA disposera de 95 succursales. En attendant que les Bureaux agricoles communaux (BAC) deviennent ses succursales, la banque travaillera avec 26 succursales, a-t-il annoncé. De nombreux autres projets convergent vers la vision de l’autosuffisance, a confié Jovenel Moïse. Les projets de construction de 12 barrages, de 150 systèmes d’irrigation solaires, des centres semenciers et des centres de germoplasme en font partie.
Par ailleurs, le Premier ministre, Joseph Jouthe, le ministre de l’Économie et des Finances, Michel Patrick Boisvert ont dit qu’ils étaient sur une bonne route, dans l’objectif de trouver une solution au conflit dans la sous-traitance. «Je crois que nous sommes proches à 80 % d’une solution». Interrogé sur les modalités et s’il est envisagé ou non de permettre à la sous-traitance de vendre ses dollars plus chers que les taux pratiqués sur le marché des changes, le président Moïse a confié qu’il ne croyait pas que c’est ce qui sera fait. L’option envisagée devra permettre aux «ouvriers de ne pas sentir le choc et aux investisseurs de sortir du rouge», a expliqué le président Jovenel Moïse qui a rapporté avoir eu une visioconférence avec le président de SAE, grande compagnie coréenne qui a des usines et des milliers d’employés en Haïti, qui était très inquiet.
Altidor Jean Hervé