Le jeudi 15 octobre 2020, les 15 membres du Conseil de Sécurité de l’ONU ont adopté, par 13 voix pour et 2 absentions, la résolution 2547 qui proroge jusqu’au 15 octobre 2021, le mandat du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) dont les opérations ont débuté en octobre 2019, sous la direction de la diplomate américaine, Mme Helen La Lime, très décriée dans le pays. Par ailleurs, le Département d’État américain continue de presser l’exécutif haïtien sur les prochaines législatives. Selon le Secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, les élections législatives en Haïti sont très en retard.
« Par 13 voix pour, et les abstentions de la Chine et de la Fédération de Russie, le Conseil de Sécurité a adopté la Résolution 2547 (2020), par laquelle il proroge pour un an, soit jusqu’au 15 octobre 2021, le mandat du Bureau Intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), tel que défini par la Résolution 2476 (2019) », a fait part un communiqué du Conseil de Sécurité des Nations Unies. En dépit de cette quasi-unanimité, des délégations ont exprimé leur réserve et déception devant une résolution «technique», alors que la situation est particulièrement difficile en Haïti. La communauté internationale perd une occasion de démontrer sa solidarité avec le peuple haïtien, «le plus pauvre du continent», a d’emblée regretté la République dominicaine qui a estimé que le mandat du BINUH aurait dû être renforcé, pour aider Haïti à parvenir à la stabilité et au développement. Ce mandat reste «insuffisant» par rapport aux objectifs recherchés, a tranché le représentant de ce pays.
«Le BINUH est chargé de conseiller le gouvernement haïtien sur les moyens de promouvoir et de renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance, et de favoriser un environnement pacifique et stable. Le Bureau doit épauler le gouvernement haïtien dans les activités qu’il mène, en vue de planifier et de tenir des élections libres, justes et transparentes; de renforcer la capacité de la Police nationale d’Haïti, de mettre au point une approche inclusive, associant tous les secteurs de la société, en vue de réduire la violence de quartier, et en particulier, la violence des gangs; de lutter contre les atteintes aux droits de la personne; d’améliorer la gestion de l’administration pénitentiaire et de renforcer le secteur de la justice », rappelle le communiqué du Conseil de sécurité.
Par ailleurs, Washington continue de presser les autorités haïtiennes à réaliser, le plus vite possible, les prochaines compétitions électorales. «Nous continuons à lancer un appel pour que des élections aient lieu, aussitôt qu’elles seront techniquement réalisables », a indiqué le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, sur le compte twitter de l’Ambassade américaine à Port-au-Prince, le jeudi 15 octobre 2020. Signalons que la France, à travers sa représentation diplomatique en Haïti, avait fixé sa position sur l’organisation des prochaines élections pour renouveler le personnel politique haïtien. Dans une déclaration faite à Jacmel, au sud-est d’Haïti, l’ambassadeur français accrédité en Haïti, José Gomez, estimait que l’heure n’était pas favorable à la réalisation des prochains scrutins.
Dans son double jeu, les États-Unis ont montré au grand jour leur face satanique, le mercredi 14 octobre 2020, au moment où une délégation américaine de très haut niveau était de passage en Haïti. Il n’y a pas eu de rencontre officielle avec le président Jovenel Moïse, si l’on s’en tient à la communication des responsables des deux pays. Des aides et des dons ont toutefois été promis. Cette même délégation s’est rendue en République dominicaine et a signé des accords pour des investissements de l’ordre de deux milliards de dollars, a annoncé le président Luis Abinader.
Le tweet de Mike Pompeo intervient vingt-quatre heures après le passage d’une délégation de haut-niveau, présidée par Adam Boehler du «Development Finance Corporation».
Adam Boehler a annoncé la possibilité de mettre entre 20 et 100 millions de dollars à la disposition d’Haïti, lors d’une conférence de presse à l’ambassade américaine, le mercredi 14 octobre 2020. Cependant, en République dominicaine, Adam Boehler a signé avec le président dominicain, Luis Abinader, un accord de coopération pour financer à hauteur de 2 milliards de dollars américains, des projets privés qui vont créer des milliers d’emplois, selon un tweet posté sur le compte du président dominicain.
Altidor Jean Hervé