Haïti-Média-Décès : l’animateur Konpè Filo a traversé le couloir de la mort
«Se moun Leta touye, pa di m depi w mouri w antò. Depi w rantre la, ou gen yon pye w nan koulwa lanmò.» (D-fi Powèt revòlte ak Tafa, Koulwa lanmò).
Que peut-on dire vraiment du système de santé en Haïti? Qu’est-ce que vous ne savez pas? Qui sont des privilégiés (es) de ce système sanitaire? Je ne tenterai pas de répondre à ces questions, car vous connaissez, tous, l’état actuel des questions sanitaires en Haïti. Ce système de santé, par sa défaillance totale, ne cesse de nous faire compter des cadavres. Des personnes de toutes catégories et classes sociales, même avec un capital économique, social, symbolique, peuvent subitement se trouver en urgence dans un hôpital public en Haïti. L’hôpital public ou universitaire, c’est ce que l’artiste «D-fi Powèt revòlte», en collaboration avec la chanteuse Tafa, tente de nous décrire dans l’opus «Koulwa lanmò». Tout le monde peut en être victime, et l’animateur de l’émission «Kalfou», sur Télé Ginen, Konpè Filo, est le plus connu qui vient d’en être frappé.
Né Anthony Pascal, Konpè Filo, est un journaliste et animateur de carrière qui a connu la dictature des Duvalier, père et fils, (François Duvalier et Jean-Claude Duvalier), et qui avait même été exilé en 1980, vient de rendre l’âme, ce 31 juillet 2020, au cours de son transport à l’hôpital universitaire de Mirebalais. De passage dans plusieurs médias tel que: la Radio Haïti Inter, avant d’être animateur de l’émission «Kalfou» sur la Télé Ginen, depuis environ une quinzaine d’années, il a œuvré pour la démocratie et le respect des droits humains, relate Monsieur Venel Remarais, Président de l’Association des Médias Indépendants d’Haïti (AMIH). La journaliste Liliane Pierre-Paul, directrice de programmation à la Radio Télé Kiskeya, sa collègue, il fut un temps, le considère, sur un ton triste, comme un être spécial, humble et singulier. En vrai, ils sont beaucoup d’internautes, et même le Président Jovenel Moise et le Premier ministre Jouthe Joseph, qui pleurent son départ prématuré, dans des conditions révoltantes de notre système sanitaire, dans un pays où la corruption ne cesse de régner. Célèbre ou pas, toute personne se trouvant sur le territoire haïtien est une potentielle victime, et, Konpè Filo, quoique son nom résonne fort dans tout le paysage médiatique, vient de subir le même sort, et donc a passé par le couloir de la mort.
Ayant près de 50 ans dans l’exercice du métier de journaliste, Konpè Filo, est aussi un homme de théâtre. D’ailleurs, c’est de son talent de comédien que découle son pseudonyme. Considéré comme pionnier dans la lute pour la démocratie en Haïti, ce modèle de la presse haïtienne est décédé à l’âge de 67 ans, suite à des problèmes respiratoires, rapporte certains médias dont «Haïti Infos Pro». Selon ce que rapporte ces médias, le journaliste souffrait d’une augmentation du taux de sucre dans son sang. Demeurant à Martissant, un quartier de l’entrée Sud de la capitale, il a été hospitalisé dans la nuit du 30 juillet 2020 à l’hôpital Médecins Sans Frontière (MSF) de Drouillard, Cité-Soleil, avant de succomber, le lendemain, au cours de son transport à l’hôpital universitaire de Mirebalais. En effet, son état requérant que le patient soit intubé, Konpè Filo a été transféré par le MSF, sans contrôler la réserve d’oxygène nécessaire pour le trajet, dénonce un médecin de l’hôpital universitaire de Mirebalais. Il poursuit pour dire que le cas de l’animateur Konpè Filo n’était pas grave, et donc qu’il aurait pu survivre. Mais, au cours de son transfert par ambulance, et par manque d’oxygénothérapie, il a passé de vie à trépas. L’icône de la presse haïtienne, militant pour la liberté d’expression, Konpè Filo, est décédé par manque de soins sanitaires, ce qui témoigne de notre vulnérabilité en Haïti.
Pensez-vous qu’être célèbre en Haïti vous épargne de la mort par manque de soins sanitaires?
Job Pierre Louis
Crédit Radio Télé Ginen
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