Avec l’officialisation des deux premiers cas de coronavirus, le pays doit garder son calme et penser, plus qu’avant, à comment chaque Haïtien va survivre au fléau qui s’annonce. La panique ne nous aidera pas, l’insouciance non plus. Nul besoin de revenir sur le temps perdu ou les responsabilités défaillantes. Il nous faut affronter l’avenir avec confiance. Après l’annonce, faite par le président, confirmant qu’Haïti a rejoint, le jeudi 19 mars 2020, officiellement, la liste des pays confrontés à la COVID-19, le président en a profité pour annoncer que l’état d’urgence sanitaire est décrété et a dévoilé une liste de mesures qui rentrent en application immédiatement. D’autres mesures sont annoncées dans l’arrêté décrétant l’état d’urgence sanitaire. «Le gouvernement prendra les dispositions appropriées pour fournir aux hôpitaux: des masques, des gants, des médicaments, des solutés et toutes autres fournitures médicales nécessaires. Les hôpitaux et cliniques privés mettent à la disposition de l’État leurs services d’isolement. Il est demandé aux citoyens de rester chez eux ou de limiter leurs déplacements au strict nécessaire. Les individus provenant des zones à risques seront automatiquement placés en quarantaine pour une période de 14 jours. Les propriétaires des biens et structures privés, éventuellement réquisitionnés par l’État, en vue de secourir la population, seront rémunérés à juste titre», peut-on lire dans cet arrêté. Toutefois, les autorités sanitaires devraient expliquer la prise en charge des cas. Que fait-on des malades? Que fait-on de ceux et de celles qui présentent des symptômes? La marche à suivre, le protocole, les adresses des postes de quarantaine ou de secours doivent être connues, sinon chaque cas sera un drame. La peur conduit à la violence, il faut protéger les centres de traitements, mais, si le nombre de cas augmente, la population doit être informée des bonnes adresses, sinon elle risque de s’en prendre à tout centre hospitalier qui lui refusera l’accès pour ses malades. Dans les mesures annoncées, rien n’a été dit sur les conséquences financières que l’état d’urgence ne manquera pas de provoquer. Rien n’a été annoncé pour amortir les chocs, pour réparer les dégâts, pour amoindrir les souffrances ou pour renforcer certains secteurs qui seront en premières lignes, dans la longue bataille contre le coronavirus. En une phrase, le président a mis au chômage plus de soixante mille personnes qui travaillent dans la sous-traitance. Ne serait-il pas possible de trouver des accommodements pour éviter la fermeture totale de la première branche des exportations haïtiennes? Quel filet de sécurité pour ceux qui se retrouvent, du jour au lendemain, au chômage? Qu’en est-il des autres usines et autres entreprises? Après l’annonce des mesures de l’état d’urgence, on doit réfléchir à comment corriger de possibles erreurs, et penser, plus sérieusement, aux autres secteurs les plus faibles de la population. Notons que l’OMS a défini 4 périodes de développement de la pandémie : inter-pandémique, pré-pandémique, pandémique et post-pandémique. «Chaque période comprend différentes phases d’alerte qui correspond à la situation de transmission du virus et de propagation de la maladie».
Altidor Jean Hervé