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La crise sanitaire mondiale et ses retombées économiques

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Avant d’être une pandémie, la COVID-19 était une épidémie. Une simple grippe, même pour certains spécialistes. En très peu de temps, le monde a muté aussi vite que le virus qui en est la cause. À cause de cette propagation à grande vitesse du coronavirus, jusqu’à 25 millions d’emplois sont menacés dans le monde, selon l’Organisation internationale du travail (OIT). La pandémie de COVID-19 est en train de mettre à l’épreuve l’économie mondiale. Et en Haïti, où l’économie est en très grande difficulté, deux des entreprises du secteur d’assemblage ont des difficultés à s’approvisionner en matières premières. L’économiste Pierre-Marie Boisson a soutenu que l’économie internationale était au ralenti, bien avant l’apparition du coronavirus. Quant à l’économie nationale, l’économiste a souligné qu’elle est sortie de sa plus mauvaise année, depuis le tremblement de terre de 2010, avec une croissance de -1,2% d’après le Fonds monétaire international (FMI). «Le contexte international est incertain. L’économie est marquée par des incertitudes profondes. La croissance économique continue de suivre sa tendance à la baisse, 3,7% en 2018 et 3% en 2019. La guerre commerciale, entre les États-Unis et la Chine, a des conséquences sur les échanges commerciaux qui ont baissé jusqu’à 1% en 2018 contre 3,6% en 2019. Les prix des denrées, dont le pétrole, sont en baisse», a indiqué Pierre-Marie Boisson, soulignant qu’en 2019, le panorama politique a été marqué, entre autres, par des contestations en série dans plusieurs pays, la hausse des inégalités, le vieillissement des populations. Pour faire comprendre l’impact probable du coronavirus sur l’économie internationale, l’économiste a expliqué l’importance de la Chine, en termes de poids économique. «La Chine, c’est la deuxième économie du monde. Elle représente 14 trillions de dollars, en valeur de marché, et un tiers de la croissance mondiale en 2019. La Chine et les États-Unis sont très liés», a détaillé l’économiste Boisson. D’autre part, Pierre-Marie Boisson fait état d’un marasme économique. Il a souligné que le pays a connu, sur le plan sociopolitique, des manifestations, des arrêts de travail, liés au phénomène «peyi lòk», de l’insécurité, du kidnapping et d’une absence de gouvernement, durant l’année 2019. C’est la première fois, depuis le séisme, que le pays enregistre une décroissance du produit intérieur brut, variant entre -1,2% et 0,% (PIB)», a soutenu M. Boisson, révélant une chute de moitié du tourisme qui représente en termes de chiffres, 500 millions de dollars américains. Autant dire que les pertes enregistrées dans le tourisme sont majeures et que la dépendance d’Haïti à l’égard des pays comme: les États-Unis d’Amérique et la République Dominicaine, n’est plus à démontrer. Le pays importe plus de 60% des biens et services. Certains économistes, comme Etzer Émile, avancent des chiffres allant jusqu’à 70%. Cette situation est d’autant plus critique que, des cinq milliards de dollars d’importation totale du pays, plus d’un milliard est alloué à l’achat des produits alimentaires. Cette dépendance alimentaire fait peur, surtout si les pays d’où importe Haïti décidaient de confiner leur population. Ainsi, de la crise sanitaire, on peut aussi vite passer à une crise financière qui est susceptible de détruire des emplois et de provoquer la faillite au sein des entreprises.

Par ailleurs, les mesures exceptionnelles pour lutter contre la propagation du virus vont aussi entraîner des conséquences économiques. Le monde est devenu égoïste. Sera-t-il également le cas des personnes donatrices? Dans cette situation, le pays est plus que vulnérable. La menace est réelle. Ceux qui dépendent des transferts de la diaspora ne seront pas épargnés, en raison du confinement. On doit s’attendre à une chute dans l’envoi des fonds de la diaspora. Cela s’explique doublement par la suspension de certaines activités, mais surtout du fait que la distance sociale est considérée comme étant le remède par excellence contre la propagation du virus. Le déplacement des populations sera limité. Ce ne sera pas différent pour la diaspora haïtienne. Notons que La Banque Centrale de la République dominicaine a annoncé une série de mesures économiques, en prévision d’éventuels impacts directs de la pandémie de coronavirus sur la plus grande économie de l’île d’Haïti. Il s’agit, entre autres, de l’allocation de 10 milliards de pesos dominicains en prêts aux ménages, aux PME et au commerce ainsi que la mise à la disposition des institutions financières de 52 milliards de pesos dominicains en liquidités.

Altidor Jean Hervé

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