Le Président de la République, Jovenel Moïse exhorte la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et de Réinsertion (CNDDR), à dialoguer avec les gangs armés, afin de les conseiller à changer de vie, en déposant les armes, dans un contexte où les actes d’insécurité continuent de s’accroître. Environ 20 personnes ont été tuées dans tout le pays, au cours de la dernière semaine. Les forces de l’ordre sont visiblement dépassées par les événements. Vingt-quatre heures après ces déclarations, l’administration américaine met le pays sur la liste noire de niveau 4, des pays où il ne faut pas voyager. «Les gangs armés forment l’un des plus grands problèmes du pays actuellement», a affirmé le Président de la République, mercredi, au Palais national, lors de l’investiture du Premier ministre Joseph Jouthe et de son gouvernement, en présence des représentants les plus influents de la communauté internationale. Le chef de l’État en a profité pour demander aux membres de la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (CNDDR) de dialoguer avec les bandits. «Nous priorisons le dialogue dans tout ce que nous faisons et même dans notre bataille contre les bandits et les gangs, nous faisons le dialogue. Je suis le Président de tous les Haïtiens, des bons comme des mauvais, nous sommes tous des Haïtiens», a fait savoir le chef de l’État. Pour lui, les gangs armés «sont nos démons. S’il y en a qui veulent remettre leurs armes, on ne doit pas mettre en face d’eux la police. On doit leur permettre de remettre leurs armes et de se réinsérer dans la vie sociale, comme tout le monde. Toutefois, ceux qui ne veulent pas remettre leurs armes, on connaît déjà leur place : la prison ou le cimetière». Par ailleurs, il exige de son nouveau Premier ministre, Jouthe Joseph, de renforcer la CNDDR. L’un des membres de la CNDDR, Jean Rebel Dorcénat, a laissé croire que bien avant les déclarations du Président, la Commission avait déjà initié le processus de dialogue avec les gangs armés à travers tout le pays. « Nous sommes déjà dans un processus de dialogue avec les groupes armés. C’est grâce à ce dialogue que nous avions pu récupérer une partie des armes de Ti Ougan (un ex-chefs de gangs qui contrôlait Cité-Soleil qui a été tué, le mois dernier, par un des membres de son clan) », a indiqué M. Dorcénat. «Nous allons signer un accord avec le groupe armé de Croix-des-Bossales. Nous sommes en discussion avec eux», a-t-il poursuivi. M. Dorcénat a aussi fait savoir que la CNDDR a déjà fait des recommandations aux autorités compétentes pour les suites nécessaires. Selon lui, outre les gangs armés, ceux qui les alimentent sont tout aussi importants dans la recrudescence de l’insécurité. Le rétablissement du climat sécuritaire dans le pays est l’une des priorités du Premier ministre Joseph Jouthe, du moins, c’est ce qu’il avait dit, lors de son investiture. «La peur doit changer de camp, la peur va changer de camp», a assuré le nouveau ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Lucmane Delille, lors de son installation, avec beaucoup d’autorité. Moins de vingt-quatre heures après la formation et l’investiture du nouveau gouvernement de Jouthe Joseph, l’administration américaine a mis le pays sur la liste noire, de niveau 4, des pays à ne pas visiter.Dans un avis aux voyageurs, publié jeudi sur son compte Twitter, Travel-State Department indique de ne pas «voyager en Haïti, en raison de troubles sociaux, de kidnapping et de crimes».
Altidor Jean Hervé