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Les liens entre les fluctuations du taux de change et l’investissement au pays

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Cela fait plus de deux décennies que le taux de change fait partie des principales préoccupations des autorités monétaires ou politiques du pays. Tant bien que mal, ils ont essayé d’aborder le problème. C’est un sujet qui suscite de nombreuses discussions à tous les niveaux de la société : entrepreneurs, économistes ou encore l’homme de la rue.  En effet, le poids du taux de change, par rapport au dollar américain, a un impact important sur l’économie haïtienne.  Il y a l’homme de la rue qui le voit comme source de tout problème.  Son impact est réel sur la vie de la population.  Il se fait de plus en plus sentir par l’augmentation des prix des produits domestiques et la baisse du pouvoir d’achat qu’il provoque.

Depuis les profonds changements opérés dans le système monétaire international, marqué par la libéralisation financière dans les années 90, il est devenu plus difficile de cerner l’ensemble des variables qui interagissent avec le taux de change. Il tend à être une variable incontournable dans la gestion des agrégats macroéconomiques (FMI, 1997). Et l’incidence que peut avoir le taux de change sur les variables macroéconomiques diffère, suivant la réalité des pays (contexte macroéconomique, le type d’entreprise ou secteur d’activités, le type de marché et la proportion des intrants importés dans le processus de production, l’ouverture économique, le degré de volatilité du change, etc.).  Haïti offre un décor qui présente un mauvais présage.  En effet, sur la période allant de 1991 à 2015, l’économie est caractérisée par différentes conjonctures : l’ouverture de l’économie et la mise en place d’une politique de libéralisation ; un délaissement ou démantèlement du secteur productif de l’économie ; un déficit de la balance commerciale devenu chronique et grandissant, d’année en année ; une économie de consommation et finalement une production de l’économie dépendante de plus en plus des intrants importés (matières premières, équipements, etc.).  L’investissement global a augmenté de façon très modeste sur la période mais cela est dû principalement aux investissements publics.  Le taux de change s’est révélé insaisissable sur la période passant de 7,9 gourdes en 1991 à 25,49 gourdes en 2001, soit une augmentation de 222,69 % en 10 ans et, en 2015, il est à 52,07 gourdes pour un dollar (il a plus que doublé). Dans un tel contexte, il est possible que le taux de change a pu nuire à l’investissement. Evidemment, le taux de change n’est pas le seul facteur qui peut influencer l’investissement mais, pour ce travail, il est question de vérifier l’existence de cette influence et d’en mesurer l’intensité.  En effet, théoriquement, la nature de la relation entre le taux de change et l’investissement est incertaine et plusieurs économistes parlent même d’une certaine déconnexion entre les fluctuations du taux de change et les variables macroéconomiques.  Manifestement, les données sur l’économie haïtienne semblent le confirmer entre les différentes sous-périodes de l’étude.  Au cours des sous-périodes 2005-2007 et 2010-2015, l’investissement a diminué, alors que le taux de change s’est respectivement déprécié et apprécié mais, les deux variables ont accusé une tendance positive sur toute la période.  Deux effets sont possibles : effet du pouvoir d’achat versus effet de la demande.  Toutes choses étant égales par ailleurs, lors d’une appréciation du change, le pouvoir d’achat de la monnaie locale augmente alors que les entreprises qui dépendent de l’extérieur pour leurs intrants peuvent en acheter plus pour leur production (effet du pouvoir d’achat) mais cela peut tout aussi affecter la demande extérieure du fait que les produits nationaux deviendront plus chers (effet de la demande) et inversement lors d’une dépréciation.  Selon l’effet qui prédomine, les investissements peuvent augmenter ou diminuer.  Ici, on essaie de déceler quel effet domine lors des fluctuations.

Les résultats de l’étude ont été assez surprenants.  En effet, ce travail a révélé qu’il y a une relation de causalité, donc de cause à effet, entre le taux de change et l’investissement dans l’économie haïtienne pour la période sous étude. Le taux de change «  block cause » l’investissement.  Il y a donc un lien direct qui lie le taux de change avec le niveau global de l’investissement en Haïti, c’est-à-dire que l’évolution de la variable taux de change permet d’expliquer le faible niveau de l’investissement ou le choix d’investir dans l’économie haïtienne sur la période de 2011 à 2015.  De plus, à travers une décomposition de variance,  ils ont trouvé que l’investissement est dû à près de 48,17 % en moyenne, aux innovations du taux de change, tandis qu’il est dû à 38,25 % à ses propres innovations, ces 15 dernières années.  L’évolution du niveau de l’investissement semble donc considérablement dépendante du niveau du taux de change, toutes choses étant égales par ailleurs.  La prévision de l’investissement est améliorée, quand on prend en compte le taux de change dans l’économie.  «Ceteris paribus (…)», cette dynamique exige que toute politique, ayant pour objectif de promouvoir les investissements, doit tenir compte du taux de change nominal par rapport au dollar dans l’économie.

Emmanuel Saintus

 

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