La Fondation Zile et le Centre Haïtien de Relations internationales pour le Développement (CHRID), avec l’appui de l’Université catholique pontificale Madre y Maestra (PUCMM) ont réalisé le 28 octobre, dans le cadre de la commémoration de la Journée Internationale du Créole, le premier colloque binational sur la communication linguistique, sous le thème : « Rôle du créole dans les échanges entre les peuples haïtien et dominicain ». Des fonctionnaires, académiciens, religieux et acteurs sociaux ont partagé avec l’assistance d’universitaires et de membres d’associations communautaires, leurs connaissances et expériences dans le domaine de l’enseignement ou de l’apprentissage du créole haïtien en République Dominicaine. Les débats à l’auditorium de PUCMM à Santo-Domingo ont été lancé par le philosophe David Alvarez, doyen de la faculté des sciences humaines de l’Université et vice-président de la Fondation Zile, qui a mis l’accent sur « la nécessité de valoriser la communication linguistique par l’apprentissage des langues parlées dans les deux pays de l’île ». Dans ce contexte, il a aussi informé qu’un colloque sur l’espagnol aura lieu l’année prochaine en Haïti. Pour le Directeur des relations avec Haïti, du ministère dominicain des Affaires étrangères, M. Sucre Felix, il s’agit d’une « importante initiative qui participe abondamment au renforcement des liens entre Haïti et la République Dominicaine ». Le fonctionnaire dominicain a accentué sur le fait qu’à l’école diplomatique du Ministère, « d’autres entités de l’État dominicain présentent beaucoup d’intérêt à s’inscrire au cours de créole que nous offrons à nos agents diplomatiques ». Il a surtout souligné le cas du service d’urgence national 911 où certains opérateurs ont des difficultés de communication quand ils reçoivent des appels en provenance de ressortissants haïtiens ». Le gouvernement haïtien a été représenté par M. Pradel Henriquez, Directeur de cabinet du ministre de la Culture, Jean Michel Lapin, qui a dû désister à la dernière minute, en raison d’un contretemps. Son représentant a souligné deux aspects : « La langue créole comme un élément primordial de la culture haïtienne et le lien entre culture et migration, dans le cas des ressortissants haïtiens vivant en terre dominicaine ». Pour sa part, le magistrat Alcedo Magarin, fondateur de l’institut de formation, gestion et leadership américain (en espagnol IFGLA) a fait une allocution sur « le créole comme instrument de convivialité insulaire », en faisant appel à une plus large promotion de « cette langue qui nous unit avec nos voisins ». Le professeur Juan Thomas Olivero du campus de Barahona de l’Université d’État (UASD) qui a repoussé les discours nationalistes de division dans les deux pays, plaidant pour une approche de développement insulaire qui passe par l’apprentissage des langues dont particulièrement le créole qui est la langue de la majorité en Haïti. Deux évêques épiscopaliens ont également pris la parole à l’activité. Mgr. Telesforo Isaac, premier évêque natif dominicain qui a étudié au séminaire anglican de Montrouis (Haïti) dans les années 50, où il a appris le créole, Mgr. Julio C. Holguín qui a poussé la création de la « Pastorale Haïtienne » au diocèse dominicain, de même, le prêtre catholique Julio Acosta, un fin créolophone. « Malgré les prises de position de certains secteurs dominicains hostiles à la présence haïtienne, le créole marque des pas importants ces dernières années dans ce pays » a déclaré Edwin Paraison, directeur exécutif de la Fondation Zile, qui a souligné que cette langue partagée par près de 20 millions de personnes dans le monde, est enseignée dans plusieurs entités publiques dominicaines dont les forces armées, le ministère des Affaires étrangères, des universités et des centres privés.
Altidor Jean Hervé