À un moment où la gourde continue sa chute face au dollar, le coût de la vie, la misère, le chômage battent leur plein en Haïti. L’économie haïtienne val mal, touchant des niveaux non atteints depuis plus de dix ans. En marge des discours, des paroles en l’air, rien d’effectif, aucune décision concrète n’a été prise par les autorités gouvernementales pour empêcher la dépréciation de la gourde face au dollar, la vie chère, le chômage et la misère. Nombreux sont ceux qui se questionnent après la décision du gouvernement de reporter l’arrêté du 1er mars 2018, portant obligation de libeller et d’effectuer les transactions commerciales sur l’ensemble du territoire dans la monnaie nationale. Entre la publication des deux arrêtés, le taux de change est passé de 66 à 73 gourdes à la vente pour un dollar américain. La gourde a donc perdu 11 % de sa valeur en seulement sept mois. En plus, le Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement (BMPAD), chargé de l’importation des produits pétroliers en Haïti, n’arrive même pas à se procurer suffisamment de dollars pour placer ses commandes. Pour une deuxième fois en onze (11) ans, les tentatives de l’État haïtien de faire régner la gourde sur le territoire national ont échoué. Selon les données, par rapport au taux de référence de la BRH, le fournisseur de service gagne 2,25 gourdes sur chaque dollar de marchandise vendue. S’il arrive à vendre pour un million de dollars américains de biens et services, il ferait un gain de 2,25 millions de gourdes, rien que sur le taux de change, avant même de calculer son profit sur les ventes. Ce qui porte certains observateurs à dire que cette mesure ne fait que favoriser les grands commerçants, contrairement à ce que disaient les autorités.
Par ailleurs, un rapport de la Banque Mondiale a classé Haïti 112e sur le capital humain avec 0,45% alors que la République Dominicaine voisine occupe la 101e place avec un score de 0,49%. « Le capital humain est souvent le seul capital des personnes les plus pauvres, c’est l’un des facteurs essentiels d’une croissance économique durable et inclusive. Pourtant, les investissements dans la santé et l’éducation n’ont pas reçu l’attention qu’ils méritent », a déclaré Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque Mondiale. L’étude est menée sur 157 pays et l’indice mise sur trois principaux facteurs : la survie (un enfant né aujourd’hui, atteindra-t-il l’âge d’aller à l’école?) ; la scolarité (quelle sera la durée de sa scolarité et quels seront ses acquis?) ; la santé (cet enfant sortira-t-il du système scolaire en bonne santé, prêt à poursuivre ses études ou à entrer sur le marché du travail à l’âge adulte?). À Bali, en Indonésie, le sommet 2018 sur le capital humain s’est tenu sur le thème : « mécanisme de financement mondial : investir dans l’humain ». Cette étude révèle qu’Haïti est loin d’être parmi les pays les plus performants dans la région des Amériques et des Caraïbes, à savoir Chili, Costa Rica, Argentine. Dans son dernier rapport Global sur la compétitivité de 140 pays en 2018, The Global Competitiveness Report 2018 publié le 16 octobre 2018, le Forum Économique Mondial a classé Haïti 138e, comme pays le plus corrompu au monde sur 140 pays, avec un score de 36,5 sur 100 et dernier de la zone Amérique Latine et des Caraïbes. La République Dominicaine est classée 82ème sur 140 (classement inchangé) avec un score de 57,4 sur 100.
En outre, dans le cadre du 5e cycle d’examen, la Direction Générale de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) informe qu’une délégation mixte de l’Organisation des États Américains (OEA) composée d’experts du Panama, de l’Argentine et de deux (2) membres du secrétariat technique, est venue en Haïti pour évaluer la mise en œuvre de la Convention Interaméricaine Contre la Corruption par Haïti. Au cours de cette visite, ces experts ont eu des échanges, d’une part, avec des représentants de la société civile sur différentes questions, telles que les systèmes de recrutement des agents publics, les systèmes de passation des marchés publics, de protection des dénonciateurs et des témoins et ce, conformément aux dispositions du point 13 du document élaboré par l’OEA sur la méthodologie à suivre pour réaliser les visites in situ. D’autre part, la délégation a également rencontré des représentants des institutions publiques, concernées par la mise en œuvre des dispositions de la Convention interaméricaine contre la corruption : l’Office de Management des Ressources Humaines (OMRH), la Commission Nationale des Marchés Publics (CNMP), l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), la Direction Générale du Budget et l’Administration Générale des Douanes (AGD). Rappelons qu’Haïti a déjà été évaluée en 2014, dans le cadre du Mécanisme de Suivi de la Mise en Œuvre de la Convention Interaméricaine Contre la Corruption (MESICIC) dont le rapport comporte de nombreuses recommandations visant notamment le renforcement des cinq (5) organes de contrôle examinés : le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA), la Commission Nationale des Marchés Publics (CNMP), l’Inspection Générale des Finances (IGF) et l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC).
Emmanuel Saintus