Kote lajan PetroKaribe a ? Cette question fait vague sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Ce grand mouvement social sur la toile, qui touche des centaines de milliers d’Haïtiens, vise à pousser les autorités haïtiennes à faire la lumière sur la dilapidation du Fonds PetroCaribe. Ces Fonds du programme PetroCaribe, plus de 3,8 milliards de dollars, dilapidés par les « Gran Manjè », constitue une dette du peuple haïtien envers la République Bolivarienne du Venezuela. L’impunité et la corruption constituent la colonne vertébrale de nos gouvernants. « Cette grande campagne lancée ces derniers jours autour du scandale #PetroCaribe ne doit pas laisser la justice indifférente. On doit absolument réaliser ce procès pour fixer les responsabilités et tracer un exemple. Haïti doit cesser d’être cette République Sans Sanction (RSS). », a fait savoir l’économiste Etzer Émile. De son côté, Stéphane Vincent écrit sur son compte Twitter qu’il faut « Veiller bien – il y a aussi de ces grands bénéficiaires du fonds PetroCaribe qui font une fuite en avant dans le #PetrocaribeChallenge pour s’auto-protéger. Restez vigilants et demandez des comptes! » À cet égard, le vendredi 24 août, des centaines de milliers de personnes ont pris part à un sit-in devant la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA). Ce sit-in organisé à l’initiative des participants au #Petrocaribechallenge sur les réseaux sociaux, vise à dénoncer la complicité des autorités, notamment les instances judicaires, autour du vol du Fonds du programme PetroCaribe. Deux rapports parlementaires et plus d’une soixantaine de plaintes devant la justice haïtienne ont fini par atteindre les jeunes et les forcer à agir, d’abord sur le web, puis dans le réel, pour exiger que lumière soit faite sur le dossier de dilapidation des fonds de PetroCaribe. Dans le budget 2017-2018, une enveloppe de 14 milliards de gourdes avait été prévue pour honorer la dette publique de l’État haïtien. Cela sous-entend que le pays a commencé à payer au Venezuela et va continuer à le faire durant les 25 prochaines années. « Les fonds PetroCaribe auraient pu servir à créer d’autres grands hôpitaux à l’image de celui de Mirebalais », a relaté, sur son compte Facebook, Gilbert Mirambeau Jr, l’initiateur de ce mouvement citoyen.
« Cette douleur qui est celle de nous tous, ronge nos entrailles. (…) La situation du pays aurait été meilleure s’il n’y avait pas eu ce crime économique et financier », a déclaré également l’artiste K-libr, sur sa page. « Challenge #PetrocaribeChallenge, #KotKobPetwoKaribea ki anvayi rezo sosyo yo pa yon MOUVMAN POLITIK. Li ka vin sa petèt aprè, sa pral depann de wout li pran paske l pa p gen limit. Men pou le moman, se yon mouvman SITWAYEN, se yon mouvman KONSYANS KOLEKTIF, se yon mouvman PATRIYOTIK », a précisé K-Lib. « Vivement, que vous soyez 50 000, 100 000, 200 000 devant la Cour Supérieure des Comptes ce vendredi 24 août. Vous avez mon soutien total. Je voudrais être là, mais je n’y serai pas, car le mouvement doit être strictement citoyen et social », exprime, pour sa part, le sénateur de l’Ouest, Patrice Dumont. L’épineux dossier du gaspillage des fonds Petrocaribe nécessite une enquête technique devant être conduite par une instance internationale neutre, spécialisée en la matière. Ceci aidera à identifier les vrais coupables pour les traduire devant la justice, a fait savoir David Bazile, le Directeur Général de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Et de poursuivre que le dossier PetroCaribe implique plusieurs acteurs. « Le dossier ne doit pas prêter à des accusations infondées, visant souvent à indexer une tierce personne, sans preuve palpable. Une enquête technique et apolitique est nécessaire à la libération de la société et pour qu’on puisse identifier les vrais coupables », a-t-il conclu. Une commission d’enquête de l’ancien président de la Commission Éthique et Anti-corruption du Sénat haïtien, Évalière Beauplan, a révélé que près de 3 milliards de dollars ont été gaspillés. Depuis plus d’une semaine, c’est sous le hashtag #petrocaribechallenge que des internautes demandent des comptes à d’anciens fonctionnaires et officiels de l’État, soupçonnés d’avoir dilapidé les fonds vénézuéliens. Le mouvement lancé par le cinéaste Gilbert Mirambeau Jr., mais inspiré du #pushupchallenge lancé par l’artiste chanteur Joseph Zenny Jr, draine déjà des milliers d’utilisateurs des réseaux sociaux.
Emmanuel Saintus