Une semaine après la présumée attaque faite contre le Parlement, le parquet s’est saisi de cette affaire et a adressé une demande au secrétaire général de la Chambre des députés. Attaque ? Accident ou acte volontaire ? Pour l’heure, ce ne sont que des hypothèses et la vérité des faits n’est jusqu’ici pas encore établie. Tôt dans la matinée du lundi 20 août 2018, des impacts de projectiles étaient visibles sur les murs de la Chambre des députés. Selon le sénateur Ronald Larêche, cet incident est causé par un des agents de sécurité qui était en service de nuit. Est-ce un accident ou un acte volontaire ? Il avance que ce ne sont que des hypothèses. « Il y a plus d’une dizaine d’agents qui assurent la sécurité du bâtiment et un contingent de policiers à l’extérieur », a fait savoir l’ancien président du Sénat haïtien, faisant savoir que l’agent en question a agi par manque de professionnalisme. « Il ne s’agit pas d’engins explosifs, a-t-il dit, mais plutôt d’un agent qui a tiré une cartouche 12. Plusieurs vitres ont été touchées », soutient le sénateur sur les ondes de Radio Métropole. Il regrette qu’aucune mesure restrictive n’est encore prise à l’endroit du concerné. Il estime par ailleurs que certains de ces agents n’ont aucune formation pour exercer le métier et qu’ils ont été recrutés sur une base politique. « La loi définit comment recruter un agent de sécurité. Dans le temps, l’Académie organisait pour eux des séances de formation. Mais d’autres sont des anciens camarades et militants politiques, choisis par des parlementaires à chaque nouvelle législature ». Il déplore et condamne les agressions faites sur les deux journalistes et invite les présidents des deux Chambres à punir les agresseurs. Des tirs ont eu lieu dans les locaux du Parlement. Le parquet s’est saisi de ce dossier et adresse une demande à Guy Gérard Georges, secrétaire général de la Chambre des députés : celle de mettre à la disposition de la justice via la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), les 13 agents de sécurité qui étaient en service dans la nuit du dimanche 13 août au lundi 20 août. Dans cette correspondance datée du 21 août, le commissaire du gouvernement, Ocnam Clamé Daméus, demande la mise à sa disposition de tout enregistrement, vidéo surveillance effectués durant cette période au niveau du Parlement. En même temps, le commissaire invite le publicitaire Max Alex Joseph, le 27 août prochain au parquet, dans le but de répondre à ses questions sur la vidéo incitant à la violence contre les parlementaires sur laquelle sa voix est enregistrée. Cet incident survenu en début de semaine a soulevé de vives réactions au sein des acteurs de la classe politique, l’interprétant comme étant une simple mise en scène ou un pur montage.
À la suite de cette attaque présumée, l’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH) s’est dit consternée de constater la résurgence de comportements et d’attitudes intolérants, d’une autre époque, de la part d’instances de sécurité par rapport au libre exercice de la profession de journaliste. Le lundi 20 août 2018, des agents de sécurité du Parlement ont offert à la nation, le spectacle navrant d’une agression sur des journalistes venant couvrir les débuts de l’enquête autour de l’attaque qu’aurait subie la Chambre des députés dans les premières heures de la même journée. Ces incidents sont survenus dans un climat de tension entre des agents de la Direction de la Police Judiciaire (DCPJ) venus sur place pour les besoins de l’investigation policière et des membres du corps de sécurité du Parlement. Les confrères couvraient cette situation, quand un individu, membre du corp de sécurité du Parlement a bondi et a giflé le cameraman Sinéus Franck de Télé Pacific, tandis que Bob Sleam Fontilus, cameraman de Télé Ginen, a eu son appareil abimé par le même agent qui voulait empêcher toute documentation de la scène qui se déroulait. Heureusement que des confrères d’autres médias présents aient pu immortaliser la scène, ce qui permet d’identifier clairement l’agresseur en question. L’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH) invite les journalistes victimes à porter plainte contre cet agent de sécurité. Cette semaine également, des journalistes ont reçu des menaces de mort et ont dû se mettre à couvert après la publication de reportages sur la situation qui prévaut au Parlement haïtien. L’ANMH exige du Parlement de prendre les dispositions pour dénoncer cet acte arbitraire contre la presse et contre son droit d’informer le pays en toute liberté.
Altidor Jean Hervé