Mensonges, chantages au Parlement haïtien, la masse populaire a changé les équations, et le pouvoir et ses alliés, notamment les sénateurs et députés, s’inquiètent des avancées. Pour plaire à Jovenel Moïse, les sénateurs proches du pouvoir étalent leur ignorance et leur nuisance. Il est donc très clair que, qualifier les parlementaires de « honorables au service du peuple », c’est chercher à égarer les médias et l’opinion publique, en faisant passer ceux-là pour des gens au service de la population. Ces parlementaires ne se posent même pas la question de la pertinence des chiffres avancés par leur confrère au sujet des avantages dont ils profitent pour rien, alors que leurs mandants pourrissent dans la crasse. En effet, le mardi 24 juillet 2018, après plus de 8 heures de débats, le Directeur Général de la Police nationale d’Haïti (PNH), Michel-Ange Gédéon, est sorti la tête haute, face à la diatribe des sénateurs, lors des auditions au Sénat, à la suite de la convocation de la commission Justice et Sécurité du Sénat. Maîtrisant parfaitement son dossier et sans jamais perdre son calme, le DG de la PNH a répondu aux innombrables questions, en évitant les pièges et les provocations de certains sénateurs. Il était accompagné, pour cet exercice, de plusieurs membres du Haut État-major et du Commissaire Berson Soljour, Directeur Départemental de l’Ouest de la PNH. Cette séance d’audition du DG de la police autour des évènements des 6, 7 et 8 juillet 2018, a été dirigée par le président du grand Corps, le sénateur Joseph Lambert, qui est en proie à de nombreuses critiques ces derniers jours, à la suite d’une affaire de résidence, coûtant plus de 7 millions de gourdes, mise à sa disposition. Le président du Sénat s’est montré satisfait de la rencontre et s’est félicité des déclarations du chef de la police qui aurait, selon lui, exprimé des regrets pour ce qui s’est passé. Selon le Sénateur Carl Murat Cantave, Michel-Ange Gédéon avait été informé le 5 juillet, lors d’une réunion du Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN), de la décision du Gouvernement d’annoncer le 6 juillet, la hausse du prix des carburants à la pompe. Répondant au sénateur Cantave, Michel-Ange Gédéon a expliqué que le Gouvernement avait finalement informé le 5 juillet à l’issue de cette réunion, la suspension temporaire de cette décision, qui allait finalement être appliquée par la suite, le vendredi, durant le match Belgique-Brésil. Soulignant que la réactivation de cette décision, prise tard dans la nuit de jeudi à vendredi, n’avait pas été communiquée à la PNH, Gédéon a rappelé qu’il faut au moins 48 heures pour mobiliser les troupes et mettre en place le dispositif prévu, pour gérer les éventuels débordements prévisibles à la suite de cette décision. Conséquence, la PNH n’ayant appris cette décision qu’après l’annonce de la hausse des prix du carburant, et malgré les consignes de mobilisation des agents et des unités passées dans l’urgence, l’institution n’a pu compter que sur les effectifs policiers réguliers déjà en poste, les renforts, tout comme la relève, étant dans l’incapacité de se présenter sur les lieux d’affectation, étant donné que les émeutes qui avaient déjà éclatées, bloquaient la circulation dans les rues, a expliqué le Chef de la police. « Malgré le manque d’effectifs et d’équipements, la PNH qui a perdu deux de ses hommes dans les émeutes, a pu néanmoins procéder au renforcement de la sécurité présidentielle, à la protection de ressortissants étrangers, des ambassades et de plusieurs entreprises et à l’évacuation de plusieurs personnalités », a fait savoir Michel-Ange Gédéon. Les sénateurs n’ont donc pas eu d’autres choix que d’accepter dans leur majorité, les explications du DG de la police, face à ses précisions et à son sang-froid qui ont démonté un ensemble d’attaques et de provocations, dont celles du sénateur Carl Murat Cantave.
Emmanuel Saintus