Sous les menaces d’incendie et au cœur de nombreux évènements scandaleux, le Parlement haïtien, le Sénat de la République, en particulier, a fait marche arrière sur bon nombre de choses, telles la suspension de certains privilèges des élus du grand Corps, l’annulation du bail de location du président du Sénat, etc. Ces agissement du Sénat sont dûs aux récents évènements du 6 au 8 juillet dernier, qui ont d’ailleurs fragilisé la majorité présidentielle au sein des Sages. Le sénateur des Nippes, Nènel Cassy, du parti politique Fanmi Lavalas, membre de l’opposition, dans une note à la nation, appelle ses collègues à démissionner en bloc au Parlement, dans le but d’éviter le pire au pays. « Ce n’est pas l’institution qui est mauvaise, mais probablement le contenant », précise Cassy, se disant prêt à faire ce sacrifice, pour laisser la place à un nouveau projet de société favorable au peuple haïtien. Ce projet serait susceptible d’ouvrir la voie, selon lui, « à un État fort, à une bourgeoisie nationale ayant le sentiment d’appartenance au pays, pour garantir un mieux-être à toutes et à tous ». Cet appel du parlementaire Nènel Cassy survient dans le contexte de consultations de la présidence pour le choix d’un nouveau premier ministre. Décriée par la société et vassalisée par le président Jovenel Moïse, l’institution parlementaire choisit de ne faire qu’un avec le pouvoir exécutif, au lieu de jouer pleinement son rôle, fustige Cassy. Dans un communiqué rendu public, le Sénat de la République a annoncé des coupes substantielles dans le budget de l’institution et l’élimination de certains privilèges accordés aux sénateurs. Subvention pendant les fêtes patronales, location de véhicule, octroi de carte de téléphone, ces avantages et d’autres encore seront complètement éliminés. Ces mesures, selon le président du grand Corps, visent à instaurer un régime d’austérité en raison de la situation économique et financière du pays. L’élimination de la question de la location de résidence pour le Président du Sénat, c’est la première décision adoptée à l’unanimité par la conférence des présidents. Suite à cette mesure, Joseph Lambert, Président du grand Corps, est invité à résilier le contrat. La deuxième concerne l’octroi de cartes téléphoniques aux parlementaires, une rubrique qui était évaluée a environ 1 million de gourdes par mois pour l’ensemble de l’institution sénatoriale. Le montant, évalué à 40 millions de gourdes, réservé au déplacement des Sénateurs à l’intérieur du pays, sera également éliminé. Des subventions pour les périodes pascales et estivales, vont aussi disparaître. Selon le Sénateur Joseph Lambert, ces deux rubriques s’élevaient à près de 100 millions de gourdes par an. Le président du Sénat appelle désormais tous les bénéficiaires, à emprunter d’autres options. De plus, l’élu du Sud-Est informe que la location de véhicules sera également supprimée. Cette disposition, explique Joseph Lambert, doit servir à éponger les dettes cumulées par le grand Corps depuis plusieurs années. D’autre part, la majorité parlementaire au Sénat, proche du chef de l’État, est fortement fragilisée. Un groupe de dix (10) sénateurs, membres du PHTK et des partis alliés, ont abandonné le bloc majoritaire pour former le Groupe des Sénateurs pour l’Équilibre Politique (GSEP). Ces parlementaires qui supportaient les projets du gouvernement entendent prendre une distance critique. Ils n’annoncent pas leur opposition au gouvernement mais ne confirment pas non plus leur support à l’opposition. Les émeutes des 6 et 7 juillet semblent avoir motivé cette décision des sénateurs réputés proches du chef de l’État. Au cours des derniers mois, le sénateur Youri Latortue avait révélé l’existence d’un malaise au sein de la majorité. Le sénateur Rony Célestin, qui fut chef de la majorité présidentielle sous Martelly à la Chambre basse, est le président de ce groupe. Les autres membres du bloc sont Jean Rigaud Bélizaire, Gracia Delva, Francenet Dénius, Pierre François Sildor, Wilfrid Gelin, Jean Mary Ralph Féthière, Nahoum Marcellus, Denis Cadeau et Onondieu Louis. Le GSEP promet d’œuvrer au bon fonctionnement du Sénat et au contrôle de l’action gouvernementale. En guise de repère de leurs stratégies, les membres du GSEP n’entendent pas participer aux consultations pour la désignation d’un nouveau Premier Ministre.
Emmanuel Saintus