Les avantages et privilèges accordés aux parlementaires continuent de provoquer colère et indignation au sein de la société civile, de l’opposition et de la population toute entière. Les leaders du Parlement tentent de désamorcer la crise en annonçant des réformes dans les allocations aux subventions des législateurs. De leur côté, les parlementaires de l’opposition insistent sur la nécessité de légiférer afin de garantir la pérennité des réformes. Le député Abel Descollines est prêt à faire le dépôt d’une proposition de loi pour réguler les avantages des élus et des grands fonctionnaires de l’État. Le document fixera les modalités et répondra aux nécessités de transparence, explique le député de Mirebalais. M. Descollines, qui avait présenté la motion d’interpellation ayant conduit à la démission du Premier Ministre Lafontant, explique que la proposition de loi ne vise pas à annuler les privilèges actuels mais à rétablir la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Il assure que cette loi permettra de combler une lacune, en ce qui a trait à la transparence dans la gestion des ressources de l’État. En début de semaine, plusieurs organisations avaient convoqué une grève générale pour protester, entre autres, contre la corruption et les privilèges énormes accordés aux sénateurs et députés. Le président du Sénat, Joseph Lambert, avait indiqué la semaine écoulée que la location d’une résidence officielle pour le président du grand Corps a été annulée. En outre, il a assuré que les subventions périodiques d’un million de gourdes pour chaque sénateur seront également éliminées. Si la proposition de loi est adoptée, les institutions devront publier dans le journal officiel, Le Moniteur, les avantages et privilèges pour les grands commis de l’État. Si la décision du Parlement de revoir à la baisse les privilèges des sénateurs et députés pour le prochain budget ne plait pas à tout le monde, que dire alors d’une loi ? Le député des Cayes-Île-à-Vache, Clauvy Robas, s’est montré très remonté face à une telle décision, lors d’une intervention pleine de reproches sur une radio privée de la capitale. L’élu se plaint notamment du comportement de ses mandants qui ne cessent de lui demander de l’aide à certaines occasions. « Je ne suis pas pour la réduction des privilèges d’un député, car nous n’en avons pas », a commencé Robas pour expliquer sa situation. Il fait savoir que les privilèges qu’il reçoit généralement sont utilisés à résoudre les problèmes de certains citoyens et institutions de sa commune, qui ne cessent d’implorer sa faveur à chaque fois qu’ils rencontrent des difficultés économiques. Le député souligne une mauvaise compréhension de la part de la population, de sa fonction au Parlement. Le député révèle, du même coup, qu’il recourt au pouvoir Exécutif, lorsqu’il n’est pas en mesure de répondre à ces demandes. Conséquence ? « Je perds mon autorité sur tous les ministres et directeurs généraux à qui je demande généralement de l’argent », poursuit-il. Claudy Robas a conclu en faisant croire qu’il est prêt à ne plus recevoir de privilèges si la population de Cayes-Île-à-Vaches décide de ne plus solliciter de l’aide à son député.
Altidor Jean Hervé