Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a présenté le mardi 24 juillet un rapport détaillé des violences ayant marqué les journées des 6, 7, 8 février à Port-au-Prince et dans des villes de province, à la suite d’une augmentation abusive des prix de l’essence. Après les émeutes des 6,7 et 8 juillet qui ont suivi l’annonce de la hausse des prix du carburant à la pompe, au moins vingt (20) personnes ont perdu la vie dont cinq (5) à Pétion-ville, quatre (4) à Delmas et onze (11) dans diverses communes du département de l’Ouest. Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) affirme avoir diligenté une enquête autour de ces événements, soulignant que les pertes humaines et matérielles, résultant de ces émeutes sont énormes.
Dans le cadre de cette enquête, le RNDDH dit avoir rencontré des résidents ainsi que des autorités policières, judiciaires et pénitentiaires, et s’est rendu dans vingt-neuf (29) espaces dont vingt-et-une (21) entreprises commerciales et huit (8) centres commerciaux où il s’est entretenu avec des responsables et certains employés. Selon le bilan partiel réalisé par le Réseau de Défense des Droits Humains (RNDDH) et présenté le mardi 24 juillet 2018, 76 véhicules ont été incendiés dont 52 stationnés sur les cours d’entreprises commerciales et 24 véhicules neufs dans deux salles d’exposition de la Universal Motors sur la route de l’aéroport et à Pétion-Ville. La PNH rapporte la destruction de quatre (4) de ses véhicules. Au moins 80 entreprises privées et institutions de l’État ont été pillées et/ou incendiées au cours des émeutes dont 30 entreprises privées, hors d’un centre commercial. Par ailleurs, onze (11) entreprises ont eu des vitrines brisées et trois (3) ont subi des tentatives d’incendies. La PNH rapporte des dommages importants dans quatre (4) sous-commissariats. Au moins douze (12) entreprises (2 à Delmas, 8 à Pétion-Ville, 1 au centre-ville et 1 sur la route de l’aéroport) ont été pillées. Huit (8) centres commerciaux, regroupant au total plus de 50 commerces, ont été endommagés lors des évènements violents des 6, 7 et 8 juillet. Le RNDDH relève encore, qu’à la veille des émeutes enregistrées les 6, 7 et 8 juillet 2018, la situation générale des droits humains en Haïti était déjà préoccupante. Les droits de la population à la vie, à la santé, au travail, au logement, à la sécurité sociale et à l’éducation étaient constamment foulés aux pieds. De son côté, le Centre Ambulancier National (CAN) confirme qu’il a transporté d’urgence durant les trois (3) jours d’émeutes, plus de 100 blessés dont une vingtaine par balles, principalement à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) et à l’hôpital La Paix à Delmas 33. La Police Nationale d’Haïti (PNH) déplore la mort de deux de ses agents. Par ailleurs Me Clamé Ocnam Daméus, le Commissaire du Gouvernement près le Tribunal de Première Instance (TPI) de Port-au-Prince confirme que plus de 100 personnes ont été arrêtées, accusés entre autres de pillages et d’incendies criminels lors de ces trois (3) jours d’émeutes. En plus, le commissaire du gouvernement, Clamé Ocnam Daméus, a invité l’homme d’affaires, Réginald Boulos, à le rencontrer au Parquet de Port-au-Prince, le lundi 30 juillet à 2h30 de l’après midi pour lui fournir, dans le cadre de l’enquête ouverte, des informations sur les actes de vandalisme et de pillage subis par ses entreprises durant le soulèvement du 6, 7 et 8 juillet. Selon Me Clamé Ocnam Daméus, cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’une enquête criminelle conduite et suivie contre les auteurs intellectuels et exécutants d’actes de pillage, de destruction, d’incendie, de dévastation, d’incitation et d’excitation de la population à la violence, les 6, 7 et 8 juillet 2018, dans l’aire métropolitaine. « Vous faites partie du nombre de personnes que le Parquet juge opportun d’entendre à cet effet », a écrit le commissaire du gouvernement à Réginald Boulos. D’autre part, le chef de la poursuite a adressé une correspondance aux juges de paix des communes de Port-au-Prince, de Delmas et de Pétion-ville, pour leur demander de lui transmettre tous les constats réalisés dans les entreprises pillées ou incendiées pendant les émeutes, à des fins d’enquête.
Emmanuel Saintus