On dirait que la mauvaise gestion des armes à feux en Haïti commence à affecter la république voisine sur le plan sécuritaire. À cet effet, les autorités dominicaines ont révélé que le fusil utilisé dans l’attaque sur une branche de la Banque populaire en République dominicaine appartient à la Police nationale d’Haïti (PNH). Le directeur général de la PNH confirme au Nouvelliste que cette arme appartient effectivement à l’arsenal de la police nationale. Michel-Ange Gédéon a souligné toutefois que ce fusil fait partie des cinquante fusils T-65 disparus au Palais national entre la fin de 2015 et le début de 2016. Entre la fin de l’année 2015 et le début de 2016, à l’occasion d’un inventaire dans l’arsenal de la Police nationale au Palais national, les autorités ont constaté que pas moins de 50 fusils T-65 ont disparu. C’est l’une de ces armes lourdes, utilisée par les braqueurs de la Banque populaire en République dominicaine. Si la presse dominicaine parle d’un fusil M-16 utilisé dans cette attaque, le chef de la Police nationale d’Haïti a fait savoir au Nouvelliste que la police dominicaine lui a envoyé le numéro de série du fusil utilisé dans le braquage de la banque et il correspond à un des 50 fusils T-65 disparus au Palais national. Bien avant la République dominicaine, pendant deux fois, la police jamaïcaine avait dit trouver dans des opérations, deux fusils T-65 appartenant à la police d’Haïti. Une autre source policière confirme effectivement qu’il s’agit des armes de la PNH, faisant partie des cinquante T-65 disparus au Palais national. La police dominicaine indique avoir appréhendé deux Haïtiens au cours de ce braquage. La Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), conjointement avec la police dominicaine, travaille sur le dossier afin de remonter jusqu’à la provenance du fusil. « L’enquête avance », a affirmé le chef de la PNH, Michel-Ange Gédéon, soulignant que les polices dominicaine et haïtienne ont d’excellents rapports de travail. Selon le porte-parole du corps de police dominicain, le fusil utilisé par les criminels pour commettre l’attaque sur la branche de la Banco Popular del Ensanche Isabelita, et avec lequel les assaillants ont affronté la police dominicaine la semaine dernière, appartient à la police haïtienne. « Ce fusil appartient à la police haïtienne. Il semble qu’il soit entré sur notre territoire par la frontière avec le pays voisin », a déclaré le colonel Frank Durán. Selon le porte-parole de la police dominicaine, lors du braquage de la Banco Popular, deux Haïtiens ont été appréhendés et des travaux d’identification sont en cours. Au cours de cette confrontation, six policiers ont été blessés, dont cinq officiers supérieurs. L’assaillant qui a utilisé le fusil au moment de l’attaque est mort pendant la confrontation. L’un des policiers grièvement blessés est décédé à l’hôpital, selon la presse dominicaine. Réagissant au sujet de cette attaque, le vice- président exécutif de la Fondation pour la justice institutionnelle (FINJUS), Servio Tulio Castaños, ne s’est pas montré surpris et remet la cause aux faiblesses de sécurité à la frontière. « Nous savons que le problème vient au niveau de la frontière et, en particulier, de l’incompétence de ceux qui sont chargés de sa sécurité qui ne parviennent pas à accomplir leur travail », a dit Castaños dans des propos relayés par El Nuevo Diario. L’autorité dominicaine a eu aussi quelques mots à l’endroit d’Haïti au cours de son intervention. La plupart des armes utilisées dans des crimes en République Dominicaine proviennent clandestinement d’Haïti, a-t-il dit, pour finir son intervention. Il y a quelques mois, le Secrétaire d’État à la Sécurité Publique, Ronsard St-Cyr, était questionné à propos de l’origine des armes utilisées par les bandits de Grand-Ravine. L’autorité avait fait croire qu’elles proviennent « directement de la République Dominicaine et de la Jamaïque » remettant aussi en question le niveau de sécurité de la frontière.
Saintus Emmanuel