Les problèmes qui empêchent le pays de progresser sont, entre autres, politique, social culturel et économique. Toutefois, l’économie haïtienne et ses multiples problèmes affectent diversement les autres secteurs du pays, et tout ceci exige des plans et des choix minutieusement calculés, autrement dit, une bonne politique économique. De ce fait, l’État haïtien, conscient de cela, décide de prendre des mesures soi-disant utiles pour l’économie du pays. La hausse des prix de l’essence fait partie des priorités du gouvernement haïtien. Les nombreuses critiques des leaders de la société civile et de l’opposition, au cours des dernières semaines, n’ont pas incurvé la détermination du gouvernement. Pour le justifier, le ministre de l’Économie et des Finances, Jude Alix Patrick Salomon, annonce que l’ajustement des prix est pour bientôt. Même s’il n’a pas confirmé la date pour l’entrée en fonction des nouveaux tarifs des hydrocarbures, le grand Argentier de la République avait, en mai dernier, soutenu que l’ajustement est prévu pour la fin de ce mois de juin. Pour M. Salomon, la démarche vise à appliquer la législation sur la taxation des produits pétroliers. Le décret sur les prix des hydrocarbures n’est pas appliqué, regrette M. Salomon, faisant allusion au décret de 1995 qui recommande la répercussion de la baisse ou de la hausse des prix du baril de pétrole sur le marché international. Selon le ministre des Finances, il est temps que le gouvernement sorte de l’illégalité. Il a insisté sur la nécessité d’ajuster les prix pour mettre un terme au financement des prix de l’essence. Il s’agit d’un financement sans discrimination, dit-il, reprenant un argumentaire présentant l’actuelle structure des prix comme des subventions aux couches sociales aisées. « C’est une stratégie contreproductive, puisque le gouvernement a un grand besoin de ressources pour supporter les couches vulnérables ». Le FMI, de son côté, a salué « l’intention du gouvernement d’éliminer la subvention des produits pétroliers », selon un communiqué informant qu’une mission menée par Chris Walker, a séjourné en Haïti du 3 au 15 juin 2018, afin d’avoir des discussions avec les autorités haïtiennes et d’évaluer la mise en œuvre du Staff Monitored Program (SMP) signé le 25 février dernier.
Si le Fonds croit cette réforme nécessaire, il n’ignore pas certains de ses effets. Pour mitiger l’impact de la réforme de la subvention des produits pétroliers pour les franges les plus vulnérables de la population, « la mission et le gouvernement se sont mis d’accord sur l’importance de l’implémentation de mesures sociales clés », a indiqué le communiqué du FMI, rendu public le mercredi 20 juin 2018. Cependant, si, à l’analyse des marqueurs de performance et du respect du SMP, le gouvernement est bien noté, le FMI reconnaît cependant un retard dans la mise en place de cette reforme perçue comme une patate chaude par certains. « Tous les critères de performance ont été atteints à l’exception de celui en rapport au financement des produits pétroliers, à cause de l’augmentation non prévue des prix des produits pétroliers sur le marché international », lit-on dans le communiqué. Au moment où les autorités haïtiennes et les responsables de la Mission onusienne font état d’une amélioration de la situation économique au cours des derniers mois, dans son dernier rapport au Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations Unies indique que les « prévisions d’investissements publics dans le secteur agricole et des niveaux de précipitation normaux au cours du dernière trimestre de 2017 ont permis d’obtenir des récoltes du printemps plus abondantes que la moyenne, et donc d’augmenter la production agricole ».
Pour sa part, le gouvernement dominicain réfléchit sur la nécessité de coopérer et de participer dans le développement économique et social d’Haïti, et ce, dans l’objectif de projeter une meilleure image face à la communauté internationale, à propos de la relation haïtiano-dominicaine. C’est le ministre des Affaires étrangères de la République Dominicaine, Vargas Maldonado, qui a fait des déclarations en ce sens, au moment de participer cette semaine à l’ouverture d’un panel intitulé : « la politique étrangère dominicaine vers Haïti », a-t-on appris du journal dominicain Diario Libre. « L’importance des relations commerciales entre les deux pays et la migration haïtienne sont des facteurs qui nécessitent une étude permanente des autorités dominicaines […] », a-t-il soutenu, en considérant le fait qu’Haïti représente actuellement l’un des trois plus importants partenaires commerciaux de son pays. Jusqu’en 2017, informe-t-il, le flux des échanges entre les deux pays s’élevait à plus de 800 millions de dollars. En effet, il croit que la République Dominicaine a intérêt à « coopérer dans le développement économique et social de la nation sœur», et aussi dans la création d’emplois au profit des deux pays, comme le veut l’accord Laredo.
Altidor Jean Hervé