Après le scandale sexuel de l’organisation non gouvernementale en Haïti et dans plein d’autres pays, le gouvernement haïtien a décidé du retrait définitif du statut d’ONG d’aide au développement, octroyé à OXFAM/Grande-Bretagne, pour violation de la législation haïtienne et atteinte grave au principe de la dignité de la personne humaine, annonce l’Exécutif. La décision a été rendue publique le mercredi 13 juin 2018, au cours d’une rencontre avec la presse, au ministère de la Culture et de la Communication. Selon le ministre de la Planification et de la Coopération externe, Aviol Fleurant, ce retrait entraîne la dissolution de cette ONG et la liquidation de son patrimoine, conformément aux lois et règlements régissant la matière. OXFAM/Grande-Bretagne a été au cœur d’un scandale d’abus sexuels, commis par certains de ses employés en Haïti, à la suite du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Des employés d’OXFAM/G-B avaient engagé des prostituées pour participer à des moments de débauche, dans des logements et des hôtels payés avec l’argent de l’ONG internationale, d’après un rapport d’enquête interne, daté de 2011 et remis le 19 février 2018 au gouvernement haïtien. Par la même occasion, l’ONG avait fait part de ses excuses à l’endroit de la population nationale. Sept employés d’OXFAM avaient quitté l’ONG : quatre avaient été licenciés pour « faute grave », tandis que trois autres avaient démissionné, à la suite de l’enquête conduite autour du scandale. Le directeur d’OXFAM pour Haïti à l’époque, le Belge Roland van Hauwermeiren, indexé dans ces actes, avait remis également sa démission depuis 2011. Ce scandale sexuel avait aussi contraint à la démission, le lundi 12 février 2018, la directrice générale adjointe d’OXFAM, la Kenyane Penny Lawrence. Celle-ci avait exprimé sa honte et sa tristesse face à la mauvaise conduite d’employés en Haïti et au Tchad. Finalement, le directeur général d’OXFAM/Grande-Bretagne, le Britannique Mark Goldring, a démissionné de son poste le mercredi 16 mai 2018, pour offrir un « nouveau départ » à l’ONG. Les responsables de l’organisation, quant à eux, ont exprimé leur déception ainsi que leur compréhension de la décision du gouvernement d’Haïti, de retirer la permission d’OXFAM/Grande-Bretagne. Le comportement de certains anciens membres du personnel d’OXFAM travaillant en Haïti après le tremblement de terre de 2010 était totalement inacceptable. Nous nous sommes excusés auprès du gouvernement et du peuple haïtien pour ce qui s’est passé, ont précisé les dirigeants d’OXFAM/G-B, dans un communiqué. Ils ont rappelé les dispositions adoptées au cours des dernières années pour prévenir des comportements répréhensibles. « À partir de 2011, nous avons mis en place des mesures plus strictes pour prévenir le harcèlement et les abus, y compris une ligne d’alerte et une équipe de sauvegarde dédiée. En février de cette année, nous avons annoncé un plan global pour renforcer notre sauvegarde à l’échelle mondiale. Nous avons augmenté le personnel et le financement pour la sauvegarde, y compris en Haïti, mis en place une base de données mondiale pour les références, afin de rendre plus difficile le travail des fautifs et nommé une commissions indépendante pour revoir notre culture et nos pratiques, afin de pouvoir apporter des améliorations ». Nous sommes déterminés à continuer de faire tout notre possible pour aider les millions de personnes touchées chaque année par des catastrophes humanitaires et à améliorer la vie de ceux qui vivent dans la pauvreté. OXFAM continuera à travailler en Haïti sur des projets de reconstruction et de développement, à travers d’autres membres affiliés d’OXFAM (Italie, Espagne et Québec). OXFAM aide actuellement 750 000 personnes en Haïti, se concentrant à aider les personnes à échapper à la pauvreté et à les aider à mieux se préparer à faire face aux catastrophes, conclut le communiqué.
Altidor Jean Hervé