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Leurré, l’État l’est dans son choix économique

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À trop vouloir bien faire, parfois, on finit par mal faire les choses ou encore, quand les mauvaises personnes sont au mauvais endroit, le résultat est souvent catastrophique. Dans un souci, dit-il, de valoriser la gourde, l’État a décidé de dédollariser l’économie haïtienne : une décision prise au mauvais moment et qui ne plait pas à tout le monde. « Le gouvernement n’a ni la capacité ni la volonté politique pour forcer les commerçants à respecter les prix et à ne pas profiter de la dédollarisation pour augmenter le prix de vente de leurs articles », estime Camille Chalmers, directeur exécutif de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA). Selon Camille Charlmers, pour que cette mesure ait un impact positif, il faudrait avoir beaucoup d’autres dispositions et orientations sur les plans politique et économique (économie monétaire en particulier). « Or, le gouvernement n’a pas encore créé les instruments institutionnels pour contrôler véritablement le système commercial et le système de change, dont une bonne partie se fait dans l’informel, » déplore-t-il. Parmi les mesures qui devaient être prises, l´économiste cite la mise en place de mécanismes de contrôle des prix, tout au moins pour les biens stratégiques. « La décision de libeller en gourde toutes les transactions effectuées sur le territoire national est une bonne idée qui s’est réalisée dans un mauvais contexte », explique Charlmers. Il est vrai que ce choix pourrait apporter une solution mais la production nationale quasi inexistante serait un handicap majeur pour l’application de ce choix économique. Pour sa part, Osnel Jean-Baptiste de l’Organisation Tèt kole ti peyizan, pense que « la dédollarisation serait salutaire, si le gouvernement aidait véritablement au renforcement de la production nationale… Vu les conditions dans lesquelles elle s´applique, cette mesure, au lieu de renforcer les masses paysannes, a plutôt renforcé le secteur privé et les multinationales », ajoute Jean-Baptiste. Parallèlement au fait que le gouvernement ne soit pas parvenu à valoriser la gourde par rapport au dollar, il n´a pas réussi non plus à freiner le déficit budgétaire qui se chiffre à 14 milliards de gourdes pour la période d´octobre 2017 à février 2018. En conférence de presse, cette semaine, au ministère de la Communication, le secrétaire d’État aux Finances, Ronald Décembre, a confirmé le creusement du déficit budgétaire pour le deuxième trimestre de l’exercice fiscal en cours. « Effectivement, il y a un déficit budgétaire de 14 milliards de gourdes, rien que pour la période allant d’octobre à février », a-t-il affirmé, soulignant qu’il s’agit toutefois d’un déficit momentané. Pour le secrétaire d’État aux Finances, Ronald Décembre, le gouvernement peut colmater le déficit budgétaire à la fin de l’exercice. « Généralement, le déficit budgétaire se constate en fin d’exercice. Le gouvernement prend des mesures afin de redresser ce déficit peu à peu, avant la fin de l’exercice », a indiqué Ronald Décembre. Pour résoudre le problème du déficit budgétaire, M. Décembre croit que la formule à utiliser est simple : « augmenter les recettes et limiter les dépenses ». C’est de cette façon qu’il faut s’y prendre pour résoudre le problème du déficit budgétaire, d’après Ronald Décembre. Le secrétaire d’État aux Finances n’a fait allusion ni au cash management, selon l’accord signé entre le gouvernement et la BRH, ni à une éventualité de rectifier le budget, en vue d’éviter que le déficit budgétaire ne se creuse. Ce sont autant de déclarations prouvant que l’État ou les autorités de l’État connaissent bien les formules par cœur mais errent toujours et encore dans leur application, ce qui dépasse leur niveau de compétence. Intervenant sur les ondes d’une radio de la capitale, l’économiste Eddy Labossière a fait savoir qu’un déficit budgétaire autour de 14 milliards est énorme. « D’après l’accord signé avec le Fond monétaire international (FMI), le déficit budgétaire ne devrait pas dépasser environ 19 milliards de gourdes et 1,6% du Produit intérieur brut (PIB) pour tout l’exercice fiscal. Au milieu de l’exercice, le déficit s’approche de la barre rouge », a avancé le président de l’Association haïtienne des économistes (AHE), précisant que le niveau du déficit budgétaire ordinairement tournait autour de 6 à 7 milliards de gourdes. Pour l’économiste, le gouvernement peut augmenter la pression fiscale jusqu’à 16 et 17%, afin de résoudre le problème. Ce choix punirait davantage la population qui ne cesse de se fourvoyer dans le choix de ses dirigeants, depuis plusieurs décennies.

Altidor Jean Hervé

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