Le président Jovenel Moïse a procédé, le jeudi 22 mars 2018, au lancement du Forum international sur la réforme de l’État, au Centre de Convention de la Banque de la République d’Haïti (BRH). Organisée à l’initiative de l’Office de Management et des Ressources Humaines (OMRH) sur le thème de « La modernisation de l’administration publique : piste crédible pour une Haïti émergente », cette activité, selon le chef de l’État, s’inscrit dans la démarche de la mise en place d’une administration au service des citoyens. « … Il nous faut une administration compétente afin de mener des politiques publiques appropriées », a-t-il poursuivi. Pour l’occasion, on a pu remarquer plusieurs hauts dignitaires de l’État dont : le premier ministre Jack Guy Lafontant, les présidents des deux Chambres, le sénateur Joseph Lambert et le député Gary Bodeau, les représentants des différentes coopérations internationales, et également l’ambassadrice américaine en Haïti, Michele J. Sison. À travers les interventions d’experts nationaux et internationaux à cet événement, ce forum ouvre la voie à des réflexions efficaces et dynamiques sur la situation d’Haïti. Originaire du Niger, M. Amadou Saley Omarou, le premier intervenant étranger de ce forum, a fait un exposé de l’expérience des pays africains en matière de réforme de l’État. Dans le discours du président Jovenel Moïse, il a salué l’effort des 82 000 travailleurs qui contribuent à rendre accessible les services à la population haïtienne. « L’engagement des hommes et femmes de la nation doit primer sur les engagements de groupe ou de clan. L’État est là pour vous servir, une réforme de l’État, ordonnée est indispensable… », se plaît à rappeler l’actuel locataire du Palais national. « Il y a près de 82 000 personnes qui travaillent actuellement au sein de l’administration publique », a affirmé le coordonnateur général de l’Office de management et des ressources humaines (OMRH), Josué Pierre-Louis, intervenant sur les ondes de plusieurs stations de radio de la capitale, en prélude au Forum international sur la réforme de l’État qui se déroule les 22 et 23 mars 2018. Pour le coordonnateur de l’OMRH, il y a nécessité d’augmenter le nombre de fonctionnaires dans l’administration publique. D’après lui, l’administration publique est sous-administrée. Sur le plan des statistiques, il a avancé que sur chaque 1 000 habitants, l’administration publique embauche seulement huit personnes. « Par contre, en République dominicaine, il y a 34 fonctionnaires pour chaque mille habitants. Si nous avons exactement 81 948 fonctionnaires publics, incluant les contractuels, au sein de l’administration publique, la République dominicaine quant à elle en a 400 000 », a indiqué le numéro un de l’OMRH. Lors de son plaidoyer pour l’augmentation du nombre de fonctionnaires publics à la charge de l’État, le Coordonnateur de l’OMRH a seulement omis de signaler que la République Dominicaine, elle, arrive à payer ses fonctionnaires tandis que les nôtres doivent recourir aux manifestations de rue pour réclamer leurs arriérés de salaire de misère.
Au sein de l’administration publique, le quota de 30% de femmes exigé par la Constitution n’est pas respecté mais on s’en approche. « Sur les 81 948 personnes travaillant dans l’administration publique, 28,6% sont des femmes, soit, en effet, 23 429 femmes », a révélé Josué Pierre-Louis, précisant que seulement 13% des femmes occupent des postes de direction. En ce qui a trait aux hommes, il a précisé que l’administration publique compte 58 519 hommes, soit un ratio de 71,4%. Pour lui, c’est de cette façon qu’il faut aborder la politique publique, en se fiant sur les statistiques. Si pour le coordonnateur de l’OMRH il n’y a pas suffisamment de fonctionnaires dans l’administration publique, certaines institutions publiques, parait-il, regorgeraient d’employés et de contractuels.
Dans cet exercice de réforme de l’État, le gouvernement entend prendre plusieurs décisions en conséquence. D’abord, le chef du gouvernement, Jack Guy Lafontant, entend mettre plus de rigueur dans l’utilisation des véhicules de location au sein de l’administration publique. À cet effet, le Premier ministre a publié un arrêté le 28 février dernier dans le journal officiel, Le Moniteur, dans lequel il spécifie les raisons pour lesquelles on peut avoir recours à cette pratique. « La location de véhicule a lieu pour les motifs suivants :
- pour un projet dont le budget prévoit une telle activité ;
- pour le transport, au besoin, de délégation venant de l’étranger ;
- pour des missions de courte durée à l’intérieur du pays et pour lesquelles n’est disponible et ne correspond aucun véhicule de service de l’institution », précise l’arrêté.
Ensuite, il annonce que d’ici ce mois de mars, dans tout le pays, le paiement des salaires de l’ensemble des fonctionnaires de l’État se fera uniquement par chèques, d’après un mémorandum du ministère de l’Économie et des Finances (MEF), adressé à la Direction générale du budget et à la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique. Ce mémorandum du MEF sur le paiement des salaires de tous les fonctionnaires de l’Administration publique par chèque, fait suite à une décision prise en Conseil des ministres le 28 février 2018. Dans une lettre datée du 7 mars, le Premier ministre Jack Guy Lafontant a demandé au titulaire du MEF, Jude Alix Patrick Salomon, de prendre toutes les dispositions afin de suspendre le versement des salaires par virement bancaire sur les comptes des fonctionnaires de l’Administration publique. « À partir du mois de mars, le paiement devrait se réaliser par chèques émis au nom des fonctionnaires et quérables par ces derniers aux bureaux des directions départementales respectives », lit-on dans la lettre. Il s’agit d’une mesure conservatoire qui doit être appliquée jusqu’à la fin de cette année fiscale, d’après le Premier ministre.
Altidor Jean Hervé